Findu monde, avant le lever du jour (la) est un manga seinen crée en 2008 par ASANO Inio, édité par Kana (Made In) prépublié dans Big Comic Spirits -
ImprimerLes signes précurseurs de l’Heure L’Islam accorde une grande importance aux événements de l’au-delà Ilm Al-ghayb ». Il n’est pas étonnant que la destruction du monde et le Jugement Dernier occupent une place prépondérante dans le Coran et la Sunna 1. Cependant, c’est uniquement au travers de nombreux hadiths 2, que le prophète Muhammad PBSL, nous décrit avec une précision assez importante, les divers évènements annonciateurs de la fin des temps et de l’imminence du jugement dernier …on verra les gens négliger la prière, s’abandonner à leurs passions et glorifier les riches [...] ceux qui n’avaient pas l’habitude de parler des gens [à cause de la vilénie de leur condition] en parleront [sans plus se gêner], les neuf-dixième d’entre eux remettront la vérité en cause, l’islam disparaîtra pour faire place à un pur formalisme [...] les cœurs seront divisés, les discours divergents et les passions vives.[...] les gouvernants seront débauchés, les ministres crapuleux [ou libertins], les hommes de confiance sans foi ni loi. [...] A cette époque-là, ô Salmân, on verra un groupe venir de l’Occident et un autre de l’Orient leurs corps seront des corps d’hommes et leurs cœurs, des cœurs de démons [...] le mensonge se répandra, les étoiles filantes apparaîtront, la femme épaulera son époux dans son commerce et le marché connaîtra la récession [...] la corruption apparaîtra et l’usure se répandra. On pratiquera la vente à terme. Les hommes de ma communauté se pareront d’or, se vêtiront de soie et verseront le sang à la légère. [...] Des lettrés, dont l’unique préoccupation sera de se blâmer mutuellement apparaîtront… Il y aura des gens pour blâmer Dieu, en se plaignant de leur sort litt de Lui… » rapporté par Ibn Abbas Il est important de préciser ici qu’il ne s’agit pas de reconstruire une chronologie » de ces événements dont seul Dieu à la science, mais de les décrire sommairement telle que l'a fait la tradition islamique, avec le maximum d’objectivité. Quand adviendra la fin du monde ? La fin du monde ou Apocalypse est un événement commun aux trois monothéismes, et tous les croyants redoutent ces derniers jours qui précèderont la venue du Jugement Dernier. Comme la science de l’Heure finale ne réside qu’en Dieu, il en est de même pour la fin des temps, n’en déplaise aux nombreux charlatans et autres meneurs de sectes qui clament à tort et à travers détenir la clé de son déclenchement. En sa qualité de messager de Dieu, Muhammad PBSL, a du répondre durant sa mission prophétique à de nombreuses questions posées par ses compagnons, et notamment concernant la fin des temps et la date exacte du Jugement Dernier. Sur ce dernier point, Muhammad PBSL ne pouvant répondre que par révélation, il répétait alors les versets suivants 42. Ils t'interrogent au sujet de l'Heure “Quand va-t-elle jeter l'ancre” 43. Quelle [science] en as-tu pour le leur dire ? 44. Son terme n'est connu que de ton Seigneur. 45. Tu n'es que l'avertisseur de celui qui la redoute. 46. Le jour où ils la verront, il leur semblera n'avoir demeuré qu'un soir ou un matin. Sourate 79 AN-NAZIATE LES ANGES QUI ARRACHENT LES ÂMES Cependant, afin d’éclairer sa communauté sur l’attitude à adopter lors de la venue de la fin des temps, le prophète a du léguer un certain nombre de prophéties sur les signes précurseurs de la fin du monde. En partant de ces derniers, la tradition musulmane établit un classement temporel de ses événements en deux catégories Les signes mineurs Alama’t a sughra » qui pourraient correspondre à notre époque actuelle, et les signes majeurs Alama’t a qubra » qui ne sont pas encore arrivés. Que sont les signes majeurs de l'Heure ? Selon l'islam, il s'agirait d'événements extraordinaires qui arriveront peu avant