Guitared'accompagnement (jouez et chantez) Guitare classique. Tabs et partitions basse dĂ©butant . Hits Pop&Rock dĂ©butants. Batterie et percussions. Rechercher tout Batterie. Partitions batterie dĂ©butant. Hits Pop&Rock batterie. Xylophone, vibraphone et marimba. Voix et choeurs. Rechercher tout Chant. RĂ©pertoire classique voix seule. RĂ©pertoire pop&rock voix seule. bosse en ce moment un thĂšme d’inspiration mĂ©diĂ©vale 2Ăšme morceau sur mon MyZikinf, attention, les aigus piquent un peu
 Quelqu’un connait des enrichissements d’accords, des gammes, des "effets de style" vraiment typiques de cette musique ?Comme ça, je dirais la gamme mineure naturelle, les accords suspendus qui donnent un cĂŽtĂ© harpe, la polyphonie, mais ma culture guitare classique est un peu limitĂ©e
 Merci d’avance, gentils damoiseaux. RĂ©pondre perso, j’ai trouvĂ© que jouer sur 2 cordes le mi grave et la grave par exemple en gardant le mi grave Ă  vide et jouer un equivalent de gamme mineure sur la corde de la ça sonnait pas mal....en jouant des croches et des noires. Sinon je te recommande d’ecouter Rhapsody!! RĂ©pondre ou le dernier cd de Voulzy aussi RĂ©pondre Ben on appelle ca jouer avec un "bourdon" et ca permet en gros de jouer modal...Par exemple on peut prendre le mode de "Misirlou" Dick Dale et rester dans ce trip orientalo-rock, en faisant sonner le Mi grave ouais RĂ©pondre oui le bourdon oui...par contre missir lou je le fais sur une corde pour moi c’est pas un bourdon mais bon.... RĂ©pondre La musique mĂ©diĂ©vale est beaucoup articulĂ©e autours d’harmonies de quarte Do/Fa ou encore Si/Mi par exemple d’oĂč l’effet intĂ©ressant sur les accord suspendus, qui je suppose doit ĂȘtre particuliĂšrement rĂ©ussi sur les accords de sus4. Les rythmiques et les harmonies devront donc ĂȘtre en effet axĂ©es autours de ce type de ce qui concerne l’approche modale, les modes devront ĂȘtre prioritairement mineurs. Une pentatonique mineure enrichie d’une neuviĂšme sonnera bien, elle pourra ĂȘtre convertie en un mode aeolien lĂ  encore la quarte fera tout, un mode phrygien ne sera pas inintĂ©ressant non plus par que cela pourra vous aider dans vos Ă  vous. RĂ©pondre ou le dernier cd de Voulzy aussi Non, mais sans dĂ©conner
 t’es sĂ©rieux lĂ  ? Il faut que tu rĂ©silies ton abonnement Ă  OK Podium mon ami ! RĂ©pondre ben oui, il aime la musique mĂ©diĂ©valeet est vachement pointu sur le sujet, plus que moiil a fait tout un album concept avec une recrĂ©ation des choeurs de l’époquea fait tout un live sur çaje vous l’ai dĂ©jĂ  dit y a trop de tabouson peut pas dire qu’on aime Ă©couter lara fabian, voulzy ou goldman sans se faire engueuler!la France c’est le pays des Ă©tiquettes! on a le droit d’aimer acdc mais, Ă©couter une chanson de voulzyouh lĂ  ça craint !! ben non, ça craint pasc’est juste que ceux qui critiquent ont l’esprit bien fermĂ©y a pas que Satriani et zappa dans la vie!aprĂšs, le truc marrant, c’est d’aller dire Ă  un fan de LAra Fabian que t’aimes acdcet dire Ă  des fans d’acdc que t’aimes Ă©couter lara fabianoui, enfin, c’est pas le sujet surtout que Lara a sĂ»rement Ă©coutĂ© du acdc et kiff?et acdc kiff Lara? why not aprĂšs toutouverture d’esprit RĂ©pondre ArrĂȘte ton numĂ©ro, c’est pas ce que j’ai dit ! Je ne suis pas fan Voulzy, mais j’adore ce qu’il a apportĂ© aux premiers albums de Souchon. On a le droit d’aimer la variĂ©tĂ©. Mais de lĂ  Ă  citer Voulzy en rĂ©fĂ©rence Ă  la musique mĂ©diĂ©vale, c’est comme si tu citais AndrĂ© Rieu lors d’une discussion sur Bach ! Qu’il se soit inspirĂ© de la musique mĂ©diĂ©vale ? OK. Mais pour n’importe quel connaisseur, c’est juste de la rigolade, de l’adaptation franco-française, oĂč on Ă©vite soigneusement de mettre plus de 3 sons dans un accord pour ne pas effrayer le public. Et si tu crois que c’est des conneries, va voir tous les session-men de France, ils t’expliqueront comment des foireux et des prods tendance viennent leur expliquer comment faire leur taf et surtout, jouer le moins possible. Comment ne pas avoir la nausĂ©e en Ă©coutant Nolwenn Leroy qui s’entoure d’une Ă©quipe de tueur pour finir par groover comme un parpaing ! Je ne te dis pas que c’est la faute de l’artiste, mais c’est ce qui se passe dans 99,9 % des cas dĂšs qu’on s’approche d’un chanteur de variĂ©tĂ© aujourd’hui. T’as le droit de vivre au pays des Bisounours si tu veux, mais ce n’est sĂ»rement pas dans ce registre lĂ  que tu nous prouveras la valeur de Laurent Voulzy, et encore moins que tu en feras une rĂ©fĂ©rence de la musique mĂ©diĂ©vale. Parce que c’est ce que tu viens de faire, et mĂȘme toi, tu sais que ce n’est pas cohĂ©rent. Laisse-le dans le registre oĂč il est lĂ©gitime, la variĂ©tĂ©, oĂč les dĂ©tracteurs auront sa discographie en Voulzy dans un sujet sur la musique mĂ©diĂ©vale, je suis dĂ©solĂ© pour toi, mais c’est forcĂ©ment pas crĂ©dible une seule seconde, et que tu n’aies que ça Ă  proposer en rĂ©fĂ©rence, c’est triste et je suis vraiment dĂ©solĂ© de te dire ça comme ça alors que je t’aime bien PhĂ©nix, et ce n’est pas ironique. Que tu n’aies pas de rĂ©fĂ©rence en musique mĂ©diĂ©vale ? Bah, tu serais comme la quasi totalitĂ© des membres de zikinf ! Par contre, que tu cites ce "truc" de Voulzy sans discerner le fait que ce n’est qu’une caricature de musique mĂ©diĂ©vale
 c’est de la bouffonnerie et ça, par contre, c’est 100% mĂ©diĂ©val !. LĂ , tu pouvais sortir Richie Blackmore, par exemple dans Blackmore’s Night. Mais Voulzy, c’est pas sĂ©rieux ! Et puisque tu cites Lara Fabian, je l’ai entendu faire des trucs extraordinaires en duo avec son ex, Jean-FĂ©lix Lalanne. Et je ne dis pas ça parce que c’est lui Ă  la gratte, ou juste parce qu’il y a de la bonne gratte moi, il me gonfle, le J-F Lalanne, mais bien parce qu’elle a rĂ©vĂ©lĂ© une Ă©norme palette d’émotions et de nuances. Autre chose que la soupe qu’elle sort habituellement quoi, oĂč elle fait sa CĂ©line Dion made in belgium !Ne me joue pas les vierges effarouchĂ©es, je te lis depuis suffisamment longtemps ici pour savoir que tu vaux mieux que ça !Allez, sans rancune ? RĂ©pondre Comme quoi mĂȘme un sujet bien anodin peut aussi virer Ă  la baston
 RĂ©pondre La musique mĂ©diĂ©vale est beaucoup articulĂ©e autours d’harmonies de quarte Do/Fa ou encore Si/Mi par exemple Tu pourrais me donner une progression d’accords qui illustre ça ? RĂ©pondre tu vas retrouver des suites sonores purement mĂ©diĂ©vales chez John Renbourn, Bert Jansh le groupe pentangle, Magna Carta, ainsi que Enya qui s’en inspire beaucoup et les accords te sonnent tout de suite dans les oreilles tu verras RĂ©pondre J’m’en va Ă©couter Pepefolks RĂ©pondre AprĂšs Laurent Voulzy 1948-?, une autre source d’inspiration, l’Ɠuvre de John Dunstable 1390-1453.Nombreux exemples sonores sur Youtube Toutes les partitions sont lĂ  RĂ©pondre Je viens d’écouter John Renbourn, que je ne connaissais que de nom, il y a effectivement de la matiĂšre pour l’inspiration ! RĂ©pondre J. Renbourn est un interprĂšte mon sens, l’idĂ©al est de s’inspirer des harmonies originales de l’époque en exploitant les retranscriptions sous forme de partitions que l’on peut trouver sur le livre vermeil de Montserrat par exemple est une mine d’or en matiĂšre d’harmonie chanteuse n’est pas au top !!! RĂ©pondre C’est pas faux, la chanteuse n’est pas au mieux de sa forme ou peut-ĂȘtre que si, et là
 Merci-t-Ă -tous, je commence Ă  bien capter l’esprit. Si vous avez d’autres vidĂ©os, n’hĂ©sitez pas, je prends ! RĂ©pondre Que tu n’aies pas de rĂ©fĂ©rence en musique mĂ©diĂ©vale ? Bah, tu serais comme la quasi totalitĂ© des membres de zikinf !Ma rĂ©fĂ©rence ultime en matiĂšre de musique mĂ©diĂ©vale RĂ©pondre Relis-moi. J’ai dit "le mode de Misirlou"
 si ca te fait suer de lire jusqu’au bout, ne repond pas... RĂ©pondre C’est le mode mineur mĂ©lodique gamme mineure avec une 7Ăšme majeure. TrĂšs manouche, Ă©galement. RĂ©pondre DonMarcone joues pas sur des subtilitĂ©s de ce genre mec....qu’es ce que tu me parles de MIsirlou alors qu’à la base on parle de musique mĂ©diĂ©vale? Meme si ma reponse etait merdique et que je n’ai pas employĂ© le terme de Bourdon, j’ai cherchĂ© Ă  donner un "truc" Ă  Ktulu, soyons contructifs, on n’est pas la pour perdre du temps Ă  chercher la ptite bete.... RĂ©pondre Manifestement, il n’a tjs pas lu.
 Le MODE de misirlou RĂ©pondre Le jeu de scĂšne est minimaliste , on est loin d’un Van Halen ou d’un Angus Young
 RĂ©pondre Mais j’ai bien compris! en revanche cette sonoritĂ© je trouve que ça ne fait pas trop mĂ©dieval RĂ©pondre Oui, moi non plus, je ne vois pas le rapport avec la musique mĂ©diĂ©vale, mais bon
, c’était pour illustrer "Misirlou" en images. RĂ©pondre j’oubliai un album sympa dans le style, celui que Steve Warring avait enregistrĂ© dans les 70, consacrĂ© uniquement Ă  des musiques mĂ©diĂ©vales Ă  la guitare acoustique avec si je me souviens bien Olivier Lataste trĂšs bon aussi, Ă  voir sur son site RĂ©pondre Jolie version, j’aime bien le cĂŽtĂ© minimaliste, c’est un peu ce que je recherche, bien faire ressortir l’harmonie. Tu regardes les versions sur Youtube, les mecs te font ça avec pistes de guitare
 C’est moche
 Enfin, comme dit le Taz, chacun voit midi Ă  sa porte RĂ©pondre Nan t’as rien compris, mais je commence a m’habituer
 Quand tu te seras renseigne sur ce qu’est un mode, tu ne confonderas plus avec les "sonorites" dont tu c dur de communiquer
 RĂ©pondre Don MArco t’as raison, faisons de la musique medievale avec Pulp fiction ou une gamme harmonique mineure! remarqe dans lemode diminuĂ©, y’a le triton, l’accord du diable, ça colle avec le medieval! mais bon oui j’ai peut etre rien compris en fin de compte......... RĂ©pondre
Ah! les cro cro cro, les cro cro cro, les crocodiles. C7 F. Sur les bords du Nil, ils sont partis, n’en parlons plus. F C7. Ah ! les cro cro cro, les cro cro cro, les crocodiles. C7 F. Sur les bords du Nil, ils sont partis, n’en parlons plus. Il fredonnait une marche militaire, Dont il mñchait les mots à grosses dents.
DĂšs lors que vous dĂ©cidez de vous mettre Ă  la guitare, des noms surgissent rapidement dans votre esprit. Que l’on aime la musique classique, le folk, le rock, le hard-rock ou le funk, il y a toujours de grands guitaristes qui ont fait figures de proue et ont propulsĂ© ou popularisĂ© tel mouvement. Ainsi, en vrac, pouvons-nous citer Hendrix, Robert Johnson, Clapton, Stevie Ray Vaughan, Django Reinhardt, Slash, Satriani, Jimmy Page, BB King et tant d’autres. Faire un top des 10 meilleurs guitaristes de la planĂšte n’est pas une mince affaire et selon vos goĂ»ts mais surtout selon le style de musique que vous Ă©coutez, vous n’obtiendrez pas toujours le mĂȘme classement. Mais ce top 10 sera une bonne source d'influence pour ceux qui souhaite apprendre la guitare. C’est un sujet polĂ©mique car chacun a son ou ses musiciens prĂ©fĂ©rĂ©s et les raisons de dĂ©cider qu’untel sera au panthĂ©on des guitaristes sont extrĂȘmement diverses pour les uns, il faudra prendre en compte uniquement le cĂŽtĂ© technique du guitariste, pour les autres, c’est davantage une question d’émotion, de ressenti. Et pour d’autres encore, il faudra composer avec la vĂ©locitĂ© de son jeu ou simplement le succĂšs rencontrĂ© de son vivant. Bref, autant de critĂšres qui permettent de classer beaucoup de guitaristes de renom cours de guitare. Les meilleurs professeurs de Guitare disponibles5 91 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !4,7 41 avis 1er cours offert !4,9 25 avis 1er cours offert !4,9 36 avis 1er cours offert !5 27 avis 1er cours offert !5 45 avis 1er cours offert !4,9 7 avis 1er cours offert !5 91 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !4,7 41 avis 1er cours offert !4,9 25 avis 1er cours offert !4,9 36 avis 1er cours offert !5 27 avis 1er cours offert !5 45 avis 1er cours offert !4,9 7 avis 1er cours offert !C'est parti Un trĂšs bon guitariste est avant tout un musicien qui joue de la musique ; ce n’est pas un athlĂšte de haut niveau mĂȘme si par endroits il existe certaines similitudes, autant dans la prĂ©paration que dans l’entrainement qui doit rĂ©aliser des prouesses techniques. Les critĂšres de ce top 10 des meilleurs guitaristes de la planĂšte se concentrent sur la musicalitĂ© du guitariste, c’est-Ă -dire sur l’art et la maniĂšre de mettre dans un ordre juste, au bon moment et Ă  la bonne durĂ©e, des sons afin d’exprimer une Ă©motion, un sentiment, une idĂ©e. Etre un excellent musicien, c’est pouvoir crĂ©er des Ă©motions, des frissons chez l’auditeur, une Ă©nergie que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Ces guitaristes font l'unanimitĂ© chez les prof de guitare qui donnent des cours de guitare. Et qui ne rĂȘverait pas que Jimmy Hendrix puisse lui donner un cours de guitare. Le top 10 des meilleurs guitaristes du monde En survolant quasiment tout un siĂšcle de musique, voici le top des 10 meilleurs guitaristes que la planĂšte ait portĂ© jusque-lĂ . Ce classement est subjectif => Laissez donc vos idĂ©es reçues sur la guitare avant de lire cet article ! Jimi Hendrix Que vous recherchiez du cĂŽtĂ© du feeling ou de la technique, Jimi Hendrix est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme le maitre incontestĂ© de la guitare. Si la vie Ă©tait un jeu vidĂ©o, il serait le Boss de fin. Sa majestĂ© du riff ! GĂ©nie autodidacte, expĂ©rimentateur, soliste incroyable, mĂ©lodiste Ă  sensation, il a presque tout inventĂ© ou rĂ©inventĂ© dans l’univers du rock et du blues, inspirant encore aujourd’hui de grands noms et des milliers de guitaristes en herbe qui tous reprennent Voodoo Child ». Il a aussi amenĂ© les gauchers dans une nouvelle dimension en leur montrant qu’on peut maĂźtriser un instrument de musique et en faire quelque chose de formidable. De la mĂȘme maniĂšre qu'un boxeur "fausse patte" comme Manny Pacquiao a rĂ©alisĂ© des choses incroyables sur le ring, un guitariste surdouĂ© comme le gaucher Jimi Hendrix Ă  poussĂ© le maniement de la guitare Ă  son plus haut niveau. Pour ceux qui se demandent encore comment jouer de la guitare quand on est gaucher, on vous invite Ă  observer le maĂźtre en la matiĂšre. Il fait partie du fameux Club27 regroupant les musiciens dĂ©cĂ©dĂ©s Ă  l’ñge de 27 ans Ă  l’instar de Kurt Cobain, Amy Winehouse, Jim Morrison, Janis Joplin, Brian Jones entre autre. Impossible de faire l'impasse sur Hendrix en cours de guitare. Eric Clapton SurnommĂ© en toute modestie God » par ses fans, Eric Clapton est aujourd’hui le plus cĂ©lĂšbre des guitaristes de rock et de blues qui est toujours actif depuis prĂšs de 50 ans. Ce britannique Ă©volue Ă  la frontiĂšre du rock et du blues cours guitare. C’est un grand soliste et un mĂ©lodiste de renom qui sait tout simplement tout faire. L'un des plus grands solistes ! SurnommĂ© Ă©galement Slow Hand », il manie avec virtuose les diffĂ©rents registres. Des grands titres comme Cocaine » ou I shot the Sheriff » lui ont apportĂ© un succĂšs planĂ©taire qui l’a inscrit dans le panthĂ©on des guitar-heroes de notre Ă©poque. Son talent s’est exprimĂ© en solo on pense Ă  son album Unplugged » enregistrĂ© sur la chaĂźne de tĂ©lĂ© MTV mais aussi Ă  travers de belles collaborations avec des artistes diffĂ©rents comme Phil Collins ou Mick Jones mais aussi Ă  travers ses passages dans les groupes tels que The Yardbirds et The Cream. C'est aussi l'idole de nombreux Ă©lĂšves qui prennent des cours de guitare. Jimmy Page L’un des fondateurs et leaders du fameux groupe Led Zeppelin est naturellement 3e sur le podium de ce top 10 des meilleurs guitaristes de la planĂšte. SurnommĂ© Le Magicien » The Wizard, il est un guitariste pas comme les autres, jouant avec un archet de violon sur sa cĂ©lĂšbre Gibson, alternant les registres blues et rock avec dĂ©lice et naturel. Un dieu guitariste de la Mythologie du Rock ! Il a Ă©crit avec Robert Plant plusieurs morceaux qui sont entrĂ©s dans la mythologie du rock comme Stairway to Heaven » quel guitariste n’a pas essayĂ© au moins une fois de jouer la fameuse intro ou le solo final ?, Black Dog », Whole Lotta Love » ou Since I’ve been lovin’ you ». Un guitariste incontournable en cours guitare Ă©lectrique. Robert Johnson En Ă  peine 29 chansons, ce gĂ©nie de la guitare blues a eu un grand impact sur la musique de ce genre ainsi que sur la guitare rock. La lĂ©gende raconte qu’il aurait vendu son Ăąme au diable en personne pour obtenir un tel talent alors que de nombreux bluesmen le raillaient pour son incompĂ©tence Ă  la guitare, il aurait rencontrĂ© un homme qui lui aurait pris sa guitare, l’aurait accordĂ©e d’une certaine maniĂšre et aurait jouĂ© quelques notes pour lui montrer la voie Ă  suivre. Une lĂ©gende qui mĂ©rite sa place dans le panthĂ©on des meilleurs guitaristes. Sa mort Ă©galement est tout aussi mystĂ©rieuse, ce qui a attisĂ© la lĂ©gende de cet homme hors norme mais une chose est sĂ»re, c’est que mĂȘme s’il n’y a que trĂšs peu de morceaux de lui, le jeune Robert Johnson soudain surnommĂ© The Genius » a su rĂ©volutionner le monde du blues et se faire reconnaĂźtre de tous. OĂč trouver des cours de guitare lille ? Chuck Berry C’est l’un des pionniers du rock’n’roll. A la fois guitariste, chanteur, compositeur, il fut une vĂ©ritable source d’inspiration pour d’autres artistes comme Elvis The King » Priesley. Il a su rĂ©volutionner la musique en combinant avec brio deux styles diffĂ©rents de guitare qui ne demandaient qu’à se rejoindre, Ă  savoir le blues et la country. Comment apprendre Ă  jouer de la guitare comme une star ? Le rock Ă©tait ainsi nĂ© et ce n’est pas son morceau le plus cĂ©lĂšbre Johnny B. Goode » qui lui fera dire le contraire. C’est le pionnier de musique telle qu’on la connaĂźt aujourd’hui et Ă  ce titre, il mĂ©rite amplement sa place dans le top 10 des meilleurs guitaristes de la planĂšte. OĂč trouver des