l' Heure finale ». Voici un hadith authentique rapporté par entre autres Ahmad, Mouslim, at-Tirmidi Le Prophète de Dieu PBSL survint alors que les compagnons parlaient."De quoi parliez vous ?" Les compagnons répondirent "Nous parlions de l'heure suprême". Le Messager PBSL reprit "L'heure suprême ne se dressera pas avant que vous ne voyiez les 10 signes précurseurs. La fumée, le Charlatan, la bête, le lever du soleil de son coucher, la descente de Jésus fils de Marie, Gog et Magog, trois éclipses une éclipse à l'orient, une deuxième en Occident et une troisième dans la péninsule arabe, le dernier signe sera un feu qui jaillira du Yémen et qui conduira les gens au lieu de leur rassemblement." » 1 L’ensemble des actes et paroles du prophète Muhammad PBSL. 2 Dont la majorité sont toutefois d’origine douteuse et considérés comme apocryphes par les savants musulmans. Seuls ceux provenant de sources telles qu’Al-Boukhâri ou Moslim sont dignes de confiance. Page 1 2 3 Page Suivante
LaNasa a annoncé que le Soleil avait débuté son 25 e cycle d'activité de onze ans, après un minimum d'activité atteint en décembre 2019. 1 Il en est certainement des catastrophes naturelles liées à l’annonce de la fin du monde comme des éclipses de lune ou de soleil, toute la planète est au courant de l’annonce, mais seul un espace géographique donné le vit. Cette dernière annonce de la fin des temps et de la fin du monde, que certains prophètes de malheur sont allés chercher chez les Mayas, n’échappe pas à la règle son effet n’est opératoire que dans les sociétés qui expriment ce symptôme d’un tempérament catastrophique. Dans la géopolitique actuelle des religions et de ce symptôme, l’Occident occupe la meilleure place, hélas. De récents sondages montraient les Français champions du monde du pessimisme ! Que l’on ne s’étonne donc pas de constater que c’est bien dans notre aire culturelle, française et occidentale au sens large, que ce goût de scenarii catastrophes fonctionne le mieux. Oui, il y a bien une géopolitique de la perception des catastrophes liées à l’idée de fin du monde. Cet article vise à en faire une rapide genèse à l’intérieur même des discours religieux, et à en constater les évolutions dans diverses sphères culturelles contemporaines. 2 L’idée de fin du monde n’est pas une idée universelle. Les hommes vivent dans des civilisations différentes – leurs façons de vivre, de penser, de concevoir le monde sont différentes, car au cœur de toute civilisation il y a une religion qui toujours induit une certaine représentation du monde, je ne connais pas de civilisation sans religion, sans une certaine manière d’être au monde. Si nous regardons du côté de l’Asie, en Inde par exemple, berceau à la fois de l’hindouisme et du bouddhisme, nous nous apercevons que la notion de FIN du monde n’existe pas, dans le sens d’une fin absolue. 3 Tout un chacun connaît cette statuette de la danse cosmique du dieu Shiva avec ses bras multiples et ses jambes il dessine le mouvement circulaire de la vie, il est le dieu qui crée et détruit sans cesse, les hommes et l’univers. Nous sommes ici dans une conception d’un monde qui n’a ni commencement ni fin, c’est un mouvement perpétuel. Dans cette conception du temps, cyclique, non pas conçue comme un cercle fermé, mais comme une succession de cercles ouverts, une spirale, l’homme renaît sans cesse. Pris dans le flot incessant des perpétuelles renaissances, l’homme en Asie, religieusement parlant », n’a pas cet espoir d’une fin des temps suivie d’un possible paradis. Sortir l’homme de cette spirale infernale est bien le but de l’hindouisme et du bouddhisme ; cette sortie s’appelle Mokcha dans l’Inde hindoue, et Nirvana dans l’univers du bouddhisme, né dans cette aire culturelle, faut-il le rappeler. 4 Donc pour une civilisation comme celle de l’Inde, le temps est sans fin parce que sans commencement, la notion de fin absolue du monde, ici, ne fait pas sens. 5 Il en va tout autrement dans les religions monothéistes – judaïsme, christianisme et islam –, toutes les trois conçoivent bien dans leur enseignement une fin du monde, encore faut-il se mettre d’accord sur le sens accordé à ce sujet. Quelle place cette fin du monde occupe-t-elle traditionnellement dans les trois formes du monothéisme ? Au-delà des particularités singulières évidentes de chacune, il est possible, avec prudence, de discerner une sorte de schéma commun, celui d’une logique partagée dans ses grands traits. 6 Il y a fin du monde parce qu’il y a création du monde Dieu crée le monde, et c’est également lui qui y mettra fin les deux aspects sont intimement liés, pas l’un sans l’autre ! 7 Si on regarde la Bible – premier texte fondateur des trois monothéismes –, dans le premier livre, le livre de la Genèse, il est dit que Dieu créa le monde – création du ciel et de la terre, des animaux, des hommes, mais aussi du temps il y eut un soir, il y eut un matin ». Cet acte créateur est en fait une mise en ordre du chaos primordial, le tohu-bohu. Le terme cosmos a bien ici ses deux sens d’univers et d’ordre. 8 De la même manière, il y aura une fin des temps et une fin du monde. Les deux sont créés en même temps et disparaîtront en même temps, à quelques nuances près selon la religion. Certes, pour le commencement on parle plutôt de la création du monde que de la création du temps, alors que pour la fin, les religions préfèrent l’expression de fin des temps à celle de fin du monde, mais dans le cadre de ce profil commun, les deux peuvent être confondus. 9 L’entre-deux c’est le temps des hommes, le temps de l’histoire, notre temps. Un certain temps ! Dieu seul le sait répètent les diverses traditions [2]. Ce temps des hommes est celui d’un monde où rôde le mal – misère, crime, guerre, violence sous toutes ses formes –, peut importe comment on nomme ce mal, le plus souvent Diable ou Satan celui qui divise. Le bien et le mal sont présents, presque intimement liés. La parabole de l’ivraie en Mathieu XIII, 24 est significative de cette situation d’une humanité où poussent côte à côte le bon grain et l’ivraie zizanion en grec. Dans la logique de ce discours commun aux trois monothéismes, cette présence du mal est nécessaire » car dans ce temps du monde, l’homme doit pouvoir exercer sa liberté, son libre arbitre, il est libre de choisir le bien ou le mal en connaissance de cause ou plutôt d’effet. En absence du mal, pas d’exercice possible du libre arbitre. Le mal ou péché pour l’exprimer autrement est introduit dans la Bible par le récit de la chute d’Adam et d’Ève [3]. Alors que de manière abusive et donc erronée ce texte a été souvent lu sous l’angle du péché originel », il est important de considérer que ce récit est indissociable de celui de la création, il est là pour dire pourquoi les choses sont ainsi dans le monde, pour signifier un état de fait plus que pour en supputer une origine. Une présence sournoise du mal, mais absolument nécessaire à la logique de ce temps des hommes ! 10 Un jour, le Jour, ou encore l’Heure, Dieu décidera d’y mettre fin ce sera la fin des temps, la fin du monde, le jour des comptes pour chacun, le moment fatidique du Jugement dernier. Afin d’être présent, et pour la grande Épreuve et pour le nouveau mode d’être après, tous les hommes ressusciteront. 11 Cependant, avant d’en arriver là, avant la fin des temps, il y a les temps de la fin. C’est toute la question des signes annonciateurs, signes envoyés par Dieu pour laisser aux hommes le temps de se reprendre avant qu’il ne soit trop tard pour le jugement final. Comme toujours dans les monothéismes, cette connaissance vient d’une révélation. Dieu lève le voile » sur les mystères du monde, tel est le sens précis du mot apocalypse [4]. 