cours de guitare caen ? Carlos Santana PrĂ©curseur de la Word Music, il a su inspirĂ© de nombreux artistes Ă  travers le monde. SurnommĂ© The Pope Le Pape du rock Ă  la sauce latino, c’est un guitariste de gĂ©nie qui a su trouvĂ© la formule magique en maniant avec habiletĂ© le rock, le blues, la samba et les percussions et les autres styles en guitare. Des rythmes endiablĂ©s avec Carlos Santana ! La maniĂšre dont Santana joue de sa guitare est reconnaissable immĂ©diatement. Expert dans l’art de faire sonner les cordes, c'est un artiste qui a su maĂźtriser son art tout en laissant une grande place Ă  la dĂ©couverte. En effet, loin de pousser la chansonnette, le guitariste fait appel Ă  des artistes qui, loin d’ĂȘtre "mainstream", donnent une couleur aux chansons du musicien d'origine mexicaine. Le succĂšs de ce guitariste est aussi dĂ» aux messages qu’il vĂ©hicule Ă  travers ses morceaux avec des notions de paix, de compassion, de comprĂ©hension, de joie. Ecoutez Europa » ou Smooth » et vous reconnaĂźtrez aussitĂŽt ce jeu typique trĂšs lyrique, ce son chaud et saturĂ© si caractĂ©ristique. Muddy Waters Sa prĂ©sence dans le top 10 des meilleurs guitaristes du monde peut surprendre mais celui que l’on a surnommĂ© The Lord of the Blues » est un guitariste hors pair qui a popularisĂ© l’utilisation du bottleneck. On dit MONSIEUR Muddy ! Sa maitrise totale de ce petit accessoire, sa virtuositĂ© dans le blues lui ont permis d’écrire les grands titres de blues qui sont devenus aujourd’hui des classiques Ă  l’instar de Hoochie Coochie Man » ou Rollin Stone ». Il est souvent considĂ©rĂ© comme l’un des plus grands guitaristes de blues de tous les temps avec Willie Dixon, Johnny Lee Hooker ou BB King. BB King BB pour Blues Boys King est le maĂźtre du blues de la Nouvelle-OrlĂ©ans. C'est une lĂ©gende de l'histoire de la guitare ! Certes moins technique que Stevie Ray Vaughan, il est l’auteur de nombreux classiques du genre Sweet Little Angel », Sweet sixteen », interprĂ©tant ses morceaux avec une voix riche pleine d’émotions et Ă  son vibrato si caractĂ©ristique. Magnifique photo de la lĂ©gende ! GrĂące Ă  son toucher inimitable qui donne une vĂ©ritable personnalitĂ© Ă  la guitare, BB King a influencĂ© les grands noms de la guitare aprĂšs lui comme Clapton ou Hendrix. En travaillant Ă  partir d’une seule note, il est capable de raconter une histoire qui touche les racines les plus profondes de l’ñme humaine. Keith Richards Un des leaders du groupe The Rolling Stones avec Mick Jagger, il est aujourd’hui encore l’un des guitaristes les plus talentueux de l’univers du rock. Connu pour ĂȘtre un guitariste sĂ©ducteur ! SurnommĂ© The Humain Riff, il ne se distingue pas par sa virtuositĂ© mais par sa simplicitĂ© Ă  l’extrĂȘme. Pour lui, il est prĂ©fĂ©rable d’avoir 2 notes qui tuent plutĂŽt que la virtuositĂ© pour rien ». Est-ce qu'on doit encore prĂ©senter le guitariste solo des Stones ? Son obsession pour le son et sa technique trĂšs personnelle de jouer grĂące Ă  une guitare Ă  5 cordes accordĂ©e en open tuning en Sol le placent comme l’un des plus grands guitaristes rythmiques de tous les temps. Il a su Ă©crire et composer quelques standards du rock comme Jumpin Jack Flash », Satisfaction » ou encore Paint it black ». Eddie Van Halen Pour beaucoup de musiciens, il y eut un avant et un aprĂšs Van Halen. Pourquoi ? Il suffit d’un seul morceau d’1mn et 42 secondes pour changer la façon de jouer de la guitare, c’était Eruption ». Si vous voulez apprendre la guitare Ă©lectrique, c'est bien Ă©videmment le modĂšle Ă  suivre. Comment croire qu’un seul homme puisse jouer cela et pourtant il n’y a que lui et ses 10 doigts et son incroyable toucher sur le manche. SurnommĂ© le Surhomme », on comprend pourquoi n’importe quel fan de guitare reste aujourd’hui encore bouche bĂ©e devant un tel morceau, une telle maitrise de l’instrument et une telle virtuositĂ©. Tous ces guitaristes ont vite compris les diffĂ©rents bienfaits de la guitare. Mais puisqu'il est difficile de les citer tous, voici d'autres grands noms de la guitare Duane Allan, Dickey Betts, Warren Haynes, Dereck Trucks, Robbie Robertson, Paul Kossof. Et bien d'autres encore ! Les meilleures guitaristes femmes Qui a dit que la guitare Ă©tait rĂ©servĂ©e uniquement aux hommes ? De nombreuses guitaristes femmes sont au top de la technique et mĂ©ritent d’ĂȘtre reconnues au mĂȘme titre que leurs homologues masculins. Voici quelques unes des guitaristes les plus brillantes au monde ! Guitare Ă©lectrique, guitare acoustique, guitare rock ou encore guitare blues, il y en a pour tous les styles. Nous espĂ©rons que cet article leur donnera toute la visibilitĂ© qu’elles mĂ©ritent ! Orianthi Panagaris Cette guitariste de 32 ans a la double nationalitĂ© britannique et australienne mais comme son nom l’indique, Orianthi est d’origine grecque. TrĂšs tĂŽt, la guitare la passionne, Ă  tel point qu’elle commence dĂ©jĂ  Ă  avoir une belle dextĂ©ritĂ© Ă  l’ñge de 6 ans, en apprenant les accords et les riffs avec son pĂšre. Orianthi a commencĂ© Ă  faire parler d’elle en rĂ©alisant les premiĂšres parties de monstres sacrĂ©s » de la guitare instrumentale que sont Steve Vai et surtout le grand Carlos Santana. Sa notoriĂ©tĂ© a vĂ©ritablement explosĂ© quand elle est devenue la guitariste officielle du King Mickael Jackson ! Orianthi Panagiris a appris la guitare avec son pĂšre, cela devait ĂȘtre un bon prof ! Malheureusement, MJ dĂ©cĂšde avant le dĂ©but de sa tournĂ©e This Is It et c’est pourquoi la jeune femme dĂ©cide finalement d’embrasser une carriĂšre solo. Son style musical est souvent comparĂ© Ă  celui d’autres grands guitaristes comme Eddie Van Hale, Joe Satrianai ou encore Carlos Santana pour lequel elle a jouĂ©. Orianti a mĂȘme jouĂ© avec le regrettĂ© Prince, pour vous dire Ă  quel point c’est du lourd ! Retrouvez la reprise du solo culte Beat It’ pour les guitaristes, interprĂ©tĂ©e par la talentueuse Australienne ! Donna Grantis Guitariste canadienne originaire de la province de l’Ontario, Donna a dĂ©marrĂ© par la guitare acoustique Ă  l’ñge de 13 ans. InfluencĂ©e par ses frĂšres musiciens, elle apprend la guitare Ă©lectrique qui devient son instrument principal l’annĂ©e suivante. Son fait d’arme majeur est d’avoir intĂ©grĂ© le groupe de Prince, The New Power Generation en 2013. Depuis la disparition du cĂ©lĂšbre chanteur et guitariste le 21 avril 2016, elle est devenue guitariste solo et son style musical est trĂšs Ă©clectique, variant du jazz Ă©lectrique, de la fusion, rock et blues au pop et funk et passant par le R&B. Ana Popovic Cette toute jeune quarantenaire est originaire de Serbie, elle est Ă  la fois chanteuse et guitariste, avec une spĂ©cialitĂ© le blues ! AprĂšs avoir dĂ©marrĂ© sa carriĂšre en Yougoslavie, Ana Popovic a ensuite jouĂ© aux Pays-Bas puis en Allemagne oĂč son style musical s’affirme un savant mĂ©lange de guitare blues, rock, soul et jazz. Chanteuse et guitariste, spĂ©cialiste de blues, c'est Ana Popovic ! VĂ©ritable exception dans le monde du blues, elle est souvent surnommĂ©e La Jimi Hendrix au fĂ©minin » ! Retrouvez une belle performance intitulĂ©e Navajo Moon de la belle Serbe, enregistrĂ©e au CafĂ© de la Danse, Ă  Paris il y a 2 ans environ. Kaki King Guitariste amĂ©ricaine de 38 ans, originaire de Marietta GĂ©orgie, Katherine de son vrai prĂ©nom est reconnue pour son style de tapping Ă  deux mains, comme le faisait Preston Reed, un autre grand nom de la guitare. AprĂšs avoir rĂ©alisĂ© uniquement des albums instrumentaux, la jeune femme est sortie de son univers habituel en devant Ă©galement chanteuse sur ses derniers albums. Elle a Ă©galement produit de la musique pour la tĂ©lĂ©vision et le cinĂ©ma, contribuant notamment Ă  la bande originale d’Into the Wild rĂ©alisĂ© par Sean Penn. Kaki King - Doing the Wrong Thing Ă  la guitare, un moment magique qui vous emmenĂ©e dans les grandes Ă©tendues sauvages amĂ©ricaines ! A titre de rappel, quand vous commencerez Ă  apprendre la guitare, vous dĂ©couvrirez que le tapping est une technique de jeu Ă©galement utilisĂ©e sur d’autres instruments comme la basse, consistant Ă  taper sur la corde plutĂŽt que la pincer ou la gratter. Le tapping simple se fait Ă  une main comme vous l’aurez devinĂ©, Comme le rĂ©sume le site Ă  propose de la jeune guitariste Les plus une virtuose polyvalente douĂ©e en matiĂšre de composition musicale, capable de rendre attractive et gĂ©niale la guitare acoustique, vraiment unique. Les moins gĂ©niale en musique instrumentale, mais plutĂŽt banale quand il s’agit de chansons malgrĂ© une bonne voix. » Melissa Auf Der Maur Encore une Canadienne ! Originaire de QuĂ©bec, c’est une vĂ©ritable artiste au sens large puisqu’elle Ă©galement compositeur, interprĂšte, photographe et mĂȘme actrice ! Sa notoriĂ©tĂ© s’est dĂ©veloppĂ©e lorsqu’elle est devenue la guitariste de basse de Hole, ce groupe de rock alternatif formĂ© en 1989 autour de la chanteuse Courtney Love, l’ex-femme du regrettĂ© Kurt Cobain. Le groupe Hole a d’ailleurs connu l’un des plus gros succĂšs dans le monde du rock fĂ©minin, avec plus de 3 millions d’albums vendus rien que sur le marchĂ© amĂ©ricain. 10 ans, c’est un autre groupe cĂ©lĂšbre qu’elle rejoint, les Smashing Pumpkins. En 2002, elle enregistre une chanson sur l’album Paradize du groupe Indochine. Voici la chanson Le Grand Secret », co-Ă©crite et chantĂ©e en duo avec Nicola Sirkis. En 2004, elle sort son premier album solo intitulĂ© Auf der Maur avec le groupe du mĂȘme nom créé pour l’occasion. Gretchen Menn Si vous aimez la guitare instrumentale, alors vous allez adorer la technique et le doigtĂ© de cette musicienne AmĂ©ricaine. Elle est parfois considĂ©rĂ©e comme l’homologue fĂ©minin de Steve Morse, le guitariste du mythique groupe Deep Purple. D’ailleurs, Superprof vous a trouvĂ© ce super solo de Deep Purple, Burn » interprĂ©tĂ©e par la grande amĂ©ricaine. Une vĂ©ritable virtuose des styles blues, rock et fusion ! Susan Tedeschi Reconnue comme Ă©tant une grande guitariste ET chanteuse, cette AmĂ©ricaine de 46 ans a Ă©tĂ© nommĂ©e plusieurs fois aux Grammy Awards. La cĂ©rĂ©monie rĂ©compensant les artistes musicaux les plus talentueux de la planĂšte. Son jeu de guitare est influencĂ© par Buddy Guy, Johnny "Guitar" Watson, Stevie Ray Vaughan, Freddie King et Doyle Bramhall II comme le prĂ©cise Wikipedia. Une chanteuse et guitariste de talent, Susan Tedeschi est trĂšs connue dans le monde du blues. Elle fait actuellement partie du groupe The Tedeschi Trucks Bands dans lequel Susan joue notamment avec son mari. Susan est surtout connue aux Etats-Unis oĂč elle a connu de jolis succĂšs avec ses morceaux de blues. Son mari Derek Trucks est tellement talentueux Ă  la guitare qu’il Ă©clipse un peu sa performance pourtant remarquable. Retrouvez le morceau I’d rather go blind » vu plus de 2 millions de fois sur Youtube, qu’elle a jouĂ© Ă  La Maison Blanche devant un gratin de personnalitĂ©s et bien sĂ»r Barack Obama ! Un aperçu du talent de chanteuse de Susan Tedeschi Ă  la guitare rouge, son mari Derek. Jennifer Batten Dans les annĂ©es 80, sa coiffure de punk blonde a marquĂ© les esprits, d’autant plus qu’elle Ă©tait Ă  l’époque la guitariste fĂ©tiche du grand Michael Jackson ! Elle a Ă©galement collaborĂ© avec une autre lĂ©gende de la musique, Jeff Beck, un des plus grands guitaristes de tous les temps, touts styles musicaux confondus. Sa carriĂšre solo a Ă©galement bien fonctionnĂ© avec 3 albums sortis en 1992, 1997 et 2007. C’est une des spĂ©cialistes mondialement connues du tapping » voir explication plus haut. La seule critique que l’on lui faire serait sa musique instrumentale parfois un peu trop difficile d’accĂšs » comme l’explique cet article du site Sarah Lipstate NĂ©e dans le sud des Etats-Unis originaire de Lafayette en Louisiane, mais basĂ©e Ă  Los Angeles, cette spĂ©cialiste de la guitare Ă©lectrique et compositeur de musique vit de ses tournĂ©es qu’elle organise au travers des 50 Ă©tats amĂ©ricains. Avant de jouer en solo avec le groupe Noveller, elle a exercĂ© son talent avec des groupes comme Sonic Youth ou encore Cold Cave. Sarah Lipstate sait mĂȘme jouer de la guitare avec un archet ! Sarah Lipstate est une virtuose de la guitare et sait mĂȘme jouer de la guitare avec un archet de violon ! Pour pouvoir se payer sa premiĂšre guitare, Sarah a dĂ» travailler tout un Ă©tĂ© dans un magasins de disques. Je passais ma journĂ©e Ă  nettoyer des instruments Ă  cuivre dans une vieille baignoire rouillĂ©e. J’ai gagnĂ© juste assez d’argent pour me payer une Danelectro, la guitare la moins chĂšre du magasin », peut-on lire sur le site Guitar World qui a interviewĂ© Sarah Lipstate. Kelley Deal NĂ© Ă  Dayton dans l’Ohio, cette talentueuse chanteuse et guitariste amĂ©ricaine est la soeur jumelle de la bassiste Kim Deal, qu’elle a rejoint au sein du cĂ©lĂšbre groupe The Breeders, en tant que guitare solo. Kelly Deal a eu pas mal de problĂšmes avec l’alcool et la drogue, mais une cure de dĂ©sintox rĂ©ussie lui a permis de reprendre une vie normale. Retrouvez cet interview choc de la guitariste rebelle dans cet article de LibĂ©ration. Les 6000 vies de Kelley Deal. Pour terminer sur l’apprentissage de la guitare et les guitaristes femmes les plus douĂ©es de leur gĂ©nĂ©ration, ne manquez pas cette vidĂ©o qui a fait un carton sur le web. On y voit une jeune guitariste y jouer un des morceaux de rock les plus difficiles au monde. ProposĂ© dans le jeu vidĂ©o Guitar Hero 3, Throught the Fire and Flames de Dragon Force, ce morceau est est composĂ© de 3 700 notes Ă  la guitare ! Un exploit de dextĂ©ritĂ© et une prouesse technique Ă  saluer, des heures et des heures d’entraĂźnement ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires avant de pouvoir jouer ce morceau incroyable ! Les meilleurs professeurs de Guitare disponibles5 91 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !4,7 41 avis 1er cours offert !4,9 25 avis 1er cours offert !4,9 36 avis 1er cours offert !5 27 avis 1er cours offert !5 45 avis 1er cours offert !4,9 7 avis 1er cours offert !5 91 avis 1er cours offert !5 77 avis 1er cours offert !4,7 41 avis 1er cours offert !4,9 25 avis 1er cours offert !4,9 36 avis 1er cours offert !5 27 avis 1er cours offert !5 45 avis 1er cours offert !4,9 7 avis 1er cours offert !C'est parti Vous ĂȘtes nombreux Ă  rĂ©agir suite Ă  la publication de cet article. En bonus, nous suivons donc vos suggestions pour Ă©toffer notre prĂ©sentation des meilleurs guitaristes du monde. De Robert Plant , Zeppelin, Beck en passant par Elvis Qui sont les lĂ©gendes de la guitare selon vous ? Êtes-vous d'accord avec le classement des 100 meilleurs guitaristes dans le Magazine Rolling Stone. Buddy Guy Ce guitariste a eu une influence dĂ©terminante sur Eric Clapton , Jimi Hendrix et Stevie Ray Vaughan , Buddy Guy. Du Blues rock au Funk un guitariste Ă©lectrique ! Il Ă©tait membre de la bande de Muddy Waters et a signĂ© ses premiers contrats avec la maison Ă  Chess Records . Originaire de la rĂ©gion de Baton Rouge , il a combinĂ© un modernisme flamboyant avec en gardant ses racines. Il nous a surtout marquĂ© par son Funk fraquassant sur Howlin Wolf , Killing Floor et Wang Dang Doodle. Kirk Hammett Kirk Lee Hammett est le guitariste et compositeur du groupe de "heavy metal" Metallica, depuis 1983. Exodus a Ă©tĂ© un groupe prĂ©curseur dans le trash mĂ©tal. En 2003 , Hammett a Ă©tĂ© classĂ©e 11Ăšme sur la liste de Rolling Stone des 100 plus grands guitaristes de tous les temps. Et en 2009, Hammett a Ă©tĂ© classĂ© numĂ©ro 15 dans le livre de Joel McIver Les 100 plus grands guitaristes de MĂ©tal. Tom Morello Thomas Baptiste "Tom" Morello 1964 est un musicien amĂ©ricain , chanteur-compositeur et activiste politique . Il est surtout connu pour avoir jouĂ© pour le groupe Rage Against the Machine , puis avec Audioslave . Morello le roi du picking and tapping ! Morello Ă©tait aussi un musicien de tournĂ©e avec Bruce Springsteen et le E Street Band. Il est Ă©galement connu pour son solo acoustique appelĂ© Le Veilleur de nuit , et Street Sweeper Social Club Pionnierdu rap mĂ©tal , il a explorĂ© le potentiel musical de la guitare. Morello s'Ă©mancipe dans la mixologie et le hip hop. Gary Moore Robert William Gary Moore est nĂ© le 4 avril 1952 en Irlande du Nord. Il a grandi dans l'Est de Belfast et a quittĂ© la maison familiale et ses 4 frĂšres et sƓurs trĂšs jeune. Il s'installe alors Ă  Dublin, oĂč il a rencontrĂ© son mentor personnel Peter Green de Fleetwood Mac. Dans les annĂ©es suivantes il a rejoint la bande Skid Row, puis Thin Lizzy en 1974, et finalement Colosseum II avec qui il joua jusqu'en 1977/78. Depuis 1979, Gary se consacre entiĂšrement Ă  sa carriĂšre solo, au cours de laquelle il sort un certain nombre d'albums trĂšs rĂ©ussis, dont "Still Got The Blues" 1990, devenu l'un des favoris de ses fans. Il est restĂ© actif jusqu'Ă  sa mort prĂ©maturĂ©e en fĂ©vrier 2011. Il est difficile de mettre en perspective comment Gary Moore a changĂ© les choses avec "Still Got The Blues". "Still Got The Blues" est son hit le plus populaire non seulement parce que c'est une belle chanson, mais parce que ses solos de guitare mettent en vedette son blues mĂ©lodique signature de Gary Moore. Gary Moore a un style de jeu puissant que chaque guitariste devrait Ă©tudier quel que soit le style de musique qu'ils jouent. Et comme Fabrice l'explique justement "C’est l’alliance parfaite entre feeling, musicalitĂ©, sens de la mĂ©lodie,Ă©motion et une technique parfaite,tenue des notes, variĂ©tĂ©s des sons trĂšs large et rapiditĂ© quand il le ce n’est que rarement une pure dĂ©monstration de technique et de rapiditĂ©, la rĂ©serve de puissance est toujours sous-jacente et ça en est que plus impressionnant. La Musique et la MĂ©lodie