12 Or, comme la plupart des signes avant-coureurs énoncent essentiellement des catastrophes à venir, par glissement métonymique le mot apocalypse en est arrivé à désigner ces catastrophes elles-mêmes. La fin du monde est pensée comme une apocalypse. 13 Ces signes avant-coureurs sont plus ou moins développés selon les religions, et selon les époques. De manière récurrente, les hommes sensibles aux troubles de leur époque se perçoivent dans cette phase des temps de la fin. Pour les juifs et chrétiens, c’était le cas avec Jean le Baptiste et Jésus qui tous les deux prêchaient un baptême de conversion face à l’imminence de la fin des temps [5]. 14 Quels signes avant-coureurs pour le judaïsme en attente de l’ère messianique ? Le traité Sanhédrin » dans le Talmud de Babylone consacre un chapitre entier à ce sujet. On y lit la parole autorisée suivante du Rabbin Abba il n’y a pas un signe de la fin des temps plus évident que celui-ci, comme il est dit Livre d’Ézéchiel XXXVI, 8-10 Vous, montagnes d’Israël, vous ferez pousser vos branches et vous porterez votre fruit pour mon peuple d’Israël, car il va bientôt revenir. Oui, je viens vers vous, je me tourne vers vous vous serez cultivées et ensemencées. Je multiplierai sur vous les hommes, la maison d’Israël, toute entière ; les villes seront habitées, les ruines reconstruites ». Le message est clair, après le temps de l’Exil vient celui du retour. La prophétie d’Ézéchiel est sur le mode d’une nouvelle création. De nombreux juifs voient dans l’existence de l’État d’Israël et des vagues de retour de juifs de la diaspora [6] un signe avant-coureur de la venue des temps messianiques. C’est une raison un peu semblable, mais à finalité chrétienne, qui pousse nombre d’évangéliques américains à soutenir Israël. Le thème de la transformation du cosmos se retrouve dans la littérature apocalyptique, sans être exagérément développée [7]. Les textes du Nouveau Testament posent pour les chrétiens la question de ces signes. Dis-nous quand cela arrivera, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? [8] ». Le même texte annonce alors des temps difficiles comme signes des temps de la fin Il y aura en divers endroits des famines et des tremblements de terre. Et tout cela sera le commencement des douleurs de l’enfantement. Ne vous alarmez pas il faut que cela arrive, mais ce n’est pas encore la fin » [9]. Plus la fin approche, pires sont les fléaux et les catastrophes. On retrouve ici l’image classique d’un accouchement dans la douleur qui durerait au-delà du raisonnable. Mais, celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Cette Bonne Nouvelle sera proclamée dans le monde entier ; tous les païens auront là un témoignage. Et alors viendra la fin » [10]. C’est alors, dans ce temps de basculement la grande tribulation dit le texte, que surgira le cataclysme de la fin Le soleil s’obscurcira, la lune ne brillera plus, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées… quand vous verrez tout cela, sachez que le Fils de l’homme est proche... » [11]. C’est certainement en islam que nous trouvons le plus grand nombre de signes annonciateurs des temps de la fin. Ces derniers, issus à la fois du texte coranique et des hadiths dits du Prophète, relèvent soit de la corruption des mœurs Quand les hommes se satisferont des hommes et les femmes des femmes » Tabrâni, soit de catastrophes touchant la nature mais d’origine divine, la sourate XCIX intitulée Le tremblement de terre » en donnant un bon aperçu Lorsque la terre sera secouée par son tremblement, lorsque la terre rejettera ses fardeaux... », ou encore la sourate LXXXII La rupture du ciel » 1-4 Lorsque le ciel se rompra et que les étoiles seront dispersées, lorsque les mers franchiront leurs limites, et que les sépulcres seront bouleversés.. ». LXXXI, 1, Le décrochement » Lorsque le soleil sera décroché, et les étoiles obscurcies, lorsque les montagnes se mettront en marche… lorsque les mers seront en ébullition... ». CI, 5 Celle qui fracasse – l’Heure [12], le Jour » Ce sera le Jour où les hommes seront semblables à des papillons dispersés et les montagnes, à des flocons de laine cardée ». En islam comme pour les autres monothéismes, seul Dieu connaît le moment Comment pourrais-tu savoir ce qu’est celle qui fracasse ? [qui donne la mort] ».Tous ces signes convergent vers l’idée d’une déstructuration, l’ordre qui est l’essence même de la création se délite, le monde du temps des hommes disparaît. 15 Ces signes avant-coureurs, annonciateurs de catastrophes, ne sont pas révélés pour effrayer mais pour appeler à la repentance, à la conversion, à la vigilance. L’homme averti doit se tenir prêt, du bon côté, le jour du Jugement Dernier. 16 Le christianisme du Moyen Âge a beaucoup investi cette question, que l’on songe aux splendides et émouvantes représentations dans la pierre sur les tympans des églises romanes. Au centre, un Dieu justicier imposant et terrifiant, sous lui la scène de la pesée des âmes qui détermine un avenir éternel des êtres ressuscités pour l’occasion toujours à la gauche du Dieu justicier, l’enfer avec ses corps torturés, un monde de cris et gémissements, à droite, l’assemblée des élus, ceux qui vivent avec Dieu. Certes, les artistes avaient alors une plus grande propension à sculpter l’enfer que le paradis qui nous apparaît, du moins avec nos yeux de modernes, comme bien pâle ». 17 La peur du Jugement dernier [13] a hanté des générations de croyants surtout en islam et en christianisme [14]. De nos jours, il ne fait plus recette » [15] dans un pays sécularisé comme la France. 18 Il ne faudrait pas croire pour autant que toutes ces représentations ne relèvent que du seul Moyen Âge, nous les rencontrons encore à des époques proches de nous c’est ainsi que dans les discours de la Vierge qui apparaît à Fatima en 1917 l’un des trois secrets de Fatima l’une des trois jeunes filles, Lucie, décrit lors de la 6e apparition l’enfer avec ses cris et tourments classiques », ainsi que des phénomènes de fin des temps – le soleil se mit à tourner sur lui-même prêt à s’écraser sur la terre, rapportent les fidèles qui assistent. N’oublions pas que ces faits » ont été reconnus par l’Église en 1930. 19 De nos jours, l’Église catholique préfère communiquer sur une image de dieu, non plus le dieu terrible du jugement, mais un dieu d’amour qui pardonne et qui sauve. Déjà en son temps Martin Luther avait fait le choix du second. Mais, attention, nous dit Daniel Marguerat privé de son exigence de vérité, Dieu n’est plus que le produit fade d’une religiosité bonbon. Le Dieu tout-bon est un chat qui ronronne sur le radiateur. Sa capacité à juger fait du Dieu biblique autre chose que du caramel mou. Dieu n’est pas une sucrerie » [16]. 20 Le paradis devient la norme, l’enfer n’est plus qu’un possible. 21 C’est certainement l’islam qui des trois monothéismes décrit le paradis le plus abondamment. De très nombreux passages du Coran lui sont consacrés. Cette géographie céleste est autrement plus précise que les peintures sommaires du séjour des morts des juifs ou du royaume des cieux chrétiens, et constitue donc une originalité fondamentale de l’eschatologie musulmane ; on sait d’ailleurs l’impact que cette vision eschatologique aura dans l’Occident chrétien, en particulier chez Dante [la Divine Comédie] » [17]. 22 Plutôt que de parler de paradis, le judaïsme préfère envisager les temps messianiques, temps de paix et d’harmonie pour toute l’humanité, et d’une manière générale, pour tous les êtres vivants, dans un monde nouveau où Dieu règne. Cette conception rejoint un peu le thème de la Jérusalem céleste des chrétiens. 