prime toujours." Slash Pour les fĂ©rus de musique que vous ĂȘtes, Saul Hudson alias Slash c’est l’un des guitaristes les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration et l’un des leaders du groupe Guns N’ Roses. Et si vous ne le savez pas encore, vous l'apprendrez bien assez tĂŽt en cours de guitare ! Alors qu’il Ă©tait nommĂ© dans le top 10 des meilleurs guitaristes du magazine Times en 2009, le magazine Rolling Stone ne lui accordait que la 65Ăšme place sur son top 100 des plus grands guitaristes de tous les temps... Pour le commun des mortels, c’est surtout le musicien qui a accompagnĂ© Michael Jackson avec des solos de guitare live capables de rĂ©veiller les morts sur des tubes comme “Give In To Me”, “Black or White” et “Beat It”. Comme tous les guitaristes de sa gĂ©nĂ©ration, il est performant car il fait tout simplement ce qu’il aime. Parfois au point d'Ă©nerver le King of Pop lui-mĂȘme en rallongeant son solo ! ConsidĂ©rĂ© par certain comme le plus grand “soloiste” de tous les temps, Slash est connu pour son style, sa technique incroyable et sa facilitĂ© pour transmettre ses Ă©motions au public. Il est connu pour ses moments d’inspiration pure, avec, pour preuve, l’ensemble des vidĂ©os de concert qu’on peut trouver sur internet et les nombreux morceaux de musique qu’il a enregistrĂ©s en studio. Pour ceux qui ont pris du retard voici quelques tubes Sweet Child. November Rain. You Could Be Mine. November Rain. Estranged. November Rain. On vous a dĂ©jĂ  parlĂ© de November Rain ? David Gilmour Il manquait Ă©videmment et cruellement Ă  ce classement des top guitaristes ! Comment ne pas parler du gĂ©nial soliste, appartenant au non moins gĂ©nial et psychĂ©dĂ©lique groupe Pink Floyd ? Les amoureux des mĂ©lodies sous substances du band anglais, ne pourront qu'ĂȘtre d'accord avec cela... Petit quiz pour les fans d'ailleurs Gilmour a-t-il fait partie du groupe d'origine ? Alors ? Eh bien non ! Car si les Pink Floyd ont vu le jour en 1965, il aura fallu 1968 pour que le guitariste-chanteur britannique rejoigne Roger Waters, Richard White, Nick Mason et Roger Syd Barrett ! Une vĂ©ritable "valeur ajoutĂ©e" pour le groupe d'ailleurs, puisque c'est avec l'arrivĂ©e du 14Ăšme meilleur guitariste de tous les temps classement Rolling Stone de 2011 que le groupe passera dans un tout autre monde. Au point mĂȘme de produire le 3Ăšme album le plus vendu de tous les temps le meilleur album de l'histoire pour beaucoup The Dark Side of the moon, restĂ© 17 ans et 6 mois dans le Billboard 200 US, avec le fameux "Money" sorti en 1973... Rien que ça ! Enregistrement majeur dans l'histoire du rock et du rock alternatif, qui ne contient pas du reste les contributions majeures de Gilmour aux chefs d'oeuvre que tout le monde connait Another brick in the wall 1979 Wish you were here 1975, Comfortably numb 1979, Hey you 1979. Gilmour est reconnu de tous pour bien des choses. Pour ces grands classiques du rock tout d'abord ci-dessus, mais pas seulement. S'il est un magnifique chanteur, il est aussi un soliste de gĂ©nie, dont les inspirations vous prennent directement aux entrailles les solos de Hey You, Wish you were here et Comfortably numb sont des modĂšles du genre, telles des notes parfaites sorties d'une Fender touchĂ©e par la grĂące. En parlant de Fender, David Jon Gilmour par ailleurs considĂ©rĂ© comme le "Best Fender Guitar Player Ever", devant d'autres lĂ©gendes comme Hendrix et Calpton. Enough said. Steve Lukather Les moins connaisseurs d'entre vous se souviendront certainement du riff puissant et entĂȘtant de Steve Lukather sur la chanson "Hold the line". Vous l'avez, c'est bon ? ForcĂ©ment ! Car oui, Steve Lukather n'est ni plus ni moins que le guitariste du groupe Toto, groupe Ă  succĂšs, mais ĂŽ combien dĂ©criĂ©, qui a sĂ©vi sur la FM dans les annĂ©es 80 principalement. D'ailleurs, le style du groupe a souvent Ă©tĂ© moquĂ© et appelĂ© "Rock FM", tant il Ă©tait plus "pop" que "rock" justement... Il n'en demeure pas moins que Lukather reste l'un des guitaristes contemporains les plus reconnus ! Assez paradoxal dans le milieu trĂšs fermĂ© de la gratte, mais vrai... En 2016, le guitariste du groupe dĂ©clarait d'ailleurs au journal français Sud Ouest, juste avant de donner un concert Ă  Bordeaux "Tout le monde nous regarde de haut, mais putain, on a vendu 40 millions de disques Ă  la dure, mec !" MĂȘme si l'Ă©tiquette Toto qui tourne encore sur les scĂšnes de la planĂšte lui colle Ă  la peau ce qui ne le dĂ©range pas outre mesure d'ailleurs, il n'en demeure pas moins que le tout venant sait pertinemment que Lukather est un vĂ©ritable virtuose, capable d'enchaĂźner les grammy awards comme il enchaĂźne les apparitions dans des tubes de lĂ©gende comme le sacro-saint "Thriller" de Michael Jackson ! Le King of Pop n'est d'ailleurs pas le seul Ă  avoir fait appel Ă  lui, puisque Clapton, McCartney, Joe Cocker, Elton John ou encore George Benson l'ont aussi accueilli en studio pour enregistrer sur leurs compos ! VĂ©ritable virtuose donc, Steve Lukather est capable de naviguer du heavy metal au jazz fusion, en passant par quelques notes de blues et de hard rock. Une polyvalence qui lui a permis par ailleurs de faire une fantastique carriĂšre solo, en dehors de Toto. Hank Marvin Hank Marvin l'un des pionniers des groupes rock. NĂ© en 1941 Ă  Newcastle en Angleterre, Hank Marvin est Ă  la fois auteur, compositeur et guitariste. Il commence la musique trĂšs tĂŽt en apprenant Ă  jouer du banjo et du piano. Il dĂ©cide de se mettre Ă  la guitare aprĂšs avoir Ă©coutĂ© Buddy Holly. C’est alors Ă  16 ans qu’il part Ă  Londres et rencontre Cliff Richard. Ce dernier lui propose de rejoindre le groupe de rock The Shadows. Sa carriĂšre professionnelle dĂ©colle. The Shadows fait partie des grands groupes de rocks europĂ©ens. Les musiciens enchaĂźnent les tubes et se font vite connaĂźtre Ă  l’international avant mĂȘme l’arrivĂ©e des Beatles. Ce qui propulsera Hank Marvin sous les projecteurs et le fera connaĂźtre comme l’un des meilleurs guitaristes de l’histoire du rock. Adepte de la guitare Fender Stratocaster, son style est reconnaissable entre mille. MĂ©lodique et expressif, Hank Marvin inspirera de nombreux autres guitaristes professionnels comme Eric Clapton, Mike Oldfield, Brian May, David Gilmour, Tony Iommi, George Harrison, Mark Knopfler, ou encore Neil Young. Rien que ça ! VĂ©ritable pionner de la guitare rock, il inspirera Ă©galement plusieurs de nos artistes français comme Indochine ou encore dans un autre registre Laurent Voulzy. Mark Knopfler Auteur, compositeur et guitariste, tout comme Hank Marvin, Mark Freuder Knopfler naĂźt Ă  Glasgow, en Écosse, en 1949. Il travaille tout d’abord comme journaliste Ă  Leeds puis devient professeur assistant d’anglais avant de se consacrer entiĂšrement Ă  la musique. Avec son frĂšre, ils dĂ©cident alors de se produire dans les bars en scĂšne ouverte ou programmĂ©e et se prĂ©sentent sous le nom de CafĂ© Racers. Ils se font connaĂźtre avec une chanson nommĂ©e Sultans of Swing. Quelques temps aprĂšs, ils changent leur nom de groupe pour Dire Straits, un nom tirĂ© de l’expression anglaise to be in dire straits » qui veut dire ĂȘtre dans une situation dĂ©sespĂ©rĂ©e, dans la dĂšche ». Le groupe devient cĂ©lĂšbre Ă  l’international et enchaĂźne les tournĂ©es. En 1996, Mark Knopfler continue sa carriĂšre en solo. Il est reconnu pour jouer un mĂ©lange de styles entre le blues, la country et le rock. Sa façon de jouer, avec tant que facilitĂ© et son jeu de finger picking, font de lui l’un des meilleurs guitaristes de l’histoire. Au total, le guitariste a dĂ©jĂ  vendu 130 millions d’albums. Joe Satriani Joe Satriani, aussi appelĂ© Satch », est un guitariste amĂ©ricain nĂ© en 1956 Ă  Westbury dans l'État de New York. Il fait partie de ce qu’on appelle les guitar heroes ». Un guitar hero est un guitariste reconnu comme Ă©tant un gĂ©nie de la guitare de rock ou mĂ©tal. Il n’y a pas de cĂ©rĂ©monies, ni de titre officiel. Il s’agit avant tout d’une appellation pour dĂ©signer les plus grands musiciens. De son vrai nom Joseph, Joe Satriani commence trĂšs vite la musique avec des cours de batterie. Il intĂ©ressera finalement un peu plus tard Ă  la guitare puis aura une vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation au moment de la mort de Jimi Hendrix. Joe Satriani se concentre alors sur les cours de guitare et progresse trĂšs vite. En 1971, il commence Ă  donner des cours guitare, et compte parmi ses Ă©lĂšves, des futurs guitaristes professionnels comme Steve Vai ou un peu plus tard, Kirk Hammett et Alex Skolnick. Joseph suit Ă©galement des cours de piano pour parfaire sa thĂ©orie musicale et travailler son harmonie. Il continuera ensuite sa formation de musicien en voyageant Ă  travers le monde et deviendra trĂšs vite musicien professionnel en jouant notamment pour Mick Jagger ou encore Deep Purple. Il enregistre aussi de nombreux albums solos parmi lesquels on retrouve Surfing with the Alien » en 1987 ou encore Flying in a Blue Dream » en 1989. En quĂȘte de cours de guitare quimper ? Prince Le grand Prince est un incontournable de l'univers de la guitare. À la fois showman et musicien, Prince arbore presque toutes les casquettes des arts de la scĂšne. Le chanteur, de son vrai nom Prince Rogers Nelson, naĂźt en 1958 Ă  Minneapolis dans le Minnesota aux États-Unis. Auteur, compositeur, interprĂšte,danseur et producteur, il est aussi multi-instrumentiste. En effet, bien que la plupart des gens connaissent Prince en tant que chanteur, l’artiste est reconnu dans le monde entier pour ses talents de musicien hors pair. Non seulement il joue parfaitement de la guitare, mais il maĂźtrise Ă©galement de nombreux autres instruments comme le piano, la basse, et la batterie. Il fait partie des plus grands guitaristes de l’histoire de la musique. Funk, rock, pop, Prince mĂ©lange les styles et fait en sorte d’offrir des spectacles excentriques et trĂšs artistiques. Au total, il rĂ©alise plus d’une trentaine d’albums studio, mais accompagnent Ă©galement d’autres artistes comme Madonna, Mavis Staples, ou encore les Bangles. Son plus gros tube ? Purple Rain qui continue de passer sur les ondes mĂȘme aprĂšs sa mort en 2016. Vous cherchez un cour de guitare debutant ? Rory Gallagher Rory Gallagher naĂźt en 1948 en Irlande. Guitariste, mais aussi chanteur, compositeur et producteur, il frĂ©quente le milieu de la musique blues rock. Sa carriĂšre de guitariste commence trĂšs tĂŽt puisque dĂšs l’ñge de 15 ans, Rory Gallagher rejoint le sextuor Fontana ». Cette premiĂšre expĂ©rience musicale ne continuera pas longtemps. Le musicien dĂ©cide de fonder son propre groupe de musique Taste. Ce groupe ne durera pas non plus trĂšs longtemps puisqu’il se sĂ©pare aprĂšs deux albums studio. Rory Gallagher n’arrĂȘte pas pour autant sa carriĂšre et continue une carriĂšre de guitariste solo. Il sortira notamment les albums Rory Gallagher, Deuce, Blueprint et Tattoo et vendra plus de 30 millions d’albums dans le monde. TrĂšs tĂŽt, Rory Gallagher s’abĂźme la santĂ© avec des soucis de consommation d’alcool et de mĂ©dicaments. Alors qu’il bĂ©nĂ©ficie d’une greffe de foie, son corps le rejette et le guitariste meurt en 1995 Ă  47 ans. DĂ©couvrez comment commencer des cours guitare. Steve Vai Autre guitar hero amĂ©ricain Steve Vai ! NĂ© en 1960 Ă  New York, il est Ă  la fois guitariste et chanteur. ÉlĂšve de Joe Satriani, il ne pouvait que devenir un guitariste reconnu ! Sa carriĂšre professionnelle commence dĂšs 19 ans lorsqu’il intĂšgre le groupe de Franck Zappa. Il continue ensuite en enregistrant un album solo en 1984 puis intĂšgre le groupe Alcatrazz pour un album et une tournĂ©e afin de remplacer Yngwie Malmsteen. Steve Vai a passĂ© sa carriĂšre Ă  jouer auprĂšs des plus grands musiciens. Il jouera ensuite avec David Lee Roth avant de reprendre sa carriĂšre solo. Tout au long de sa carriĂšre, Steve Vai alterne entre production solo et groupes de rock. Il jouera notamment aux cĂŽtĂ©s de Eric Johnson, John Petrucci, Uli Jon Roth ou encore Brian May. Jeff Beck Jeff Beck, de son vrai nom Geoffrey Arnold Beck naĂźt Ă  Londres le 24 juin 1944. Il est connu pour ĂȘtre l’un des meilleurs guitaristes de rock britannique. Il a notamment jouĂ© dans le groupe The Yardbirds dans les annĂ©es 1960 tout comme les grands guitaristes Eric Clapton et Jimmy Page. Selon le magazine Rolling Stone, il est le 5e meilleur guitariste de tous les temps et l'un des guitaristes solistes les plus influents dans le rock ». Il est Ă©galement inscrit deux fois au Rock and Roll Hall of Fame. Il y est d’abord en tant que membre des Yardbirds en 92 puis en tant qu’artiste solo dans les annĂ©es 2000. Ce grand guitariste touche Ă  tous les styles du blues rock au hard rock, en passant par le jazz fusion mais aussi l'electronica, Jeff Beck est un musicien hors pair et aux nombreuses capacitĂ©s musicales. Le guitariste a notamment gagnĂ© huit Grammy awards tout au long sa carriĂšre et eu Ă©normĂ©ment de succĂšs grĂące Ă  sa carriĂšre solo dans les annĂ©es 1970. Robert Fripp Le guitariste britannique Robert Fripp naĂźt le 16 mai 1946 Ă  Wimborne Minster. Originaire de la rĂ©gion de Bournemouth, le jeune Robert Fripp commence la guitare dĂšs l’ñge de 11 ans. Il commence sa carriĂšre professionnelle dans les annĂ©es 1960 via le groupe The League of Gentlemen. C’est en 1967 qu’il rejoint les frĂšres Michael Giles batterie et Peter Giles basse. Les deux musiciens cherchent Ă  l’époque un claviĂ©riste chanteur. Robert Fripp ne correspond pas vraiment au profil mais intĂšgre finalement le groupe qui s’intitule Giles, Giles & Fripp. Les trois musiciens commencent Ă  rĂ©aliser des morceaux piochant dans diverses influences entre folk, music-hall, et classique. Le groupe sort alors son premier album en 1968 nommĂ© The Cheerful Insanity of Giles, Giles & Fripp qui ne rencontrera pas le succĂšs escomptĂ©. Qui n'a jamais rĂȘvĂ© de devenir l'un des meilleurs guitaristes de la planĂšte ? Robert Fripp est ensuite connu pour avoir fondĂ© le groupe rock progressif King Crimson en 1969. C’est grĂące Ă  ce groupe qu’il prend la place de l'un des pĂšres du rock progressif. Robert Fripp collabore avec de nombreux artistes durant toute sa carriĂšre dont Peter Hammill, Andy Summers, David Bowie, Blondie, Brian Eno, ou encore Peter Gabriel. Pat Metheny Patrick Bruce Metheny, dit Pat Metheny, naĂźt le 12 aoĂ»t 1954 Ă  Lee's Summit dans le Missouri aux États-Unis. Il est l’un des guitaristes amĂ©ricains de jazz les plus connus du monde de la musique et est notamment cĂ©lĂšbre pour avoir Ă©tĂ© leader du Pat Metheny Group. Le jeune Patrick Metheny avait un avenir tout tracĂ©. ElevĂ© dans une famille de musiciens, le jeune garçon commence par apprendre la trompette Ă  8 ans puis, Ă  cause de problĂšmes de dents, apprend finalement la guitare Ă  partir de 13 ans. Il suit des Ă©tudes au lycĂ©e Ă  Lee's Summit dans le Missouri et Ă  l'UniversitĂ© de Miami Ă  Coral Gables en Floride. À 18 ans, le musicien devient professeur de cette universitĂ© et devient alors le plus jeune professeur Ă  avoir enseignĂ© dans l’établissement. Il entre finalement une annĂ©e plus tard au Berklee College of Music dans lequel il sera Ă©galement le plus jeune professeur de l’histoire de l’école. C’est notamment grĂące Ă  Gary Burton qu’il obtiendra ce poste. Gary Burton l’intĂšgre Ă©galement dans son groupe de 1974 Ă  1977. Peu Ă  peu Pat Metheny se fait un nom dans le milieu artistique. Il devient notamment cĂ©lĂšbre grĂące Ă  l'album Bright Size Life en 1975 enregistrĂ© avec Bob Moses Ă  la batterie et Jaco Pastorius Ă  la basse. Quelques annĂ©es plus tard, il créé son groupe en compagnie du pianiste Lyle Mays, rencontrĂ© par l’intermĂ©diaire de Gary Burton. Depuis 1974, Pat Metheny se produira prĂšs de 200 fois par an et devient alors une bĂȘte de scĂšne incontournable. Longtemps, le style de musique de Pat Metheny a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme trĂšs Ă©clectique. Entre jazz et musique expĂ©rimentale, le musicien s’est pourtant souvent dĂ©fendu de produire deux styles distincts. Pour lui, toutes ses compositions ont pour unique lien d’ĂȘtre exigeante musicalement et pour but d’exprimer toutes les facettes de sa personnalitĂ©. Sans pouvoir le positionner dans une case prĂ©cise, Pat Metheny reste cependant l’un des plus grands musiciens et guitaristes des États-Unis. Uli Jon Roth Still Loving You, Rock You Like a Hurricane, Wind of Change, les grands tubes du groupe Scorpions ont fait le tour du monde. Ulrich Roth, ou aussi appelĂ© Uli Jon Roth et Uli Roth naĂźt le 18 dĂ©cembre 1954 Ă  DĂŒsseldorf en Allemagne. Il est notamment connu pour avoir jouĂ© au sein du cĂ©lĂšbre groupe allemand Scorpions aux cĂŽtĂ©s de Klaus Meine, Rudolf Schenker, Francis Buchholz et Rudy Lenners. Il fait partie des grands noms du Metal nĂ©o-classique. Le musicien est d’ailleurs l’un des pionniers de ce style. Yngwie Malmsteen cite le guitariste comme meilleur guitariste rock des annĂ©es 1970. Grand virtuose, Uli Jon Roth commence sa carriĂšre dans les annĂ©es 70 aux cĂŽtĂ©s des membres du groupe Dawn Road. TrĂšs vite, il rejoint le groupe Scorpions et remplace Michael Schenker, lui-mĂȘme parti dans un autre groupe. Il reste dans le groupe de hard-rock jusqu'en 1978, le temps de sortir cinq albums. Ainsi, il sera le guitariste soliste du groupe et l’un de ses compositeurs jusqu’à la fin de la tournĂ©e enregistrĂ©e dans le vinyle Tokyo Tapes, l’un des plus gros succĂšs du groupe. Marcel Dadi Marcel Dadi naĂźt Ă  Sousse en Tunisie le 20 aoĂ»t 1951. Français d’origine tunisienne, ce guitariste virtuose s’installe en France avec sa famille Ă  l’ñge de 3 ans. Il commence les cours de guitare dĂšs 10 ans. À l’adolescence, Marcel Dadi a une rĂ©vĂ©lation il dĂ©couvre le picking en Ă©coutant une chanson de Bob Dylan traduite dans le rĂ©pertoire d’Hugues Aufray La Fille du nord. Sa culture musicale continue avec de grands noms comme Chet Atkins, Merle Travis, Jerry Reed ou encore Doc Watson. Grand musicien, Marcel Dadi est connu pour avoir popularisĂ© la technique picking » en France. Durant sa carriĂšre, il fait de nouvelles versions des morceaux de ses plus grandes idoles dont Chet Atkins, Doc Watson, ou encore AntĂŽnio Carlos Jobim. Le guitariste est Ă©galement compositeur et créé des morceaux pour Roger Chesterfield notamment. Il meurt dans un accident tragique le 17 juillet 1996 le crash du vol TWA 800 peu aprĂšs le dĂ©collage au dĂ©part de New York. Brian May Un vrai look de rockstar ce Brian May ! Brian Harold May n’est pas qu’un simple guitariste britannique. Il est aussi chanteur, auteur-compositeur et astrophysicien ! Rien que ça ! NĂ© le 19 juillet 1947 Ă  Hampton Hill, prĂšs de Londres en Angleterre, il est le cofondateur et grand guitariste du cĂ©lĂšbre groupe de rock Queen. AccompagnĂ© du batteur Roger Taylor et du grand chanteur Freddie Mercury, puis du bassiste John Deacon, Brian May composent les grands tubes du groupe We Will Rock You, I Want It All, Save Me, Who Wants to Live Forever, Tie Your Mother Down, Hammer to Fall, White Queen As it Began, The Show Must Go On, Now I'm Here, No-One but You. Le groupe est l’un des plus grands groupes de rock de l’histoire de la musique. Brian May commence pourtant sa carriĂšre au sein d’un groupe nommĂ© Smile ; dans lequel il joue avec Roger Taylor. Il est aussi connu pour avoir fabriquĂ© lui-mĂȘme sa guitare Ă©lectrique qu’il appelle Red Special. Selon le magazine Rolling Stone, Brian May serait le 26Ăšme meilleur guitariste de tous les temps. Il faut Ă©galement partie des guitar heroes. Larry Carlton NĂ© le 2 mars 1948 Ă  Torrance, en Californie, Larry Carlton est un guitariste connu pour avoir jouĂ© avec de nombreux groupes de musique. Larry Carlton commence les cours de guitare dĂšs 6 ans. Il s’inspire alors de ses plus grandes idoles dont Joe Pass, Wes Montgomery, Barney Kessel ou encore King. Larry Carlton comme par ĂȘtre musicien de studio Ă  Los Angeles. Il a Ă©tĂ© relevĂ© que le guitariste pouvait enregistrer jusqu’à 500 albums en une annĂ©e. Ainsi, il enregistre avec Steely Dan, Joni Mitchell, Billy Joel, Quincy Jones ou encore avec le trĂšs grand Michael Jackson. Son style et son talent sont notamment remarquĂ© dnns l'album The Royal Scam de Steely Dan sur lequel il joue un solo lĂ©gendaire dans le morceau Kid Charlemagne ». Ce solo sera notĂ© comme Ă©tant le 3Ăšme meilleur solo de guitare enregistrĂ© sur un album selon le magazine Rolling Stone. Entre 1971 et 1976, Larry Carlton intĂšgre le groupe Crusaders puis remplace le guitariste Lee Ritenour dans le groupe smooth jazz Fourplay. Il y restera jusqu’en 2010. Guitariste solo et musicien de studio, Larry Carlton porte toutes les casquettes de musicien. Larry Carlton enchaĂźne les collaborations et enregistrement d’albums tout au long de sa carriĂšre. TrĂšs polyvalent, il joue ainsi du jazz-rock, du smooth jazz et du blues amĂ©ricain. Entre carriĂšre solo et featuring, il a dĂ©jĂ  gagnĂ© 3 Grammy Awards dont un Grammy gagnĂ© pour la musique de la sĂ©rie Capitaine Furillo dans les annĂ©es 80. Vous cherchez des cours de guitare le mans pour devenir un guitar hero ? Guitaristes Blues Joe Bonamassa Contrairement Ă  certains guitaristes de ce classement dĂ©cidĂ©ment trĂšs disputĂ© il n'y a qu'Ă  voir les commentaires, Joe Bonamassa est Ă  la fois guitariste et chanteur. NĂ© Ă  Utica Etat de New York le 8 mai 1977, Bonamassa est un pur bluesman. Les profanes n'ont qu'Ă  se prĂ©cipiter sur des chansons de son groupe Black Country Communion pour s'en rendre compte. Un feeling rare, dĂ©veloppĂ© depuis l'Ăąge de 4 ans et aprĂšs une Ă©ducation musicale de qualitĂ©, Ă  base de BB King notamment, dont il fit la premiĂšre partie trĂšs jeune dĂ©jĂ . BB King n'hĂ©sitant d'ailleurs par Ă  rendre hommage aux talents de Joe. Quand c'est le maĂźtre qui le dit... Aujourd'hui, Bonamassa, c'est un peu LA rĂ©fĂ©rence du blues rock amĂ©ricain. Un style "rough" et "rustique" parfois, mais toujours mĂ©lodieux et puissant. Surtout, c'est sa technique incroyable qui est reconnue de tous les guitaristes du monde, Ă  la fois rapide et qui semble parfois sans limites il faut bien l'avouer... Mais pour apprĂ©cier la talent et la voix rock de Bonamassa, il est encore prĂ©fĂ©rable de regarder un live de "Just got paid" afin de vous inspirer pour vos prochains cours de guitare ! John Mayer DĂ©criĂ© lors de ses premiers passages TV en 2001, John Mayer Ă©tait autrefois perçu par une bonne partie du public comme un de ces artistes, auteur-compositeur, qui font de la musique pour les adolescents en manque d’amour. Son premier album vite oubliĂ©, c’est en qualitĂ© d’amoureux inconditionnel du blues que sa carriĂšre a pris une toute autre tournure... Mayer, un "chanteur Ă  minettes" ? Bien sĂ»r que non, il est bien plus que cela ! Notamment, avec son apparition au Eric Clapton's Crossroads Guitar Festival en 2004 durant lequel il a su mettre en valeur son morceau “City Love” en le prĂ©cĂ©dant par un solo de blues incroyable inspirĂ© du titre “Machine Gun” de la lĂ©gende Jimi Hendrix. Sa musique qui mĂ©lange technique et sentiment - avec son pouce qui touche la corde la plus basse pour embellir la note - n’a rien Ă  envier aux plus grands de la musique blues. Pour ceux qui souhaitent se faire une idĂ©e de son talent, vous pouvez le dĂ©couvrir avec l'album Try aux cĂŽtĂ©s du bassiste Pino Palladino et du batteur Steve Jordan. A vos casques ! Jack White Souvent considĂ©rĂ© comme un puriste du genre, c’est avec trĂšs peu d’effets techniques que Jack White partage sa passion pour le blues vintage. Évidemment, vous vous Ă©tonnez de sa prĂ©sence dans ce classement, mais c’est pourtant avec son talent de guitariste que son groupe, The White Stripes, s’est imposĂ© dans le Rock Blues Oui vous avez bien lu !. Également pianiste et batteur, White est un musicien hors pair. Cela paraĂźt Ă©trange et pourtant The White Stripes Ă©tait un groupe de blues. En reprenant la musique “Stop Breaking Down” de Robert Johnson ou encore “St. James Infirmary Blues”, qu’on retrouve sur le premier album du groupe, c’est toute l’histoire de la musique blues qui est revisitĂ©e avec sa guitare classique. Les musiciens de guitare sĂšche Django Reinhardt Comment ne pas parler de guitare sĂšche sans parler du gĂ©nie de Django Reinhardt ? De son vrai nom Jean Reinhardt, Django est un guitariste français nĂ© en 1910 et mort en 1953. Il marque l’histoire de la guitare par son jeu trĂšs personnel et donne vie Ă  ce qu’on appelle dĂ©sormais le jazz manouche. C’est pourtant un tragique accident qui sera Ă  l’origine de son jeu de guitariste si particulier. D’origine manouche », sa roulotte prend feu et est alors gravement brĂ»lĂ© Ă  la main gauche. Suite Ă  cet accident, il se voit obligĂ© d’adapter son jeu aux contraintes de sa main accidentĂ©e. C’est alors cette nouvelle technique qui fera de lui l’un des plus cĂ©lĂšbres guitaristes de l’histoire de la musique. Plusieurs de ses fans vont mĂȘme parfois jusqu’à abĂźmer leurs mains afin de retrouver la technique de jeu du musicien. Bien que ces comportements soient vraiment extrĂȘmes, cela montre Ă  quel point Django Reinhardt est bien une rĂ©fĂ©rence dans le milieu. Narciso Yepes Qui n’a jamais entendu la musique de film Jeux interdits de Narciso Yepes ? Et mĂȘme si de nom, ce thĂšme ne vous dit rien, ni ce guitariste, il y a de grandes chances que vous ayez tout de mĂȘme dĂ©jĂ  entendu cette musique douce et apaisante. NĂ© en 1927 en Espagne, et mort en 1997, Narciso Garcia Yepes est l’un des plus grands guitaristes espagnols au monde. Ce musicien, d’origine modeste, apprend la guitare trĂšs tĂŽt au conservatoire de Valence. Il faut alors trĂšs vite ses preuves et rencontre les plus grands guitaristes et musiciens de l’époque. Sa carriĂšre professionnelle dĂ©colle. Il est notamment connu pour jouer Ă  la guitare des morceaux de musique faits pour le piano ou encore pour jouer sur une guitare de dix cordes. Rodrigo et Gabriella Beaucoup plus actuels, Rodrigo SĂĄnchez et Gabriella Quintero sont deux guitaristes mexicains connus pour jouer Ă  la guitare Ă  une vitesse Ă©tonnante. Ces deux artistes mĂ©langent alors les styles entre le rock, le folk, le jazz et le mĂ©tal. Ils commencent leur carriĂšre musicale dans un groupe mexicain mais se sentent vite limitĂ©s et partent jouer en Europe, et notamment en Irlande, oĂč ils travailleront sur des reprises et des crĂ©ations qui feront le tour du monde. Les deux guitares l’une rythmique et l’autre soliste s’accordent alors parfaitement pour reproduire des musiques rythmĂ©es allant mĂȘme jusqu’à faire des reprises de groupes comme Metallica ou Led Zeppelin. Le duo collabore dĂ©sormais avec les plus grands comme le compositeur Hans Zimmer pour la musique du film Pirates des CaraĂŻbes. Musique du Monde Bombino du Niger MarquĂ© par les conflits sur sa terre natale d’Agadez au Niger, ses nombreux allers-retours en exil et sa culture de tradition touarĂšgue, Bambino du Niger est un guitariste Ă  part entiĂšre de la scĂšne musicale. Alors que certains pourraient le classer dans la “Musique du Monde”, Bambino du Niger porte en lui le sacrĂ© de la guitare qui l'empĂȘche d’entrer dans une case musicale. ForcĂ© de fuir dĂšs sa jeunesse en 1990, cet artiste guitariste professionnel Touareg a connu la persĂ©cution et l’oppression du gouvernement avec l’interdiction de l’instrument Ă  corde - pour lui et tout son peuple Touareg - considĂ©rĂ© comme un symbole de la rĂ©sistance. MalgrĂ© la perte de certains membres de son groupe exĂ©cutĂ©s, Bombino du Niger continue de promouvoir le vivre ensemble et la cohĂ©sion sociale dans les concerts et festivals. Sa musique, qui repose sur les instruments traditionnels Touaregs et une maĂźtrise de la guitare, oscille entre sentiments de tristesse et chants de joie. Paco de Lucia Il a juste "rĂ©volutionnĂ©" la guitare et le flamenco ! La tĂȘte qui bouge en frissonnant, les mains qui pivotent sur les cordes de guitare avec une dextĂ©ritĂ© si rare que les pianistes en seraient jaloux, et les yeux fermĂ©s, vibrant aux mĂ©lodies qui transportent l’artiste... Voici Francisco Gustavo SĂĄnchez Gomez alias Paco de Lucia. Reconnu Ă  l'unanimitĂ© comme l'un des plus grands dĂšs la sortie de son premier album studio, le guitariste andalou a marquĂ© de ses phalanges son empreinte musicale et l’histoire du flamenco. Se perfectionnant avec l'Ăąge bien qu'il ait dĂ©jĂ  remportĂ© des prix dĂšs ses 14 ans, le guitariste d'origine du Sud de l’Espagne contribua Ă  moderniser le flamenco traditionnel tout en lui conservant ses notes de noblesses. InfluencĂ©s par les États-Unis - oĂč il se produira souvent durant tout sa carriĂšre musicale - l’artiste s'imprĂšgnera d’influences jazz et de divers courants musicaux pour produire des partitions comme “Entre Dos Aguas”. Le parcours atypique de ce guitariste andalou est aussi dĂ» Ă  un environnement musical, Ă  commencer par son pĂšre, qui lui a enseignĂ© le maniement de l'instrument Ă  six cordes aux cĂŽtĂ©s de ses frĂšres RamĂłn de Algeciras et Pepe de LucĂ­a le chanteur de flamenco. Alors qu’un portrait retraçant sa vie - sous forme de documentaire cinĂ©matographique - a vu le jour peu aprĂšs sa mort en 2014, c’est au travers de sa musique qu’on perçoit ou Ă©coute mieux son gĂ©nie pour la guitare flamenca. Aujourd’hui, ce virtuose du flamenco entre dans les lĂ©gendes Ă©ternelles puisque aprĂšs le deuil officiel dĂ©crĂ©tĂ© par le maire de sa ville natale, c’est Google qui s’est emparĂ© de l'icĂŽne et auteur de “entre dos aguas” et “rio ancho” entre autres en le convertissant en l’un de ses “Doodle” gribouillage en anglais créés pour cĂ©lĂ©brer des Ă©vĂ©nements particuliers du jour. La guitare est la version europĂ©enne des instruments similaires comme le bouzouki, la luth, et le ukulele. Elle attire les filles, calme les nerfs et unit les hommes, la guitare est l’instrument de musique par excellence. On peut la gratter, la caresser, la pincer ou encore en frapper sa caisse pour produire des sons qui feront rire, danser, voire mĂȘme pleurer. Est-ce quelque chose d'innĂ© ? Faut-il un certain Ă©tat d’esprit pour apprendre Ă  maĂźtriser la guitare ? Par oĂč doit-on commencer pour dĂ©marrer l’apprentissage de la guitare ? Alors sortez votre gratte de sa housse, prĂ©parez votre partition et branchez votre ampli on va dĂ©couvrir quelques techniques pour amĂ©liorer vos performances “guitaristiques”. Le solfĂšge Premier blocage qui a empĂȘchĂ© de nombreux amoureux de la musique Ă  se lancer dans l’apprentissage de la guitare acoustique le solfĂšge. Évidemment, il est prĂ©fĂ©rable si l’on souhaite se lancer dans une carriĂšre de guitariste de comprendre, lire et “parler” le solfĂšge, mais ce n’est pas indispensable. L’important pour tout guitariste dĂ©butant aujourd’hui est d’abord d’apprendre Ă  lire un diagramme d’accords. Ainsi, vous saurez oĂč placer vos doigts sur les cordes pour jouer les accords. La guitare Trouver sa guitare acoustique est une autre Ă©tape vers votre nivellement par le haut pour aller vers la professionnalisation de la maĂźtrise de la guitare ! Une folk, une classique ou une manouche, respectivement aux cordes d’acier, de nylon ou d’acier est un choix difficile Ă  faire lorsqu’on est encore un musicien nĂ©ophyte ! Trouver sa guitare acoustique ressemble Ă  la quĂȘte du Saint Graal d’Indiana Jones et plutĂŽt que de choisir Ă  la “va-vite”, il vaut mieux prendre son temps pour la rĂ©flexion. Telle une une femme avec laquelle on s'apprĂȘte Ă  vivre sous le mĂȘme toit, vous allez passer de longues heures “yeux dans les cordes” avec cette guitare. C’est pour cette mĂȘme raison qu’il est impĂ©ratif de choisir une guitare qui vous ressemble, dont les cordes embrassent les sonoritĂ©s que vous aimez et un bois qui possĂšde une signature sonore qui fait vibrer vos oreilles. Se familiariser avec la guitare Il vous arrivera de devoir jouer de la guitare sans avoir, Ă  portĂ©e de main, votre guitare fĂ©tiche, celle que vous affectionnez, avec laquelle vous avez construit nombre de mĂ©lodies. Pas de panique, acceptez volontiers la guitare qu’on vous propose et familiarisez-vous avec. Tout comme avec de nouveaux collaborateurs dans votre entreprise, apprenez Ă  Ă©couter cette guitare de substitution, grattez quelques notes, faites-la parler ! Commencez par l’accorder note aprĂšs note pour Ă©viter qu'elle sonne faux, puis pas Ă  pas faites-en la vĂŽtre, comme un mariage musical. Apprenez Ă  connaĂźtre votre guitare. La culture musicale On l’oublie parfois, mais c’est pourtant la clĂ© de voĂ»te de la pratique d’un instrument ! En renforçant votre culture musicale, Ă  coup de solos de grands guitaristes, comme de musique de tous les genres, vous formerez votre oreille pour Ă©largir la palette de votre crĂ©ation, amĂ©liorer votre sens du rythme et afin de conquĂ©rir n'importe quel public. Jouer de la guitare et chanter A la diffĂ©rence des pianistes comme Stevie Wonder, Ray Charles ou encore Nina Simone, rares sont les artistes qui portent Ă  la fois la casquette de chanteur et de musicien guitariste comme Prince, Matthieu Chedid ou encore Mark Knopfler. Le chant demande un investissement supplĂ©mentaire d’une grande intensitĂ©. Il n’est plus possible de noyer ses pensĂ©es dans son instrument, lorsqu’on chante il est dĂ©sormais question de lever la tĂȘte et d’affronter le public, de sortir de sa bulle musicale. Pour devenir un bon guitariste, il faut, au dĂ©but, avoir les mains dans les cordes comme un pĂątissier a les mains dans la pĂąte ou comme un footballeur a la tĂȘte dans le ballon. Toutefois, si l’on souhaite devenir un bon guitariste, il faut savoir lever la tĂȘte, regarder le public, partager votre Ă©motion. Votre concentration doit ĂȘtre Ă  la fois focalisĂ©e sur vos notes et sur le partage de vos Ă©motions d’artiste avec le public. Pasplus que les gens qui dansaient Si par hasard ils s'arretaient, ils sentaient De vieux decors se balancer Plusieurs fois manquaient de tomber Et du coup de bras en bras ils repassaient Alors on se laissait aller au 22 bar ce soir la Au 22 bar ce soir la, on dansait A chaque fois que je le voyais Je l'appelais puis me cachais Apres tout ce qu'il m'avait fait, j'attendais Le bon moment pour

J'en parlerai au diable - Version originale Johnny Hallyday — Tablatures et partitions pour Basse Instrument DifficultĂ© Facile Ă  IntermĂ©diaire Accompagnement Basse avec band Ajouter Ă  ma liste de souhaits AjoutĂ© Ă  ma liste de souhaits Informations sur le produit DĂ©tails de la tablature Avis Compositeur Johnny Hallyday Titre des chansons J'en parlerai au diable - Version originale Instrument Basse DifficultĂ© Facile Ă  IntermĂ©diaire Accompagnement Basse avec band Style de musique VariĂ©tĂ© française DurĂ©e Prix Jouez gratuitement avec l’essai gratuit de 14 jours ou € Evaluation Voir tous les avis Autres fonctionnalitĂ©s interactives Basse visuelle Informations Ă  propos d'une piĂšce Version originale Avec voix optionnelle en multi-track CrĂ©dits © 2021 Tombooks Veuillez vous connecter Ă  votre compte pour Ă©crire un avis. Vous ne pouvez Ă©valuer que les morceaux que vous avez achetĂ©s ou jouĂ©s en tant qu'abonnĂ©. score_1161377 EUR

Etla belle n’est jamais sage. Quand tu diras que c’est ma faute. Que je n’ai jamais su t’aimer. Au diable toi et tes apĂŽtres. Je m’en vais. Et ce qui perle sur mon front. Gouttes de pluie gouttes de froid. Donne des ailes donne donc. L’envie de m’éloigner de toi.