23 Ainsi donc, la thème de la fin du monde est bien présent dans les religions monothéistes, avec bien entendu chacune ses spécificités. Cette présence doit être perçue comme l’un des éléments clefs d’une logique d’ensemble, la logique du projet divin pour les hommes. La fin du monde ainsi perçue n’est pas une fin en soi, n’est pas une fin absolue, c’est le passage obligé pour accéder à un autre monde, à une autre mode d’être avec Dieu ou sans, pour ceux qui ont fait les mauvais choix dans leur vie, un monde qui lui sera éternel et bien plus heureux, un monde de plénitude. Ainsi envisagée, la fin du monde n’est pas à craindre, au contraire. Cette espérance folle fait dire à l’apôtre Paul Car pour moi, vivre c’est Christ, et mourir m’est un gain… mais demeurer ici-bas est plus nécessaire à cause de vous » [18]. En terme contemporains un peu plus triviaux, une sorte de happy end ! 24 Alors se pose la question de savoir pourquoi nos contemporains ont une telle conception négative de la fin du monde ? 25 La raison tient en un mot la sécularisation. Nous vivons dans des sociétés sécularisées, du moins en Occident et tout spécialement en France. Cela signifie que les hommes ne se déterminent plus selon les principes de la religion, que celle-ci avec ses normes et ses valeurs ne leur sert plus de guide. Le plus souvent, ce sont les Droits de l’Homme qui sont brandis à la place, comme nouvelles tables de la Loi » [19], à moins que dans l’individualisme régnant chacun ne se détermine selon ses propres penchants leur accordant un statut de liberté et de vérité. Le bien est ce qui me convient ! Ce travers de nos sociétés contemporaines provient d’une conception erronée de la liberté, cette dernière n’est plus perçue comme une éducation au choix, mais comme le droit de faire selon ma volonté ». 26 Ainsi, le projet de Dieu, selon les monothéismes, que nous avons analysé à grands traits, avec l’élément indispensable de fin du monde comme condition de l’accès à un monde meilleur, n’est plus opérationnel pour nombre de personnes, il ne fait plus sens. 27 Avant d’aller plus loin dans cette voie, il convient de nuancer très fortement ce propos. Ce qui est vrai dans un pays comme la France pour le grand nombre ne l’est pas dans d’autres aires géopolitiques et culturelles. L’ensemble du monde musulman est toujours, pour l’essentiel, plongé dans les conceptions traditionnelles de la religion, quand ce ne sont pas des conceptions plus rétrogrades encore plus rigides pensons à la montée assez récente du salafisme sous toutes ses formes. Rares, hélas, sont les semaines où l’actualité ne nous rapporte pas un cas d’attentat suicide perpétré par un salafiste jihadiste désireux d’aller plus vite et directement au paradis. 28 Lorsque des juifs émettent leur souhait de reconstruire à Jérusalem le Temple de leurs ancêtres pour accélérer la venue des temps messianiques, soutenus en cela par nombre d’évangéliques chrétiens, d’Amérique ou d’ailleurs [20], nous sommes bien dans cette même logique traditionnelle religieuse avec une fin des temps espérée. 29 Revenons à notre aire culturelle occidentale, et constatons que les différents éléments du schéma de l’évolution du monde, fin des temps, fin du monde, jugement dernier, espoir d’une vie meilleure… sont toujours présents dans notre background culturel, mais coupés de leur source religieuse, ils existent à l’état séparé les uns des autres, en autonomie. 30 Le thème fin du monde, déconnecté de l’étape positive qui suit, celle de l’espoir d’un paradis, du happy end, perd ainsi son sens premier et en fait devient terrifiant, passage douloureux obligé, la catastrophe absolue, l’anéantissement qu’il faut craindre. 31 L’image d’un Dieu grand inquisiteur lors du Jugement Dernier ne fait plus recette, mais l’idée qu’il doit exister une justice quelque part qui récompense correctement les bons et punit les méchants est toujours présente, fortement ancrée dans les aspirations tant collectives qu’individuelles. Les sociologues nous apprennent que ces aspirations, hier, se traduisaient par le besoin de western dans la société américaine et occidentale au sens large, et qu’aujourd’hui la mode des films et romans policiers a pris le relais. 