Le diable se cache dans les dĂ©tails dit l’adage, mais se cacherait-il aussi dans la musique ? Dans sa chronique La passion selon, la soprano CĂ©line Scheen nous parle d’une lĂ©gende selon laquelle il existerait un accord musique capable d’invoquer le diable. La musique est puissante dans nos vies. Elle peut affecter nos humeurs, nos Ă©tats en un instant, nous euphoriser, nous Ă©mouvoir, nous remonter le moral ou nous reconnecter Ă  des souvenirs trĂšs prĂ©cis en un Ă©clair. Son tissu mĂȘme est source de pouvoir et d’intrigue. Et ce pouvoir pouvait faire peur au Moyen Age. Ainsi, pendant des siĂšcles, il existait un intervalle musical prohibĂ© par l’église car il avait le pouvoir, disait-on, d’invoquer le dĂ©mon. Cet intervalle s’appelle le Triton et il est l’objet de tous les fantasmes. Intervalle Ă©nigmatique, le triton a fascinĂ© les compositeurs pendant des siĂšcles et a marquĂ© de son emprunte l’histoire de la musique. Du Moyen Âge au Heavy mĂ©tal en passant par le classique, le jazz et le blues, il a Ă©tĂ© utilisĂ© dans tous les styles Ă  travers toutes les Ă©poques. Mais pourquoi est-ce que ce Triton fascine autant ? Qu’a-t-il de si particulier ? D’oĂč lui vient cette rĂ©putation d’intervalle du diable ? La lĂ©gende commence au Moyen ÂgeL’histoire de ce Diabolus in Musica commence au Moyen Âge. A cette pĂ©riode, la thĂ©orie musicale commence doucement Ă  se structurer. FatiguĂ© de voir des moines se transmettre les chants liturgiques de bouche-Ă -oreille, le moine italien Guido D’Arrezo invente le systĂšme de portĂ©e et de nomination de est Ă©galement Ă  l’origine d’un systĂšme musical sophistiquĂ©, le systĂšme hexagonal, qui fera longtemps rĂ©fĂ©rence dans le monde de la musique occidentale, et aboutira finalement Ă  notre systĂšme musical actuel, le systĂšme tonal. Il se trouve cependant que ce Monsieur D’Arrezo a consciemment Ă©vitĂ© d’intĂ©grer le triton Ă  son systĂšme. Il jugeait sa sonoritĂ© trop difficile. A l’époque, la musique liturgique rĂ©gnait en maĂźtre et privilĂ©giait les intervalles aux rapports de frĂ©quence simple, les quartes et les quintes, plus douces Ă  l’oreille. Le Triton, tel le bossu de Notre-Dame, est donc Ă©cartĂ© des rĂšgles harmoniques en vigueur. Il est Ă©vitĂ© par l’Église, et sa rĂ©putation d’intervalle interdit ne fait que s’accroĂźtre. Le coup de grĂące lui sera donnĂ© par Johann Fux, compositeur et thĂ©oricien reconnu, qui le qualifiera dans ses traitĂ©s d’harmonie de " Diabolus in Musica". Un intervalle qui engendre une tension chez l’auditeurLe Diabolus in Musica ou encore Triton est le nom donnĂ© Ă  la prĂ©sence d’un intervalle de trois tons. Cet intervalle de quarte augmentĂ©e engendre une tension pour l’auditeur, contrairement Ă  une quarte juste qui permet un effet conclusif et apaisant, une rĂ©solution. Si l’on scinde l’octave en deux parties Ă©gales, nous trouverons de part et d’autre un intervalle de Triton. Une quarte augmentĂ©e Do- Fa / Fa- Do Cet effet d’intervalle dĂ©stabilisant et "dĂ©sagrĂ©able" induit d’autant plus de tension que, contrairement Ă  aujourd’hui, les instruments de l’époque n’étaient pas tempĂ©rĂ©s. Selon la lĂ©gende, l’intervalle en question Ă©tait si intolĂ©rable pour les oreilles des membres du clergĂ© qu’il fut immĂ©diatement proscrit par l’Église. Et comme souvent, lorsqu’on interdit quelque chose, on le retrouve partout. Et c’est ce qu’il s’est passĂ© avec l’intervalle Diabolus in Musica, on le retrouve chez Machaut, Gesualdo, Jean-SĂ©bastien Bach et dans de nombreuses musiques mĂ©diĂ©vales. Il faut savoir qu’en rĂ©alitĂ©, il n’existe aucune preuve Ă©crite d’une interdiction formelle du Triton, et encore moins d’une punition ou malĂ©diction. Un intervalle Ă©vitĂ© pour sa complexitĂ© harmoniqueLe Diabolus in Musica ne fut pas proscrit, mais Ă©vitĂ©, en raison de sa complexitĂ© harmonique, sans parler de la difficultĂ© pour les chanteurs de chanter un triton correctement, alors que l’oreille musicale tend vers la rĂ©solution des harmonies pures de la quarte et la quinte. Vous l’aurez compris, l’histoire du Triton est avant tout liĂ©e Ă  sa sonoritĂ©. C’est Ă  cause de sa sonoritĂ© si particuliĂšre qu’il a Ă©tĂ© Ă©cartĂ© des rĂšgles harmoniques pendant des siĂšcles et qu’il a obtenu cette rĂ©putation sulfureuse. Mais Ă  chaque revers sa mĂ©daille, c’est aussi grĂące Ă  sa sonoritĂ© que le Triton a tant fascinĂ© Ă  travers les siĂšcles, et a inspirĂ© autant de musiciens. C’est un peu comme dans les films plus la scĂšne de tension est intense, plus la scĂšne qui suivra, qui rĂ©pondra Ă  ces Ă©lĂ©ments de tension, sera marquante. Dans le cinĂ©ma ou la musique, la tension gĂ©nĂšre de l’attente pour une rĂ©solution, ce qui permet Ă  la rĂ©solution d’avoir encore plus de poids, d’ĂȘtre encore plus percutante. Alors faisons-nous l’avocat du diable ! Voyons ce que le bon peut offrir de mal
 Mais rappelons-nous qu’avant d’ĂȘtre l’ange dĂ©chu, Lucifer Ă©tait avant tout l’ange de la musique ! Et notez que "Diabolus in Musica" est Ă©galement le nom que s’est donnĂ© un bel ensemble français de musique mĂ©diĂ©vale, un beau petit clin d’Ɠil Ă  la fameuse lĂ©gende de l’intervalle du diable.
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Le Bal Des LycĂ©es Damien SAEZ Messina Transcription KeĂŻko Vraiment, j’adore cette chanson, sĂ»rement un peu de nostalgie qui traine
 Elle reste relativement simple Ă  jouer, il y a deux chaĂźnes d’accords diffĂ©rentes, et comme Ă  l’habitude plus la chanson Ă©volue et plus on retrouve des variantes sur pratiquement tous les accords. Tout est relativement fluide Ă  jouer, alors n’hĂ©sitez pas
 Accords Am 002210 F7M 003210 - Dm9 003230 Em 022000 C 032010 G 320033 G6 320000 / 320030 / 320010 -0-0- -1-1-0-1-1h3-0- -2-2-2-0-2-0- -2-3-2-2-3- -0-2- - Il paraĂźt qu'on
 Que la jeunesse
 Et l'amour Ă  
 On n'en a qu'un et je l'ai perdu -0-0- -1-1-1-0-3-3p1-1-1p0-0- -2-2-2-2-2-0-2-0-0- -2-3-2-2-3- -0-2- - Au fond du sablier
 T'es pas venue 
 Oui mon cƓur 
 RamĂšne moi Am F7M Qu'il est loin le temps des amours, Le temps des cƓurs qui se serrent, C G Ouais des filles que l'on serre, Fort contre soi Am F7M Au croissant au lever du jour, Quand on s'aimait Ă  la marelle C G Les camarades pour toujours, Quand et quand tu reviendras Am F7M On se quittera tous un beau jour, On reviendra sur nos discours Em F7M G On croira qu'on a tout compris, On aura rien compris du tout Am F7M On sera riches rois de province, On sera pauvres et sans le soua Em F7M G Puisqu'avec les copains d'avant, On serra tous morts ou beaux Am F7M On se dira jamais vieillir, Puis on finira tous vieux cons Em F7M G A regretter c'qu'on a perdu, Celle qu'on aimait qui est pas venue Am F7M Quand on avait les dieux au corps, Quand on savait tromper la mort Em F7M G Quand on lui mettait le doigt bien haut, Bien profond REFRAIN Am / F7M / C / G Par moment, Variante importante, le passage d’accords se rĂ©alise sur des accords de transition. Exemple avec le Am SchĂ©ma normal SchĂ©ma variante augmentĂ©e Am Asus4 / Am Am Am Asus4 Am -0-0-0-0-0- -0-0-0-0-0- -1-1-1-1-1-1-1-1- -1-1-1-1-3-3-1-1- -2-2-2-2-2-2-2-2- -2-2-2-2-2-2-2-2- -2-2-2-2-2-2-2-2-2-2- -2-2-2-2-2-2-2-2-2-2- -0-0-0- -0-0-0- -0- -0- Donc en suivant rigoureusement ce schĂ©ma hormis pour le G qui termine la chaĂźne d’accord ExceptĂ© sur les deux premiĂšres lignes jusqu’à AmitiĂ©s, le reste se jouera avec variantes. Am [Asus4/Am] / F7M [Dm+9x03230/F7M] / C / G632000 G6_2320030 G6+11 320010 Au temps des bals des lycĂ©es, Au temps des rĂȘves, des amitiĂ©s Au temps oĂč on s'aimait qu'importe, Au temps des lettres sous la porte Au temps des filles dans les bagnoles, Au temps des murs et des alcools Au temps des rasoirs aux poignets, Au temps des jeux de nos amours Au temps oĂč c'est beau et c'est tout, Au temps du feu brĂ»lant toujours Au temps oĂč chaque fille est un port, Au temps des dieux, des diables au corps Au temps oĂč l'on a peur de rien, Au temps oĂč rien n'est impossible Au temps oĂč l'on aime ses copains, A coup de lance-pierres sur les chemins Am / F7M / C / G Les avions qui passent au dessus de nous, Les visages qu'on a croisĂ©s qu'on a perdus Les gens qu'on a aimĂ©s puis qu'on n'aime plus, Les yeux qui sĂšchent au temps qui passe Les amis qu'on a laissĂ©s derriĂšre, La vie qui perd de ses mystĂšres Les Ă©vidences qui vous lacĂšrent et puis qui tuent, Et la beautĂ© des filles quand elles sont nues Les liens du sang qui nous tiennent le cƓur, Les croix qu'on porte et la chaleur De vous mes frĂšres tenant l'espoir, A bout de bras mes jours de gloire Les parfums qu'on reconnaĂźt plus, Les filles qu'on n'a jamais revues Les jours de fĂȘtes et les bals des lycĂ©es, Celles Ă  qui on n'a jamais parlĂ© Ouais tout ce que la vie a emportĂ©, Le muscle qui arrĂȘte pas de saigner Les choses qu'on ne peut pas refaire, Tout ce qu'on aura laissĂ© derriĂšre Les poussiĂšres et puis les rubis, Et les amis au fond des nuits Dans les gorges des filles oui tout s'oublie, L'hĂ©morragie de nos mĂ©lancolies Un jour bientĂŽt face Ă  la mort, Me reviendront Ă  la mĂ©moire Toutes ces choses que j'ai oubliĂ©es, Ouais puis toi que j'ai aimĂ© Tu sais toujours face Ă  la mort, Nous reviennent Ă  la mĂ©moire Celles avec qui on a dansĂ©, Les jours de fĂȘtes et des bals des lycĂ©es Celles avec qui on a dansĂ©, Les jours de fĂȘte Les jours de fĂȘte Les jours de fĂȘte 1999-2012 – KeĂŻko - Tous droits rĂ©servĂ©s Reproductions partielles ou intĂ©grales interdites

Chordsfor J'en parlerai au diable . Diagram Slider. Chord Sheet. layers Edit lyrics. O:OO. Abm. Eb. Ab. E. Diagram Slider. Chord Sheet. layers Edit lyrics. O:OO. 3/4 Time Signature.
Comprendre la musique n’a rien de compliquĂ©, il suffit d’avoir la bonne mĂ©thode. Avec ce Masterclass, je vous guide pas-Ă  pas dans le grand labyrinthe de l’Harmonie. MaĂźtrisez enfin votre guitare en devenant un musicien accompli ; Ă  vous les joies de la composition et de l’improvisation ! Pourquoi ce Masterclass ? TonalitĂ©, gammes, intervalles, tierce, majeur-mineur 
 que signifie rĂ©ellement tout ce charabia ? N’ĂȘtes-vous pas frustrĂ© de ne pas savoir pourquoi cette suite d’accords sonne si bien ? De devoir tĂątonner sur chaque case de votre guitare pour improviser avec la gamme pentatonique ? D’ouvrir des yeux ronds quand on vous dit qu’un morceau est en Fm ? Je me suis moi-mĂȘme posĂ© toutes ces questions pendant trĂšs longtemps. Comme vous j’ai avancĂ© Ă  l’aveugle, noyĂ© sous un flot d’informations sans queue ni tĂȘte. J’ai mis une Ă©ternitĂ© Ă  assembler toutes les piĂšces du puzzle et j’ai bien failli baisser les bras Ă  plusieurs reprises. Le jour oĂč j’ai enfin compris, il s’est passĂ© deux choses J’ai eu l’impression d’arriver sur le toit du monde. Tout Ă©tait devenu limpide, l’improvisation et la composition Ă©taient enfin Ă  ma portĂ©e. J’étais furieux car j’ai pris conscience de tout le temps que j’avais perdu, de toutes ces annĂ©es Ă  en baver pour si peu
 une belle arnaque. MĂȘme si tout est fait pour nous prouver le contraire, la musique est simple, Ă©vidente et logique. Il suffit de dĂ©couvrir ses mĂ©caniques dans le bon ordre et de les mettre en pratique. Mon objectif est de vous aider Ă  comprendre en quelques heures ce que j’ai mis des annĂ©es Ă  assimiler. TestĂ© et approuvĂ© par 150 guitaristes en prĂ©vente Ce Masterclass a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© avec l’aide prĂ©cieuse de 150 guitaristes “bĂȘta-testeurs” pendant plus de 3 mois. GrĂące Ă  leurs retours et Ă  leur implication, j’ai pu m’assurer que le contenu, le niveau et les chapitres proposĂ©s rĂ©pondaient bien aux attentes de la majoritĂ©. J’espĂšre vraiment que le fruit de tout ce travail vous permettra de prendre autant de plaisir qu’eux en dĂ©couvrant la formation. Pour qui est fait ce Masterclass ? Quel que soit votre niveau, je vous guide pas Ă  pas pour sortir du grand labyrinthe de l’Harmonie d’un seul coup, en franchissant les obstacles dans le bon ordre. Les diffĂ©rents niveaux de lecture du Masterclass le rendent extrĂȘmement polyvalent. Il sera votre meilleur alliĂ© pour vous accompagner dans le temps, tout au long de votre progression. Vous ĂȘtre grand dĂ©butant Une personne qui n’a jamais touchĂ© une guitare de sa vie ni suivi le moindre cours de musique doit pouvoir comprendre cette formation de A Ă  Z ; c’est l’objectif que je me suis fixĂ©. Pour autant, il peut ĂȘtre dangereux de se cloisonner trop tĂŽt dans le monde de la thĂ©orie musicale. Prenez tout le temps qu’il vous faudra pour dompter votre guitare en douceur. Commencez par dĂ©couvrir l’instrument et apprendre quelques accords en jouant des morceaux simples et qui vous plaisent. La formation viendra plus tard, elle vous attend bien au chaud ! Vous jouez depuis quelques mois Vous commencez Ă  bricoler quelques solos mais vous ĂȘtes un peu perdu ? Vous aimeriez composer et la comprĂ©hension de l’instrument vous intĂ©resse ? Je pense sincĂšrement que vous allez gagner des mois, voire des annĂ©es de travail en suivant ce cours qui vous accompagnera au fur-et-Ă  mesure de vos progrĂšs. Vous ĂȘtes intermĂ©diaire / avancĂ© Vous ĂȘtes dĂ©jĂ  bien Ă  l’aise techniquement sur votre guitare mais la thĂ©orie musicale vous rebute ? Vous vous sentez bloquĂ© dans votre pratique car vous ne comprenez pas la logique de construction des plans que vous jouez ? Ce Masterclass va redonner instantanĂ©ment un nouveau souffle Ă  votre vie de guitariste. Bien plus qu’un simple cours En vous inscrivant, la formation sera ajoutĂ©e Ă  votre espace membre et vous pourrez accĂ©der immĂ©diatement au contenu suivant plus de 8h de formation intensive en vidĂ©os chapitrĂ©es et accessibles en streaming Une pĂ©dagogie trĂšs concrĂšte construite sur la base de schĂ©mas, de codes couleurs et de diagrammes AccĂšs au Masterclass illimitĂ© dans le temps Des dizaines d’exemples musicaux pour mettre en pratique les sujets abordĂ©s Un format adaptĂ© aux ordinateurs, mobiles et tablettes Des guides pdf et des fiches pratiques Ă  tĂ©lĂ©charger Des quizz pour valider vos acquis Des tablatures et des playbacks pour s’entraĂźner AccĂšs au Masterclass illimitĂ© dans le temps Bien que la formation soit dĂ©matĂ©rialisĂ©e, elle vous appartient au mĂȘme titre qu’un produit physique achetĂ© dans le commerce. Vous pourrez y accĂ©der immĂ©diatement aprĂšs l’achat depuis votre espace membre, de maniĂšre illimitĂ©e dans le temps et la recommencer autant de fois que vous voudrez. Les vidĂ©os ne sont pas tĂ©lĂ©chargeables pour des raison de droits d’auteur et nĂ©cessitent une connexion internet pour ĂȘtre visionnĂ©es. Merci pour votre comprĂ©hension. Ce que vous allez apprendre “Comprendre enfin l’Harmonie” rĂ©pond entre autres aux questions suivantes. Pour une liste plus complĂšte, cliquez sur l’onglet “dĂ©tails” en haut de la page. Que signifient quarte juste, septiĂšme majeure et tous ces noms barbares ? Qu’est-ce qu’une tonalitĂ© et comment je peux la trouver ? Pourquoi y-a-t-il des accords mineurs dans un morceau majeur et vice-versa ? À quoi servent les intervalles ? Comment savoir quelles gammes utiliser dans une impro ? Comment harmoniser une gamme en crĂ©ant des accords ? Qu’est-ce qu’une gamme relative ? Comment enrichir des accords avec les septiĂšmes ? Les modes grecs ne sont pas abordĂ©s ici car ils feront l’objet d’une formation dĂ©diĂ©e. Masterclass Harmonie et Masterclass Modes seront complĂ©mentaires et formeront un tout. Vous avez un doute ? Si vous hĂ©sitez, je vous invite Ă  consulter les avis sur la formation ; les retours utilisateurs vous aideront sĂ»rement Ă  mieux vous projeter. Toujours pas convaincu ? Sachez que si ce Masterclass ne rĂ©pond pas Ă  vos attentes, je vous rembourserai intĂ©gralement jusqu’à 30 jours Ă  l’issue de votre commande sur simple demande par email. Pas de justification Ă  apporter, pas de clause tordue vous me demandez, je vous rembourse, point barre ! Pourquoi je prends un tel risque ? Pour 4 raisons trĂšs simples Je suis intimement convaincu de la qualitĂ© de mon travail dans lequel je mets toutes mes tripes. Je sais que les achats sur internet sans garantie peuvent faire peur, surtout dans le domaine musical oĂč on vous promet souvent monts et merveilles. Je veux rendre les guitaristes de la communautĂ© GP&P heureux et les aider Ă  progresser ! Pas les frustrer parce qu’ils sont déçus par un de mes programmes payants. J’ai la chance immense d’ĂȘtre suivi par une tribu de guitaristes passionnĂ©s et bienveillants. Je sais sans le moindre doute que vous respecterez mon travail et que vous jouerez le jeu honnĂȘtement. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  crĂ©er cette mĂ©thode pour vous ; j’espĂšre que vous en prendrez tout autant Ă  la suivre. On se retrouve dans quelques minutes, bonne musique Ă  tous !
Interview- En séjour au pays, l'artiste parle de la situation avec la justice française et son prochain album. Cameroun: Longué Longué - Je vais écraser le diable -

Les mots bleus - Christophe Tempo ~ 70bpm Capo 4 Rythmique possible B B HHBB BH ArpĂšge couplets e- B- G-x-x- X 2 D-x-x-x- A-b-b-b- E- Intro - Am Couplet 1 - Am Am Il est six heures au clocher de l'Ă©glise dans le square les fleurs poĂ©tisent Am G Une fille va sortir de la mairie G C Comme chaque soir je l'attends elle me sourit C B B Il faudrait que je lui parle Ă  tout prix Refrain - Em Em Je lui dirai les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux D D Parler me semble ridicule, je m'Ă©lance et puis je recule C C Devant une phrase inutile qui briserait l'instant fragile B B D'une rencontre, d'une rencontre Em Em Je lui dirai les mots bleus, ceux qui rendent les gens heureux D D Je l'appellerai sans la nommer, je suis peut ĂȘtre dĂ©modĂ© C C Le vent d'hiver souffle en avril, j'aime le silence immobile B B Am D'une rencontre, d'une rencontre Couplet 2 - Am Am Il n'y a plus d'horloge plus de clocher, dans le square les arbres sont couchĂ©s Am G Je reviens par le train de nuit G C Sur le quai je la vois qui me sourit C B B Il faudra bien qu'elle comprenne, Ă  tout prix. Refrain - Em Em Je lui dirai les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux D D Toutes les excuses que l'on donne sont comme les baisers que l'on volent C C Il reste une rancoeur subtile qui gĂącherait l'instant fragile B B De nos retrouvailles, nos retrouvailles Em Em Je lui dirai les mots bleus, ceux qui rendent les gens heureux D D Une histoire d'amour sans paroles n'a plus besoin du protocole C C Et tous les longs discours futiles terniraient quelque peu le style B B De nos retrouvailles, de nos retrouvailles Refrain - Em Em Je lui dirai les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux D D Je lui dirai tous les mots bleus, Tous ceux qui rendent les gens heureux... C C B Tous les mots bleus... B Tous les mots bleus... Outro - Em - Em D - D C - C B - B Donations Vous appreciez mon travail et voulez me soutenir ?Vous pouvez me soutenir en faisant un don ;

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Sarreter, repartir en arriere. Te raconter surtout les Carambars d'antan et les coco-boërs, Et les vrais roudoudous qui nous coupaient les levres, Et nous niquaient les dents, et les Mistrals Gagnants. Ah.. m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi, Regarder le soleil qui s'en va, Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fous,
PubliĂ© par sur Guitare Facile Dans cette sĂ©rie d’articles et de vidĂ©os, on va s’intĂ©resser Ă  un style fondamental Ă  la guitare le blues. Ici, on commence avec les bases et une grille constituĂ©e d’accords assez simples
 mais qui sonnent bien. A la fin de ce premier article, l’objectif est que vous jouiez ceci voir la vidĂ©o. Les bases de la guitare blues Le blues occupe une place centrale dans l’histoire de la musique moderne. La plupart des styles de musique actuels y plongent leurs racines, que ce soit le jazz, le rock, le reggae, et tout leurs dĂ©rivĂ©s. Je me souviens d’un poster chez un ami qui montrait ces ramifications
 Au centre de l’image, il y a avait cette photo de Robert Johnson, le premier vrai bluesman, dont la lĂ©gende raconte qu’il a reçu son talent d’un pacte signĂ© avec le diable
 Pourquoi apprendre Ă  jouer du blues Ă  la guitare ? Je vois trois excellentes raisons d’apprendre les bases du blues. Les voici 1 Dans ses bases, le blues est un style relativement simple. Vous faites tourner quelques accords, et vous pouvez vous accompagner au chant ou jouer avec d’autres musiciens. 2 La grille de blues est un standard universel. Quoi de mieux pour un petit buff que de faire tourner une grille de blues ? Tout le monde connaĂźt le I-IV-V, et c’est une excellente base pour l’improvisation. 3 La guitare est au blues, ce que le piano est au jazz l’instrument de rĂ©fĂ©rence. Si vous ĂȘtes guitariste, il est presque de votre devoir de savoir comment faire tourner une grille de blues. Et vous verrez de plus que c’est un style extrĂȘmement sympa ! Mais trĂȘve de bavardages ! Dans cet article, nous allons voir les bases du blues Ă  la guitare. Je vais rĂ©pondre Ă  plusieurs questions Qu’est-ce qu’une grille de blues ? » Comment dĂ©terminer les accords que vous devez jouer ? ». Et pour finir, nous verrons un exemple de grille de blues en La. Les grilles d’accords de blues Dans l’exemple que j’ai pris pour cet article, nous allez jouer une grille de blues en La sur 12 mesures. Sa structure est la suivante I-IV-V. En ce qui concerne la tonalitĂ© et le nombre de mesures, il n’est pas nĂ©cessaires de rentrer dans les dĂ©tails. En revanche, en ce qui concerne la structure I-IV-V, des explications supplĂ©mentaires seront sans doute les bienvenues ! Qu’est-ce que la progression I-IV-V ? La grille d’accords blues suit une progression I-IV-V. Ces chiffres correspondent aux diffĂ©rents degrĂ©s de la gamme que nous allons jouer. Vous vous demandez peut-ĂȘtre c’est quoi ces degrĂ©s » de la gamme ? » Pour l’expliquer trĂšs simplement, imaginez que vous remplaciez les notes de la gamme de Do par des numĂ©ros. Comme ceci Un blues en Do va donc impliquer de jouer les accords suivant Do I, Fa IV, Sol V. Ces degrĂ©s sont trĂšs utiles car ils permettent de parler objectivement » d’une note en indiquant sa position relative par rapport Ă  la note dominante = celle qui donne la tonalitĂ© du morceau. Les intervalles entre chaque degrĂ© restent les mĂȘmes 1 ton, 1 ton, 1/2 ton, 1 ton, 1 ton, 1 ton, et il faudra donc altĂ©rer les notes Ă  partir du moment oĂč on ne joue plus en Do. Mais pour rester simple, je vais prendre deux exemples sans rentrer dans ces subtilitĂ©s, afin de rendre la chose plus parlante pour le nĂ©ophyte Les degrĂ©s de la gamme de Mi Quand vous jouez un morceau en Mi, cette note constitue le premier degrĂ© de la gamme. Toutes les notes qui suivent sont dans le mĂȘme ordre la seule chose qui change, c’est l’endroit d’oĂč vous dĂ©marrez. Donc au lieu de Do, RĂ©, Mi, Fa, Sol, La, Si vous aurez Mi, Fa, Sol, La, Si, Do, RĂ©. Voici la reprĂ©sentation graphique des diffĂ©rents degrĂ©s de cette gamme de Mi avec, mis en gras, les accords qui nous intĂ©ressent pour le blues en I-IV-V En lisant simplement ce tableau, vous voyez quels sont les degrĂ©s I-IV-V de la gamme d’accords. Un blues en Mi va donc se jouer avec les accords de Mi, La, et Si. Les degrĂ©s de la gamme de La MĂȘme logique si on joue en La. Voici les degrĂ©s et le nom des notes qui y correspondent Un blues en La se joue donc avec les accords de La, RĂ©, et Mi. Cette explication simple vous permet de saisir ce qu’on appelle les degrĂ©s d’une gamme. Il y a bien sĂ»r d’autres subtilitĂ©s, mais vous avez lĂ  l’essentiel pour dĂ©buter et comprendre le principe. Si le solfĂšge ne vous est pas Ă©tranger, vous aurez ainsi rajoutĂ© par vous-mĂȘme les altĂ©rations des notes en Mi Mi, Fa, Sol, La, Si, Do, RĂ© ; et en La La, Si, Do, RĂ©, Mi, Fa, Sol. La structure d’une grille de blues Maintenant que vous savez Ă  quoi correspond la progression I-IV-V, intĂ©ressons-nous Ă  la structure d’une grille de blues. Autrement dit, Ă  quel moment joue-t-on tel ou tel accord ? Dans quel ordre, et pendant combien de temps ? Dans un premier temps, on va voir la grille indiquant les degrĂ©s jouĂ©s I-IV-V, et dans un second temps, nous allons voir un exemple avec un blues en La. Dans la reprĂ©sentation ci-dessous, sachez juste que chaque case reprĂ©sente une mesure de 4 temps Appliquons maintenant cette grille avec des accords de 7Ăšme bluesy et qui sonnent bien, dans la tonalitĂ© de La. Cela donne la grille suivante Dans l’ordre, on joue donc 4 mesures de La7, 2 mesures de RĂ©7, 2 mesures de La7, 1 mesure de Mi7, une mesure de RĂ©7, 1 mesure de La7 et enfin une mesure de Mi7. VoilĂ , vous avez votre grille de blues en La ! Diagrammes des accords jouĂ©s Allons un peu plus loin, avec les diagrammes des accords tirĂ©s du site 8notes qui sont jouĂ©s dans cette grille de blues en La. Car si vous dĂ©butez, il est probable que vous en aurez besoin ! NB Si vous ne savez pas lire les diagrammes, rendez-vous sur la page Tablatures et partitions. Vous y trouverez un document PDF Ă  tĂ©lĂ©charger qui est consacrĂ© Ă  la lecture des diagrammes, portĂ©es et tablatures. Vous pouvez bien sĂ»r jouer ces accords Ă  d’autres endroits du manche. Mais, comme je l’expliquais au dĂ©but de l’article, les blues en La et en Mi, en plus d’ĂȘtre trĂšs rĂ©pandus, sont aussi plus simples Ă  jouer pour les dĂ©butants, dans la mesure oĂč ils vous Ă©vitent de faire des barrĂ©s. Ajoutons Ă  cela un autre avantage en jouant en haut du manche et en ayant les mains libres » parce que vous n’avez pas Ă  jouer de barrĂ©, vous allez aussi pouvoir rajouter des petites notes de ci de lĂ  pour enrichir le rendu. Nous verrons cela dans un autre article. Comment commencer Ă  pratiquer votre grille de blues ? Maintenant que vous avez toutes les cartes en main grilles, structure de la progression et diagrammes des accords, vous allez pouvoir commencer Ă  pratiquer ce blues de base. La toute premiĂšre Ă©tape, c’est de vous mettre les accords dans les pattes, en les travaillant jusqu’à ce qu’ils passent bien. Ensuite, vous pourrez travailler la grille avec un mĂ©tronome. Dans la vidĂ©o ci-dessous, je vous montre une maniĂšre assez simple et classique de jouer cette grille. Au niveau rythmique, sur chaque dĂ©but de mesure, je commence par jouer deux fois la corde Ă  vide de chaque accord, histoire d’avoir un rythme un peu plus balancĂ©. Voici ce que ça donne Il ne vous reste plus qu’à travailler cette grille par vous-mĂȘme ! Pour conclure, j’espĂšre que ce premier article vous aidera Ă  bien dĂ©marrer votre apprentissage de la guitare blues. Les suivants s’intĂ©resseront plus en dĂ©tail Ă  la rythmique blues ou plutĂŽt, Ă  diffĂ©rents exemples de rythmiques blues, aux gammes blues, puis aux solos de guitare blues. Pour l’instant, cette sĂ©rie n’est pas totalement dĂ©finie. Donc si vous avez des questions ou que vous voulez que j’aborde des points plus particuliers, vous pouvez me l’indiquer dans les commentaires.
AucƓur d'une bataille mĂ©diatique et judiciaire entre ses enfants, David Hallyday et Laura Smet, et sa femme LĂŠticia, l'album posthume de Johnny Hallyday devrait ravir les amateurs de rock. D
Alfred de MUSSET Lorenzaccio 1834 _______________________________________ LES PERSONNAGES ALEXANDRE DE MEDICIS, duc de Florence. LORENZO DE MEDICIS LORENZACCIO, COME DE MEDICIS, } ses cousins LE CARDINAL CIBO LE MARQUIS CIBO, son frÚre. SIRE MAURICE, chancelier des Huit. LE CARDINAL BACCIO VALORI, commissaire apostolique JULIEN SALVIATI PHILIPPE STROZZI PIERRE STROZZI, THOMAS STROZZI, LEON STROZZI, prieur de Capoue, } ses fils ROBERTO CORSINI, provéditeur de la forteresse PALLA RUCCELLAI, ALAMANNO SALVIATI, FRANCOIS PAZZI, } seigneurs républicains BINDO ALTOVITI, oncle de Lorenzo VENTURI, bourgeois TEBALDEO, peintre SCORONCONCOLO, spadassin LES HUIT GIOMO LE HONGROIS, écuyer du duc MAFFIO, bourgeois MARIE SODERINI, mÚre de Lorenzo CATHERINE GINORI, tante de Lorenzo LA MARQUISE CIBO LOUISE STROZZI DEUX DAMES DE LA COUR ET UN OFFICIER ALLEMAND UN ORFEVRE, UN MARCHAND, DEUX PRECEPTEURS ET DEUX ENFANTS, PAGES, SOLDATS, MOINES, COURTISANS, BANNIS, ECOLIERS, DOMESTIQUES, BOURGEOIS, ETC., ETC. La scÚne est à Florence ACTE PREMIER SCENE PREMIERE Un jardin. - Clair de lune; un pavillon dans le fond, un autre sur le devant. Entrent LE DUC et LORENZO, couverts de leurs manteaux; GIOMO, une lanterne à la main. LE DUC Qu'elle se fasse attendre encore un quart d'heure, et je m'en vais. Il fait un froid de tous les diables. LORENZO Patience, altesse, patience. LE DUC Elle devait sortir de chez sa mÚre à minuit; il est minuit, et elle ne vient pourtant pas. LORENZO Si elle ne vient pas, dites que je suis un sot, et que la vieille mÚre est une honnÃÂȘte femme. LE DUC Entrailles du pape! avec tout cela je suis volé d'un millier de ducats! LORENZO Nous n'avons avancé que moitié. Je réponds de la petite. Deux grands yeux languissants, cela ne trompe pas. Quoi de plus curieux pour le connaisseur que la débauche à la mamelle? Voir dans une enfant de quinze ans la rouée à venir; étudier, ensemencer, infiltrer paternellement le filon mystérieux du vice dans un conseil d'ami, dans une caresse au menton; tout dire et ne rien dire, selon le caractÚre des parents; - habituer doucement l'imagination qui se développe à donner des corps à ses fantÎmes, à toucher ce qui l'effraye, à mépriser ce qui la protÚge! Cela va plus vite qu'on ne pense; le vrai mérite est de frapper juste. Et quel trésor que celle-ci! tout ce qui peut faire passer une nuit délicieuse à Votre Altesse! Tant de pudeur! Une jeune chatte qui veut bien des confitures, mais qui ne veut pas se salir la patte. Proprette comme une Flamande! La médiocrité bourgeoise en personne. D'ailleurs, fille de bonnes gens, à qui leur peu de fortune n'a pas permis une éducation solide; point de fond dans les principes, rien qu'un léger vernis; mais quel flot violent d'un fleuve magnifique sous cette couche de glace fragile qui craque à chaque pas! Jamais arbuste en fleur n'a promis de fruits plus rares, jamais je n'ai humé dans une atmosphÚre enfantine plus exquise odeur de courtisanerie. LE DUC Sacrebleu! je ne vois pas le signal. Il faut pourtant que j'aille au bal chez Nasi; c'est aujourd'hui qu'il marie sa fille. GIOMO Allons au pavillon, monseigneur. Puisqu'il ne s'agit que d'emporter une fille qui est à moitié payée, nous pouvons bien taper aux carreaux. LE DUC Viens par ici; le Hongrois a raison. Ils s'éloignent. - Entre Maffio. GIOMO Il me semblait dans mon rÃÂȘve voir ma soeur traverser notre jardin tenant une lanterne sourde, et couverte de pierreries. Je me suis éveillé en sursaut. Dieu sait que ce n'est qu'une illusion, mais une illusion trop forte pour que le sommeil ne s'enfuie pas devant elle. Grùce au ciel, les fenÃÂȘtres du pavillon oÃÂč couche la petite sont fermées comme de coutume; j'aperçois faiblement la lumiÚre de sa lampe entre les feuilles de notre vieux figuier. Maintenant mes folles terreurs se dissipent; les battements précipités de mon coeur font place à une douce tranquillité. Insensé! mes yeux se remplissent de larmes, comme si ma pauvre soeur avait couru un véritable danger. - Qu'entends-je? Qui remue là entre les branches? La soeur de Maffio passe dans l'éloignement. Suis-je éveillé? c'est le fantÎme de ma soeur. Il tient une lanterne sourde, et un collier brillant étincelle sur sa poitrine aux rayons de la lune. Gabrielle! Gabrielle! oÃÂč vas-tu? Rentrent Giomo et le duc. GIOMO Ce sera le bonhomme de frÚre pris de somnambulisme. - Lorenzo conduira votre belle au palais par la petite porte; et quant à nous, qu'avons-nous à craindre? MAFIO Qui ÃÂȘtes-vous? Holà ! arrÃÂȘtez! Il tire son épée. GIOMO HonnÃÂȘte rustre, nous sommes tes amis. MAFIO OÃÂč est ma soeur? que cherchez-vous ici? GIOMO Ta soeur est dénichée, brave canaille. Ouvre la grille de ton jardin. MAFIO Tire ton épée et défends-toi, assassin que tu es! GIOMO saute sur lui et le désarme. Halte-là ! maÃtre sot, pas si vite. MAFIO O honte! Î excÚs de misÚre! S'il y a des lois à Florence si quelque justice vit encore sur la terre, par ce qu'il y a de vrai; et de sacré au monde, je me jetterai aux pieds du duc, et il vous fera pendre tous les deux. GIOMO Aux pieds du duc? MAFFIO Oui, oui, je sais que les gredins de votre espÚce égorgent impunément les familles. Mais que je meure, entendez-vous, je ne mourrai pas silencieux comme tant d'autres. Si le duc ne sait pas que sa ville est une forÃÂȘt pleine de bandits, pleine d'empoisonneurs et de filles déshonorées, en voilà un qui le lui dira. Ah! massacre! ah! fer et sang! j'obtiendrai justice de vous! GIOMO, l'épée à la main. Faut-il frapper, Altesse? LE DUC Allons donc! frapper ce pauvre homme! Va te recoucher, mon ami; nous t'enverrons demain quelques ducats. Il sort. MAFIO C'est Alexandre de Médicis! GIOMO Lui-mÃÂȘme, mon brave rustre. Ne te vante pas de sa visite, si tu tiens à tes oreilles. Il sort. SCENE II Une rue. - Le point du jour. Plusieurs masques sortent d'une maison illuminée. UN MARCHAND DE SOIERIES et UN ORFEVRE ouvrent leurs boutiques. LE MARCHAND DE SOIERIES Hé, hé, pÚre Mondella, voilà bien du vent pour mes étoffes. Il étale ses piÚces de soie. L'ORFEVRE, bùillant. C'est à se casser la tÃÂȘte. Au diable leur noce! je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. LE MARCHAND Ni ma femme non plus, voisin; la chÚre ùme s'est tournée et retournée comme une anguille. Ah! dame! quand on est jeune, on ne s'endort pas au bruit des violons. L'ORFEVRE Jeune! jeune! cela vous plaÃt à dire. On n'est pas jeune avec une barbe comme celle-là , et cependant Dieu sait si leur damnée de musique me donne envie de danser. Deux écoliers passent. PREMIER ECOLIER Rien n'est plus amusant. On se glisse contre la porte au milieu des soldats, et on les voit descendre avec leurs habits de toutes les couleurs. Tiens, voilà la maison des Nasi. Il souffle dans ses doigts. Mon portefeuille me glace les mains. DEUXIEME ECOLIER Et on nous laissera approcher? PREMIER ECOLIER En vertu de quoi est-ce qu'on nous en empÃÂȘcherait? Nous sommes citoyens de Florence. Regarde tout ce monde autour de la porte; en voilà des chevaux, des pages et des 160 livrées! Tout cela va et vient, il n'y a qu'à s'y connaÃtre un peu; je suis capable de nommer toutes les personnes d'importance on observe bien tous les costumes, et le soir on dit à l'atelier J'ai une terrible envie de dormir, j'ai passé la nuit au bal chez le prince Aldobrandini, chez le comte Salviati, le prince était habillé de telle