32 L’idée de la possibilité d’un monde futur bien meilleur que l’actuel, voire même paradisiaque au sens courant du terme, existe toujours. Hier c’étaient les grandes utopies socialistes communistes une lutte finale opposait de manière très manichéenne le Bien et le Mal. Ce dernier, incarné par la classe capitaliste, devait être éradiqué par l’action d’un sauveur collectif, la classe ouvrière, elle-même censée être représentée par un parti politique. Avec le même vocabulaire, les forces du Mal sont vaincues par les forces du Bien lors d’une Révolution où la violence est nécessaire, suivie par le règne du Bien qui libère à la fois l’homme de toute exploitation, lui permet l’accès à la liberté et libère également toutes les forces de production qui désormais peuvent procurer aux humains l’abondance. La société vit désormais en harmonie, chacun puise dans la corne d’abondance selon ses besoins ». C’est le paradis sur terre, un paradis totalement sécularisé. 33 Plus près de nous, nous retrouvons ces mêmes mythes en Amérique latine avec la théologie de la libération. Il s’agit non seulement de libérer les pauvres de leur pauvreté, mais aussi d’en faire les acteurs de leur libération. Est présent ici le schéma salvifique biblique de la libération de l’esclavage du peuple hébreu en Égypte. Non soutenu par l’Église catholique, ce mouvement relève actuellement plus de l’alter-mondialisme que du marxisme. Nous y retrouvons bien nos ingrédients » issus du schéma général religieux, avec ce goût de la justice, cette espérance de libération – là où le religieux dirait salut – et l’idée d’un monde nouveau accessible, d’un paradis possible, sur terre. L’howmme devient son propre libérateur, la transcendance n’a pas disparu, elle se retrouve dans l’immanence [21]. 34 Dans ce contexte nouveau, l’Église catholique fait évoluer son discours par une correction très importante ; il s’agit tout à la fois d’abandonner les excès de jadis et de tenir compte d’une certaine manière des mentalités contemporaines. 35 Le catéchisme pour adultes des évêques de France, un peu timidement, évoque la question et demande aux fidèles de ne pas chercher à se représenter la fin du monde ni à l’attendre passivement ». Toute représentation de la fin du monde par des scènes apocalyptiques » est jugée dangereuse, elles sont bien souvent le terreau des sectes. C’est une invitation à comprendre les textes bibliques relatifs à ces catastrophes comme de simples allégories [22]. On invite le chrétien à travailler déjà sur terre pour un monde meilleur, préparation du monde futur. 36 Le chrétien doit agir pour une politique du meilleur possible à un moment donné de l’histoire. C’est très officiellement la fin du rêve du retour possible d’une chrétienté qui d’ailleurs n’a jamais vraiment existé. Ainsi, il est illusoire de croire pouvoir supprimer tout le mal de la société sans provoquer un mal encore plus grand. Une invitation à condamner toutes les inquisitions comme l’histoire en a hélas connues à maintes époques. 37 Le schéma général de l’ apocalypse » a donc évolué au cours des temps 38 Dans l’apocalypse de saint Jean, il y avait un sauveur Jésus 39 Dans l’apocalypse de Marx, le sauveur c’étaient le prolétariat et le parti. 40 Dans la conception actuelle de l’apocalypse ? S’il s’agit de catastrophes naturelles – tremblements de terre, montée des eaux consécutive aux dérèglements climatiques, percussion de la terre par un gros météorite-, ou d’origine humaine – le risque nucléaire [23] –, le sauveur c’est l’homme, mais un homme qui aura changé son comportement, son mode de vie, de pensée. De ce point de vue, il semblerait que nous vivions une fin du monde, la fin d’un mode d’être au monde. 