façon, la princesse de telle autre, et on ne ment pas. Viens, prends ma cape par derriÚre. Ils se placent contre la porte de la maison. L'ORFEVRE Entendez-vous les petits badauds? Je voudrais qu'un de mes apprentis fÃt un pareil métier. LE MARCHAND Bon! bon! pÚre Mondella, oÃÂč le plaisir ne coûte rien, la jeunesse n'a rien à perdre. Tous ces grands yeux étonnés de ces petits polissons me réjouissent le coeur. - Voilà comme j'étais, humant l'air et cherchant les nouvelles. Il paraÃt que la Nasi est une belle gaillarde et que Martelli est un heureux garçon. C'est une famille bien florentine, celle-là ! Quelle tournure ont tous ces grands seigneurs! J'avoue que ces fÃÂȘtes-là me font plaisir, moi. On est dans son lit bien tranquille, avec un coin de ses rideaux retroussé, on regarde de temps en temps les lumiÚres qui vont et viennent dans le palais; on attrape un petit air de danse sans rien payer, et on se dit Hé! hé! ce sont mes étoffes qui dansent, mes belles étoffes du bon Dieu, sur le cher corps de tous ces braves et loyaux seigneurs. L'ORFEVRE Il en danse plus d'une qui n'est pas payée, voisin; ce sont celles-là qu'on arrose de vin et qu'on frotte sur les murailles avec le moins de regret. Que les grands seigneurs s'amusent, c'est tout simple, - ils sont nés pour cela. Mais il y a des amusements de plusieurs sortes, entendez-vous? LE MARCHAND Oui, oui, comme la danse, le cheval, le jeu de paume et tant d'autres. Qu'entendez-vous vous-mÃÂȘme, pÚre Mondella? L'ORFEVRE Cela suffit. - Je me comprends. - C'est-à -dire que les murailles de tous ces palais-là n'ont jamais mieux prouvé leur solidité. Il leur fallait moins de force pour défendre les aïeux de l'eau du ciel, qu'il ne leur en faut pour soutenir les fils quand ils ont trop pris de leur vin. LE MARCHAND Un verre de vin est de bon conseil, pÚre Mondella. Entrez donc dans ma boutique, que je vous montre une piÚce de velours. L'ORFEVRE Oui, de bon conseil et de bonne mine, voisin; un bon verre de vin vieux a une bonne mine au bout d'un bras qui a sué pour le gagnera; on le soulÚve gaiement d'un petit coup, et il s'en va donner du courage au coeur de l'honnÃÂȘte homme qui travaille pour sa famille. Mais ce sont des tonneaux sans vergogne, que tous ces godelureaux de la Cour. A qui fait-on plaisir en s'abrutissant jusqu'à la bÃÂȘte féroce? A personne, pas mÃÂȘme à soi, et à Dieu encore moins. LE MARCHAND Le carnaval a été rude, il faut l'avouer et leur maudit ballons m'a gùté de la marchandise pour une cinquantaine de florins Note 1. Dieu merci! les Strozzi l'ont payé. L'ORFEVRE Les Strozzi! Que le ciel confonde ceux qui ont osé porter la main sur leur neveu! Le plus brave homme de Florence, c'est Philippe Strozzi. LE MARCHAND Cela n'empÃÂȘche pas Pierre Strozzi d'avoir traÃné son maudit ballon sur ma boutique, et de m'avoir fait trois grandes taches dans une aune de velours brodé. A propos, pÚre Mondella, nous verrons-nous à Montolivet? L'ORFEVRE Ce n'est pas mon métier de suivre les foires; j'irai cependant à Montolivet par piété. C'est un saint pÚlerinage, voisin, et qui remet tous les péchés. LE MARCHAND Et qui est tout à fait vénérable, voisin, et qui fait gagner les marchands plus que tous les autres jours de l'année. C'est plaisir de voir ces bonnes dames, sortant de la messe, manier, examiner toutes les étoffes. Que Dieu conserve Son Altesse! La Cour est une belle chose. L'ORFEVRE La Cour! le peuple la porte sur le dos, voyez-vous! Florence était encore il n'y a pas longtemps de cela une bonne maison bien bùtie; tous ces grands palais, qui sont les logements de nos grandes familles, en étaient les colonnes. Il n'y en avait pas une, de toutes ces colonnes, qui dépassùt les autres d'un pouce, elles soutenaient à elles toutes une vieille voûte bien cimentée, et nous nous promenions là -dessous sans crainte d'une pierre sur la tÃÂȘte. Mais il y a de par le monde deux architectes malavisés qui ont gùté l'affaire; je vous le dis en confidence, c'est le pape et l'empereur Charles. L'empereur Charles a commencé par entrer par une assez bonne brÚche dans la susdite maison. AprÚs quoi, ils ont jugé à propos de prendre une des colonnes dont je vous parle, à savoir celle de la famille des Médicis, et d'en faire un clocher, lequel clocher a poussé comme un champignon de malheur dans l'espace d'une nuit. Et puis, savez-vous, voisin! comme l'édifice branlait au vent, attendu qu'il avait la tÃÂȘte trop lourde et une jambe de moins, on a remplacé le pilier devenu clocher par un gros pùté informe fait de boue et de crachat, et on a appelé cela la citadelle. Les Allemands se sont installés dans ce maudit trou, comme des rats dans un fromage, et il est bon de savoir que, tout en jouant aux dés et en buvant leur vin aigrelet, ils ont l'oeil sur nous autres. Les familles florentines ont beau crier, le peuple et les marchands ont beau dire, les Médicis gouvernent au moyen de leur garnison; ils nous dévorent comme une excroissance vénéneuse dévore un estomac malade. C'est en vertu des hallebardes qui se promÚnent sur la plate-forme qu'un bùtard, une moitié de Médicis, un butor que le ciel avait fait pour ÃÂȘtre garçon boucher ou valet de charrue, couche dans le lit de nos filles, boit nos bouteilles, casse nos vitres; et encore le paye-t-on pour cela. LE MARCHAND Peste! peste! comme vous y allez! Vous avez l'air de savoir tout cela par coeur; il ne ferait pas bon dire cela dans toutes les oreilles, voisin Mondella. L'ORFEVRE Et quand on me bannirait comme tant d'autres! On vit à Rome aussi bien qu'ici. Que le diable emporte la noce, ceux qui y dansent et ceux qui la font! Il rentre. Le marchand se mÃÂȘle aux curieux. - Passe un bourgeois avec sa femme. LA FEMME Guillaume Martelli est un bel homme, et riche. C'est un bonheur pour Nicolo Nasi d'avoir un gendre comme celui-là . Tiens! le bal dure encore. - Regarde donc toutes ces lumiÚres. LE BOURGEOIS Et nous, notre fille, quand la marierons-nous? LA FEMME Comme tout est illuminé! danser encore à l'heure qu'il est, c'est là une jolie fÃÂȘte! - On dit que le duc y est. LE BOURGEOIS Faire du jour la nuit et de la nuit le jour, c'est un moyen commode de ne pas voir les honnÃÂȘtes gens. Une belle invention, ma foi, que des hallebardes à la porte d'une noce! Que le bon Dieu protÚge la ville! Il en sort tous les jours de nouveau, de ces chiens d'Allemands, de leur damnée forteresse. LA FEMME Regarde donc le joli masque. Ah! la belle robe! Hélas! tout cela coûte trÚs cher, et nous sommes bien pauvres à la maison. Ils sortent. UN SOLDAT, au marchand. Gare! canaille! laisse passer les chevaux. LE MARCHAND Canaille toi-mÃÂȘme, Allemand du diable! Le soldat le frappe de sa pique. LE MARCHAND, se retirant. Voilà comme on suit la capitulation! Ces gredins-là maltraitent les citoyens. Il rentre chez lui. L'ECOLIER, à son camarade. Vois-tu celui-là qui Îte son masque? C'est Palla Ruccellai. Un fier luron! Ce petit-là , à cÎté de lui, c'est Thomas Strozzi, Masaccio, comme on dit. UN PAGE, criant. Le cheval de Son Altesse! LE SECOND ECOLIER Allons-nous-en, voilà le duc qui sort. LE PREMIER ECOLIER Crois-tu pas qu'il va te manger? La foule augmente à la porte. L'ECOLIER Celui-là , c'est Nicolini; celui-là , c'est le provéditeur. Le duc sort, vÃÂȘtu en religieuse, avec Julien Salviati, habillé de mÃÂȘme, tous deux masqués. LE DUC, montant à cheval. Viens-tu, Julien? SALVIATI Non, Altesse, pas encore. Il lui parle à l'oreille. LE DUC Bien, bien, ferme! SALVIATI Elle est belle comme un démon. - Laissez-moi faire! Si je peux me débarrasser de ma femme!... Il rentre dans le bal. LE DUC Tu es gris, Salviati. Le diable m'emporte, tu vas de travers. Il part avec sa suite. L'ECOLIER Maintenant que voilà le duc parti, il n'y en a pas pour longtemps. Les masques sortent de tous cÎtés. LE SECOND ECOLIER Rose, vert, bleu, j'en ai plein les yeux; la tÃÂȘte me tourne. UN BOURGEOIS Il paraÃt que le souper a duré longtemps. En voilà deux qui ne peuvent plus se tenir. Le provéditeur monte à cheval; une bouteille cassée lui tombe sur l'épaule. LE PROVEDITEUR Eh, ventrebleu! quel est l'assommeur, ici? UN MASQUE Eh! ne le voyez-vous pas, seigneur Corsini? Tenez, regardez à la fenÃÂȘtre; c'est Lorenzo, avec sa robe de nonne. LE PROVEDITEUR Lorenzaccio, le diable soit de toi! Tu as blessé mon cheval. La fenÃÂȘtre se ferme. Peste soit de l'ivrogne et de ses farces silencieuses! Un gredin qui n'a pas souri trois fois dans sa vie, et qui passe le temps à des espiÚgleries d'écolier en vacance! Il part. - Louise Strozzi sort de la maison, accompagnée de Julien Salviati; il lui tient l'étrier. Elle monte à cheval; un écuyer et une gouvernante la suivent. JULIEN La jolie jambe, chÚre fille! Tu es un rayon de soleil, et tu as brûlé la moelle de mes os. LOUISE Seigneur, ce n'est pas là le langage d'un cavalier. JULIEN Quels yeux tu as, mon cher coeur! Quelle belle épaule à essuyer, tout humide et si fraÃche! Que faut-il te donner pour ÃÂȘtre ta camériste cette nuit? Le joli pied à déchausser! LOUISE Lùche mon pied, Salviati. JULIEN Non, par le corps de Bacchus! jusqu'à ce que tu m'aies dit quand nous coucherons ensemble. Louise frappe son cheval et part au galop. UN MASQUE, à Julien. La petite Strozzi s'en va rouge comme la braise-vous l'avez fùchée, Salviati. JULIEN Baste! colÚre de jeune fille et pluie du matin... Il sort. SCENE III Chez le marquis Cibo. LE MARQUIS, en habit de voyage; LA MARQUISE; ASCANIO; LE CARDINAL CIBO, assis. LE MARQUIS, Embrassant son fils. Je voudrais pouvoir t'emmener, petit, toi et ta grande épée qui te traÃne entre les jambes. Prends patience; Massa n'est pas bien loin, et je te rapporterai un bon cadeau. LA MARQUISE Adieu, Laurent; revenez, revenez! LE CARDINAL Marquise, voilà des pleurs qui sont de trop. Ne dirait-on pas que mon frÚre part pour la Palestine? Il ne court pas grand danger dans ses terres, je crois. LE MARQUIS Mon frÚre, ne dites pas de mal de ces belles larmes. Il embrasse sa femme. LE CARDINAL Je voudrais seulement que l'honnÃÂȘteté n'eût pas cette apparence. LA MARQUISE L'honnÃÂȘteté n'a-t-elle point de larmes, monsieur le cardinal? Sont-elles toutes au repentir ou à la crainte? LE MARQUIS Non, par le ciel! car les meilleures sont à l'amour. N'essuyez pas celles-ci sur mon visage, le vent s'en chargera en route; qu'elles se sÚchent lentement! Eh bien, ma chÚre, vous ne me dites rien pour vos favoris? N'emporterai-je pas, comme de coutume, quelque belle harangue sentimentale à faire de votre part aux roches et aux cascades de mon vieux patrimoine? LA MARQUISE Ah! mes pauvres cascatelles! LE MARQUIS C'est la vérité, ma chÚre ùme, elles sont toutes tristes sans vous. Plus bas. Elles ont été joyeuses autrefois, n'est-il pas vrai, Ricciarda? LA MARQUISE Emmenez-moi! LE MARQUIS Je le ferais si j'étais fou, et je le suis presque, avec ma vieille mine de soldat. N'en parlons plus; - ce sera l'affaire d'une semaine. Que ma chÚre Ricciarda voie ses jardins quand ils sont tranquilles et solitaires; les pieds boueux de mes fermiers ne laisseront pas de trace dans ses allées chéries. C'est à moi de compter mes vieux troncs d'arbres qui me rappellent ton pÚre Albéric, et tous les brins d'herbe de mes bois; les métayers et leurs boeufs, tout cela me regarde. A la premiÚre fleur que je verrai pousser, je mets tout à la porte, et je vous emmÚne alors. LA MARQUISE La premiÚre fleur de notre belle pelouse m'est toujours chÚre. L'hiver est si long! Il me semble toujours que ces pauvres petites ne reviendront jamais. ASCANIO Quel cheval as-tu, mon pÚre, pour t'en aller? LE MARQUIS Viens avec moi dans la cour, tu le verras. Il sort. - La marquise reste seule avec le cardinal. - Un silence. LE CARDINAL N'est-ce pas aujourd'hui que vous m'avez demandé d'entendre votre confession, marquise? LA MARQUISE Dispensez-m'en, cardinal. Ce sera pour ce soir, si Votre Eminence est libre, ou demain, comme elle voudra. - Ce moment-ci n'est pas à moi. Elle se met à la fenÃÂȘtre et fait un signe d'adieu à son mari. LE CARDINAL Si les regrets étaient permis à un fidÚle serviteur de Dieu, j'envierais le sort de mon frÚre. - Un si court voyage si simple, si tranquille! une visite à une de ses terres qui n'est qu'à quelques pas d'ici! - une absence d'une semaine, - et tant de tristesse, une si douce tristesse, veux-je dire, à son départ! Heureux celui qui sait se faire aimer ainsi aprÚs sept années de mariage! N'est-ce pas sept années, marquise? LA MARQUISE Oui, cardinal; mon fils a six ans. LE CARDINAL Etiez-vous hier à la noce des Nasi? LA MARQUISE Oui, j'y étais. LE CARDINAL Et le duc en religieuse? LA MARQUISE Pourquoi le duc en religieuse? LE CARDINAL On m'avait dit qu'il avait pris ce costume; il se peut qu'on m'ait trompé. LA MARQUISE Il l'avait en effet. Ah! Malaspina, nous sommes dans un triste temps pour toutes les choses saintes! LE CARDINAL On peut respecter les choses saintes, et, dans un jour de folie, prendre le costume de certains couvents, sans aucune intention hostile à la sainte Eglise catholique. LA MARQUISE L'exemple est à craindre, et non l'intention. Je ne suis pas comme vous, cela m'a révoltée. Il est vrai que je ne sais pas bien ce qui se peut et ce qui ne se peut pas, selon vos rÚgles mystérieuses. Dieu sait oÃÂč elles mÚnent. Ceux qui mettent les mots sur leur enclume, et qui les tordent avec un marteau et une lime, ne réfléchissent pas toujours que ces mots représentent des pensées, et ces pensées des actions. LE CARDINAL Bon! bon, le duc est jeune, marquise, et gageons que cet habit coquet des nonnes lui allait à ravir. LA MARQUISE On ne peut mieux, il n'y manquait que quelques gouttes du sang de son cousin, Hippolyte de Médicis. LE CARDINAL Et le bonnet de la Liberté, n'est-il pas vrai, petite soeur? Quelle haine pour ce pauvre duc! LA MARQUISE Et vous, son bras droit, cela vous est égal que le duc de Florence soit le préfet de Charles-Quint, le commissaire civil du pape, comme Baccio est son commissaire religieux? Cela vous est égal, à vous, frÚre de mon Laurent, que notre soleil, à nous, promÚne sur la citadelle des ombres allemandes? que César parle ici dans toutes les bouches? que la débauche serve d'entremetteuse à l'esclavage, et secoue ses grelots sur les sanglots du peuple? Ah! le clergé sonnerait au besoin toutes ses cloches pour en étouffer le bruit a pour réveiller l'aigle impérial, s'il s'endormait sur nos pauvres toits. Elle sort. LE CARDINAL, seul, soulÚve la tapisserie et appelle à voix basse. Agnolo! Entre un page. Quoi de nouveau aujourd'hui? AGNOLO Cette lettre, monseigneur. LE CARDINAL Donne-la-moi. AGNOLO Hélas! Eminence, c'est un péché. LE CARDINAL Rien n'est un péché quand on obéit à un prÃÂȘtre de l'Eglise romaine. Agnolo remet la lettre. LE CARDINAL Cela est comique d'entendre les fureurs de cette pauvre marquise, et de la voir courir à un rendez-vous d'amour avec le cher tyran, toute baignée de larmes républicaines. Il ouvre la lettre et lit. "Ou vous serez à moi, ou vous aurez fait mon malheur, le vÎtre, et celui de nos deux maisons." Le style du duc est laconique, mais il ne manque pas d'énergie. Que la marquise soit convaincue ou non, voilà le difficile à savoir. Deux mois de cour presque assidue, c'est beaucoup pour Alexandre; ce doit ÃÂȘtre assez pour Ricciarda Cibo. Il rend la lettre au page. Remets cela chez ta maÃtresse; tu es toujours muet, n'est-ce pas? Compte sur moi. Il lui donne sa main à baiser et sort. SCENE IV Une cour du palais du duc. LE DUC ALEXANDRE, sur une terrasse. Des pages exercent des chevaux dans la cour. Entrent VALORI et SIRE MAURICE. LE DUC, à Valori. Votre Eminence a-t-elle reçu ce matin des nouvelles de la Cour de Rome? VALORI Paul III envoie mille bénédictions à Votre Altesse, et fait les voeux les plus ardents pour sa prospérité. LE DUC Rien que des voeux, Valori? VALORI Sa Sainteté craint que le duc ne se crée de nouveaux dangers par trop d'indulgence. Le peuple est mal habitué à la domination absolue; et César, à son dernier voyage, en a dit autant, je crois, à Votre Altesse. LE DUC Voilà , pardieu, un beau cheval, sire Maurice! Eh! quelle croupe de diable! SIRE MAURICE Superbe, Altesse. LE DUC Ainsi, monsieur le commissaire apostolique, il y a encore quelques mauvaises branches à élaguer. César et le pape ont fait de moi un roi; mais, par Bacchus, ils m'ont mis dans la main une espÚce de sceptre qui sent la hache d'une lieue. Allons, voyons, Valori, qu'est-ce que c'est? VALORI Je suis un prÃÂȘtre, Altesse; si les paroles que mon devoir me force à vous rapporter fidÚlement doivent ÃÂȘtre interprétées d'une maniÚre aussi sévÚre, mon coeur me défend d'y ajouter un mot. LE DUC Oui, oui, je vous connais pour un brave. Vous ÃÂȘtes, pardieu, le seul prÃÂȘtre honnÃÂȘte homme que j'aie vu de ma vie. VALORI Monseigneur, l'honnÃÂȘteté ne se perd ni ne se gagne sous aucun habit, et parmi les hommes il y a plus de bons que de méchants. LE DUC Ainsi donc, point d'explications? SIRE MAURICE Voulez-vous que je parle, monseigneur? tout est facile à expliquer. LE DUC Eh bien? SIRE MAURICE Les désordres de la Cour irritent le pape. LE DUC Que dis-tu là , toi? SIRE MAURICE J'ai dit les désordres de la Cour, Altesse; les actions du duc n'ont d'autre juge que lui-mÃÂȘme. C'est Lorenzo de Médicis que le pape réclame comme transfuge de sa justice. LE DUC De sa justice? Il n'a jamais offensé de pape, à ma connaissance, que Clément VII, feu mon cousin, à cette heure, est en enfer. SIRE MAURICE Clément VII a laissé sortir de ses Etats le libertin qui, un jour d'ivresse, avait décapité les statues de l'arc de Constantin. Paul III ne saurait pardonner au modÚle titré de la débauche florentine. LE DUC Ah! parbleu, Alexandre FarnÚse est un plaisant garçon! Si la débauche l'effarouche, que diable fait-il de son bùtard, le cher