41 Un homme plus conscient de son destin, de ses responsabilités pour lui-même comme pour la planète. Dans cette perspective, le monde, demain, sera ce que nous en ferons ; l’homme est libre du choix de son avenir mais encore faut-il qu’il fasse les bons choix. Nous retrouvons là tout naturellement la même philosophie que celle du projet divin pour l’homme dans le temps de l’histoire des hommes, entre création et fin du monde, l’homme est un être libre, libre de choisir la Vie selon les indications divines ou de choisir la Mort non-reconnaissance de Dieu. Il en va de même dans cette perspective sécularisée. 42 La confiance en l’homme ainsi exprimée n’est pas forcément incompatible avec une confiance en Dieu. 43 Au début de la Seconde Guerre mondiale, lors d’une période les plus noires de notre temps, un penseur autrichien, Robert Musil [24], afficha sa confiance en l’homme avec un brin d’humour osant dire malgré le contexte 44 Eh bien oui, l’homme est capable de tout, même du bien ! ». Notes [1] Agrégé d’histoire honoraire ; spécialisé en histoire des religions ; vice- président de l’Institut Géopolitique et Culturel Jacques Cartier, en charge du pôle Religions [ [2] Pour l’islam, cf. sourate LXXIX, 44 Il appartient à ton Seigneur d’en fixer le moment ». Dans le christianisme Marc XIII, 32 Mais ce jour ou cette heure, nul ne les connaît, ni les anges du ciel, ni le Fils, personne sinon le Père ». [3] Gn I, 2-3. [4] apocaluptein en grec [5] Mc I,15 ; Mt III,2. [6] Aliya Par la loi du retour du 5 juillet 1950, l’État d’Israël autorise tout juif à immigrer en Israël. [7] Dans le livre apocryphe d’Hénoch éthiopien XLV, 4-5 Je transformerai le ciel. Je transformerai l’aride, j’en ferai une bénédiction, et j’y ferai habiter Mes élus », in La Bible, écrits intertestamentaires, La Pléiade, p. 514. Cette métamorphose du ciel et de la terre idée d’un monde nouveau est déjà présente et annoncée dans Isaïe LXVI, 22 Oui, comme les cieux nouveaux et la terre nouvelle que je fais restent fermes devant moi ». [8] Mt XXIV, 3. [9] Mt XXIV, 6-8. [10] Mt XXIV, 14. [11] Mt XXIV, 29-34. [12] Dans le Coran, l’Heure peut aussi signifier le moment de la résurrection. [13] Le petit ouvrage du philosophe Immanuel Kant La fin de toutes choses » publié en 1794 évoque de manière étonnamment moderne toutes ces questions, un ouvrage à redécouvrir. [14] Il nous faudra tous comparaître à découvert devant le tribunal du Christ afin que chacun recueille le prix de ce qu’il aura fait durant sa vie corporelle, soit en bien, soit en mal », saint Paul 2CO V, 10. [15] C’est ce que constate le théologien Daniel Marguerat dans un ouvrage récent cosigné avec la psychanalyste Marie Balmary , Nous irons tous au paradis, Paris, Albin Michel, 2012, 268 p. [16] [17] Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, collection Bouquins, article Paradis, 2007. Un très bon article et globalement un très bon dictionnaire. [18] Ph I, 21-24. Demeurer avec les hommes pour les aider par compassion rappelle étrangement la vocation des boddhisattvas. [19] Sans se poser la question d’ailleurs de leur origine en partie judéo-chrétienne. [20] L’incendie de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem en 1969 fut commis par un évangélique australien qui souhaitait ardemment précipiter ainsi la venue des temps de la fin. [21] Pour reprendre le titre d’un ouvrage récent du philosophe Luc Ferry. [22] Ce fut déjà le cas au Ve siècle avec saint Augustin qui demandait que l’on perçoive ainsi le fameux millenium » dont nous n’avons pas parlé ici – les 1 000 ans du règne du Christ sur terre pour les seuls élus, millenium encadré, au début et à la fin, par de terribles catastrophes naturelles. [23] Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, depuis 1945, l’homme prend conscience avec le risque de l’apocalypse nucléaire qu’il peut être lui-même acteur de la fin du monde. De même pour le changement climatique. [24] Ingénieur, essayiste, il publie en 1930/33 L’homme sans qualités et meurt en 1942.