Pierre FarnÚse, qui traite si joliment l'évÃÂȘque de Fano? Cette mutilation revient toujours sur l'eau, à propos de ce pauvre Renzo. Moi, je trouve cela drÎle, d'avoir coupé la tÃÂȘte à tous ces hommes de pierre. Je protÚge les arts comme un autre, et j'ai chez moi les premiers artistes de l'Italie; mais je n'entends rien au respect du pape pour ces statues qu'il excommunierait demain, si elles étaient en chair et en os. SIRE MAURICE Lorenzo est un athée, il se moque de tout. Si le gouvernement de Votre Altesse n'est pas entouré d'un profond respect, il ne saurait ÃÂȘtre solide. Le peuple appelle Lorenzo, Lorenzaccio; on sait qu'il dirige vos plaisirs, et cela suffit. LE DUC Paix! tu oublies que Lorenzo de Médicis est cousin d'Alexandre. Entre le cardinal Cibo. Cardinal, écoutez un peu ces messieurs qui disent que le pape est scandalisé des désordres de ce pauvre Renzo, et qui prétendent que cela fait tort à mon gouvernement. LE CARDINAL Messire Francesco Molza vient de débiter à l'Académie romaine une harangue en latin contre le mutilateur de l'arc de Constantin. LE DUC Allons donc, vous me mettriez en colÚre! Renzo, un homme à craindre! le plus fieffé poltron! une femmelette, l'ombre d'un ruffian énervé! un rÃÂȘveur qui marche nuit et jour sans épée, de peur d'en apercevoir l'ombre à son cÎté! d'ailleurs un philosophe, un gratteur de papier, un méchant poÚte qui ne sait seulement pas faire un sonnet! Non, non, je n'ai pas encore peur des ombres! Eh! corps de Bacchus! que me font les discours latins et les quolibets de ma canaille! J'aime Lorenzo, moi, et, par la mort de Dieu! il restera ici. LE CARDINAL Si je craignais cet homme, ce ne serait pas pour votre Cour, ni pour Florence, mais pour vous, Duc. LE DUC Plaisantez-vous, cardinal, et voulez-vous que je vous dise la vérité? Il lui parle bas. Tout ce que je sais de ces damnés bannis, de tous ces républicains entÃÂȘtés qui complotent autour de moi, c'est par Lorenzo que je le sais. Il est glissant comme une anguille; il se fourre partout et me dit tout. N'a-t-il pas trouvé moyen d'établir une correspondance avec tous ces Strozzi de l'enfer? Oui, certes, c'est mon entremetteur; mais croyez que son entremise, si elle nuit à quelqu'un, ne me nuira pas. Tenez! Lorenzo parait au fond d'une galerie basse. Regardez-moi ce petit corps maigre, ce lendemain d'orgie ambulant. Regardez-moi ces yeux plombés, ces mains fluettes et maladives, à peine assez fermes pour soutenir un éventail, ce visage morne, qui sourit quelquefois, mais qui n'a pas la force de rire. C'est là un homme à craindre? Allons, allons, vous vous moquez de lui Hé! Renzo, viens donc ici, voilà sire Maurice qui te cherche dispute. LORENZO monte l'escalier de la terrasse. Bonjour, messieurs les amis de mon cousin. LE DUC Lorenzo, écoute ici. Voilà une heure que nous parlons de toi. Sais-tu la nouvelle? Mon ami, on t'excommunie en latin et sire Maurice t'appelle un homme dangereux, le cardinal aussi; quant au bon Valori, il est trop honnÃÂȘte homme pour prononcer ton nom. LORENZO Pour qui dangereux, Eminence? pour les filles de joie ou pour les saints du paradis? LE CARDINAL Les chiens de Cour peuvent ÃÂȘtre pris de la rage comme les autres chiens LORENZO Une insulte de prÃÂȘtre doit se faire en latin. SIRE MAURICE Il s'en fait en toscan, auxquelles on peut répondre. LORENZO Sire Maurice, je ne vous voyais pas, excusez-moi, j'avais le soleil dans les yeux; mais vous avez un bon visage, et votre habit me paraÃt tout neuf. SIRE MAURICE Comme votre esprit; je l'ai fait faire d'un vieux pourpoint de mon grand-pÚre. LORENZO Cousin, quand vous aurez assez de quelque conquÃÂȘte des faubourgs, envoyez-la donc chez sire Maurice. Il est malsain de vivre sans femme, pour un homme qui a, comme lui, le cou court et les mains velues. SIRE MAURICE Celui qui se croit le droit de plaisanter doit savoir se défendre. A votre place, je prendrais une épée. LORENZO Si l'on vous a dit que j'étais un soldat, c'est une erreur; je suis un pauvre amant de la science. SIRE MAURICE Votre esprit est une épée acérée, mais flexible. C'est une arme trop vile; chacun fait usage des siennes. Il tire son épée. VALORI Devant le duc, l'épée nue! LE DUC, riant. Laissez faire, laissez faire. Allons, Renzo, je veux te servir de témoin; qu'on lui donne une épée! LORENZO Monseigneur que dites-vous là ? LE DUC Eh bien! ta gaieté s'évanouit si vite? Tu trembles, cousin? Fi donc! tu fais honte au nom des Médicis. Je ne suis qu'un bùtard, et je le porterais mieux que toi, qui es légitime? Une épée, une épée! un Médicis ne se laisse point provoquer ainsi. Pages, montez ici; toute la Cour le verra, et je voudrais que Florence entiÚre y fût. LORENZO Son Altesse se rit de moi. LE DUC J'ai ri tout à l'heure, mais maintenant je rougis de honte. Une épée! Il prend l'épée d'un page et la présente à Lorenzo. VALORI Monseigneur, c'est pousser trop loin les choses. Une épée tirée en présence de Votre Altesse est un crime punissable dans l'intérieur du palais. LE DUC Qui parle ici, quand je parle? VALORI Votre Altesse ne peut avoir eu d'autre dessein que celui de s'égayer un instant, et sire Maurice lui-mÃÂȘme n'a point agi dans une autre pensée. LE DUC Et vous ne voyez pas que je plaisante encore? Qui diable pense ici à une affaire sérieuse? Regardez Renzo, je vous en prie; ses genoux tremblent, il serait devenu pùle, s'il pouvait le devenir. Quelle contenance, juste Dieu! je crois qu'il va tomber. Lorenzo chancelle; il s'appuie sur la balustrade et glisse à terre tout d'un coup. LE DUC, riant aux éclats. Quand je vous le disais! personne ne le sait mieux que moi; la seule vue d'une épée le fait trouver mal. Allons, chÚre Lorenzetta, fais-toi emporter chez ta mÚre. Les pages relÚvent Lorenzo. SIRE MAURICE Double poltron! fils de catin! LE DUC Silence, sire Maurice, pesez vos paroles, c'est moi qui vous le dis maintenant. Pas de ces mots-là devant moi. VALORI Pauvre jeune homme! Sire Maurice et Valori sortent. LE CARDINAL, resté seul avec le duc. Vous croyez à cela, monseigneur? LE DUC Je voudrais bien savoir comment je n'y croirais pas. LE CARDINAL Hum! c'est bien fort. LE DUC C'est justement pour cela que j'y crois. Vous figurez-vous qu'un Médicis se déshonore publiquement, par partie de plaisirs? D'ailleurs ce n'est pas la premiÚre fois que cela lui arrive; jamais il n'a pu voir une épée. LE CARDINAL C'est bien fort, c'est bien fort! Ils sortent. SCENE V Devant l'église de Saint-Miniato, à Montolivet. La foule sort de l'église. UNE FEMME, à sa voisine. Retournez-vous ce soir à Florence? LA VOISINE Je ne reste jamais plus d'une heure ici, et je n'y viens jamais qu'un seul vendredi; je ne suis pas assez riche pour m'arrÃÂȘter à la foire. Ce n'est pour moi qu'une affaire de dévotion Note 2, et que cela suffise pour mon salut, c'est tout ce qu'il me faut. UNE DAME DE LA COUR, à une autre. Comme il a bien prÃÂȘché! c'est le confesseur de ma fille. Elle s'approche d'une boutique. Blanc et or, cela fait bien, le soir; mais, le jour, le moyen d'ÃÂȘtre propre avec cela! Le marchand et l'orfÚvre devant leurs boutiques, avec quelques cavaliers. L'ORFEVRE La citadelle! voilà ce que le peuple ne souffrira jamais. Voir tout d'un coup s'élever sur la ville cette nouvelle tour de Babel, au milieu du plus maudit baragouin! les Allemands ne pousseront jamais à Florence, et pour les y greffer, il faudra un vigoureux lien. LE MARCHAND Voyez, mesdames; que Vos Seigneuries acceptent un tabouret sous mon auvent. UN CAVALIER Tu es du vieux sang florentin, pÚre Mondella; la haine de la tyrannie fait encore trembler tes doigts sur tes ciselures précieuses, au fond de ton cabinet de travail. L'ORFEVRE C'est vrai, Excellence. Si j'étais un grand artiste, j'aimerais les princes, parce qu'eux seuls peuvent faire entreprendre de grands travaux. Les grands artistes n'ont pas de patrie. Moi, je fais des saints ciboires et des poignées d'épée. UN AUTRE CAVALIER A propos d'artiste, ne voyez-vous pas dans ce petit cabaret ce grand gaillard qui gesticule devant des badauds? Il frappe son verre sur la table; si je ne me trompe, c'est ce hùbleur de Cellini LE PREMIER CAVALIER Allons-y donc, et entrons; avec un verre de vin dans la tÃÂȘte, il est curieux à entendre, et probablement quelque bonne histoire est en train. Ils sortent. - Deux bourgeois s'assoient. PREMIER BOURGEOIS Il y a eu une émeute à Florence? DEUXIEME BOURGEOIS Presque rien. - Quelques pauvres jeunes gens ont été tués sur le Vieux-Marché. PREMIER BOURGEOIS Quelle pitié pour les familles! DEUXIEME BOURGEOIS Voilà des malheurs inévitables. Que voulez-vous que fasse la jeunesse sous un gouvernement comme le nÎtre? On vient crier à son de trompe que César est à Bologne, et les badauds répÚtent "César est à Bologne", en clignant des yeux d'un air d'importance, sans réfléchir à ce qu'on y fait. Le jour suivant, ils sont plus heureux encore d'apprendre et de répéter "Le pape est à Bologne avec César." Que s'ensuit-il? Une réjouissance publique. Ils n'en voient pas davantage; et puis un beau matin ils se réveillent tout engourdis des fumées du vin impérial, et ils voient une figure sinistre à la grande fenÃÂȘtre du palais des Pazzi. Ils demandent quel est ce personnage, et on leur répond que c'est leur roi. Le pape et l'empereur sont accouchés d'un bùtard qui a droit de vie et de mort sur nos enfants, et qui ne pourrait pas nommer sa mÚre. L'ORFEVRE, s'approchant. Vous parlez en patriote, ami; je vous conseille de prendre garde à ce flandrin. Passe un officier allemand. L'OFFICIER Otez-vous de là , messieurs; des dames veulent s'asseoir. Deux dames de la Cour entrent et s'assoient. PREMIERE DAME Cela est de Venise? LE MARCHAND Oui, magnifique Seigneurie; vous en lÚverai-je quelques aunes? PREMIERE DAME Si tu veux. J'ai cru voir passer Julien Salviati. L'OFFICIER Il va et vient à la porte de l'église; c'est un galant. DEUXIEME DAME C'est un insolent. Montrez-moi des bas de soie. L'OFFICIER Il n'y en aura pas d'assez petits pour vous. PREMIERE DAME Laissez donc, vous ne savez que dire. Puisque vous voyez Julien, allez lui dire que j'ai à lui parler. L'OFFICIER J'y vais et je le ramÚne. Il sort. PREMIERE DAME Il est bÃÂȘte à faire plaisir, ton officier; que peux-tu faire de cela? DEUXIEME DAME Tu sauras qu'il n'y a rien de mieux que cet homme-là . Elles s'éloignent. - Entre le prieur de Capoue. LE PRIEUR Donnez-moi un verre de limonade, brave homme. Il s'assoit. UN DES BOURGEOIS Voilà le prieur de Capoue; c'est là un patriote! Les deux bourgeois se rassoient. LE PRIEUR Vous venez de l'église, messieurs? que dites-vous du sermon? LE BOURGEOIS Il était beau, seigneur Prieur. DEUXIEME BOURGEOIS, à l'orfÚvre. Cette noblesse des Strozzi est chÚre au peuple, parce qu'elle n'est pas fiÚre. N'est-il pas agréable de voir un grand seigneur adresser librement la parole à ses voisins d'une maniÚre affable? Tout cela fait plus qu'on ne pense. LE PRIEUR S'il faut parler franchement, j'ai trouvé le sermon trop beau. J'ai prÃÂȘché quelquefois, et je n'ai jamais tiré grande gloire du tremblement des vitres! Mais une petite larme sur la joue d'un brave homme m'a toujours été d'un grand prix. Entre Salviati. SALVIATI On m'a dit qu'il y avait ici des femmes qui me demandaient tout à l'heure. Mais je ne vois de robe ici que la vÎtre, Prieur. Est-ce que je me trompe? LE MARCHAND Excellence, on ne Vous a pas trompé. Elles se sont éloignées; mais je pense qu'elles vont revenir. Voilà dix aunes d'étoffes et quatre paires de bas pour elles. SALVIATI, s'asseyant. Voilà une jolie femme qui passe. - OÃÂč diable l'ai-je donc vue? - Ah! parbleu, c'est dans mon lit. LE PRIEUR, au bourgeois. Je crois avoir vu votre signature sur une lettre adressée au duc. LE BOURGEOIS Je le dis tout haut c'est la supplique adressée par les bannis. LE PRIEUR En avez-vous dans votre famille? LE BOURGEOIS Deux, Excellence, mon pÚre et mon oncle. Il n'y a plus que moi d'homme à la maison. LE DEUXIEME BOURGEOIS, à l'orfÚvre. Comme ce Salviati a une méchante langue! L'ORFEVRE Cela n'est pas étonnant; un homme à moitié ruiné, vivant des générosités de ces Médicis, et marié comme il l'est à une femme déshonorée partout! Il voudrait qu'on dÃt de toutes les femmes ce qu'on dit de la sienne. SALVIATI N'est-ce pas Louise Strozzi qui passe sur ce tertre? LE MARCHAND Elle-mÃÂȘme, Seigneurie. Peu de dames de notre noblesse me sont inconnues. Si je ne me trompe, elle donne la main à sa soeur cadette. SALVIATI J'ai rencontré cette Louise la nuit derniÚre au bal des Nasi. Elle a, ma foi, une jolie jambe, et nous devons coucher ensemble au premier jour. LE PRIEUR, se retournant. Comment l'entendez-vous? SALVIATI Cela est clair, elle me l'a dit. Je lui tenais l'étrier, ne pensant guÚre à malice; je ne sais par quelle distraction je lui pris la jambe, et voilà comme tout est venu. LE PRIEUR Julien, je ne sais pas si tu sais que c'est de ma soeur que tu parles. SALVIATI Je le sais trÚs bien; toutes les femmes sont faites pour coucher avec les hommes, et ta soeur peut bien coucher avec moi. LE PRIEUR, se lÚve. Vous dois-je quelque chose, brave homme? Il jette une piÚce de monnaie sur la table, et sort. SALVIATI J'aime beaucoup ce brave prieur, à qui un propos sur sa soeur, a fait oublier le reste de son argent. Ne dirait-on pas que toute la vertu de Florence s'est réfugiée chez ces Strozzi? Le voilà qui se retourne. Ecarquille les yeux tant que tu voudras, tu ne me feras pas peur. SCENE VI Le bord de l'Arno. MARIE SODERINI, CATHERINE. CATHERINE Le soleil commence à baisser. De larges bandes de pourpre traversent le feuillage, et la grenouille fait sonner sous les roseaux sa petite cloche de cristal. C'est une singuliÚre chose que toutes les harmonies du soir avec le bruit lointain de cette ville. MARIE Il est temps de rentrer; noue ton voile autour de ton cou. CATHERINE Pas encore, à moins que vous n'ayez froid. Regardez, ma mÚre chérie Note 3; que le ciel est beau! que tout cela est vaste et tranquille! comme Dieu est partout! Mais vous baissez la tÃÂȘte; vous ÃÂȘtes inquiÚte depuis ce matin. MARIE InquiÚte, non, mais affligée. N'as-tu pas entendu répéter cette fatale histoire de Lorenzo? Le voilà la fable de Florence. CATHERINE O ma mÚre! la lùcheté n'est point un crime, le courage n'est pas une vertu; pourquoi la faiblesse serait-elle blùmable? Répondre des battements de son coeur est un triste privilÚge. Et pourquoi cet enfant n'aurait-il pas le droit que nous avons toutes, nous autres femmes? Une femme qui n'a peur de rien n'est pas aimable, dit-on. MARIE Aimerais-tu un homme qui a peur? Tu rougis, Catherine Lorenzo est ton neveu, mais figure-toi qu'il s'appelle de tout autre nom, qu'en penserais-tu? Quelle femme voudrait s'appuyer sur son bras pour monter à cheval? quel homme lui serrerait la main? CATHERINE Cela est triste, et cependant ce n'est pas de cela que je le plains. Son coeur n'est peut-ÃÂȘtre pas celui d'un Médicis mais, hélas! c'est encore moins celui d'un honnÃÂȘte homme. MARIE N'en parlons pas, Catherine; il est assez cruel pour une mÚre de ne pouvoir parler de son fils. CATHERINE Ah! cette Florence! C'est là qu'on l'a perdu! N'ai-je pas vu briller quelquefois dans ses yeux le feu d'une noble ambition? Sa jeunesse n'a-t-elle pas été l'aurore d'un soleil levant? Et souvent encore, aujourd'hui, il me semble qu'un éclair rapide... Je me dis, malgré moi, que tout n'est pas mort en lui. MARIE Ah! tout cela est un abÃme! Tant de facilité, un si doux amour de la solitude! Ce ne sera jamais un guerrier que mon Renzo, disais-je en le voyant rentrer de son collÚge, avec ses gros livres sous le bras, mais un saint amour de la vérité brillait sur ses lÚvres et dans ses yeux noirs; il lui fallait s'inquiéter de tout, dire sans cesse "Celui-là est pauvre, celui-là est ruiné; comment faire?" Et cette admiration pour les grands hommes de son Plutarque! Catherine, Catherine, que de fois je l'ai baisé au front en pensant au pÚre de la patrie! CATHERINE Ne vous affligez pas. MARIE Je dis que je ne veux pas parler de lui, et j'en parle sans cesse. Il y a de certaines choses, vois-tu, les mÚres ne s'en taisent que dans le silence éternel. Que mon fils eût été un débauché vulgaire, que le sang des Soderini eût été pùle dans cette faible goutte tombée de mes veines, je ne me désespérerais pas; mais j'ai espéré et j'ai eu raison de le faire. Ah! Catherine. il n'est mÃÂȘme plus beau, comme une fumée malfaisante, la souillure de son coeur lui est montée au visage. Le sourire, ce doux épanouissement qui rend la jeunesse semblable aux fleurs, s'est enfui de ses joues couleur de soufre, pour y laisser grommeler une ironie ignoble et le mépris de tout. CATHERINE Il est encore beau quelquefois dans sa mélancolie étrange. MARIE Sa naissance ne l'appelait-elle pas au trÎne? N'aurait-il pas pu y faire monter un jour avec lui la science d'un docteur, la plus belle jeunesse du monde, et couronner d'un diadÚme d'or tous mes songes chéris? Ne devais-je pas m'attendre à cela? Ah! Cattina, pour dormir tranquille, il faut n'avoir jamais fait certains rÃÂȘves. Cela est trop cruel d'avoir vécu dans un palais de fées, oÃÂč murmuraient les cantiques des anges, de s'y ÃÂȘtre endormie, bercée par son fils, et de se réveiller dans une masure ensanglantée, pleine de débris d'orgie et de restes humains, dans les bras d'un spectre hideux qui vous tue en vous appelant encore du nom de mÚre. CATHERINE Des ombres silencieuses commencent à marcher sur la route. Rentrons, Marie, tous ces bannis me font peur. MARIE Pauvres gens! ils ne doivent que faire pitié! Ah! ne puis-je voir un seul objet qu'il ne m'entre une épine dans le coeur? Ne puis-je plus ouvrir les yeux? Hélas! ma Cattina, ceci est encore l'ouvrage de Lorenzo. Tous ces pauvres bourgeois ont eu confiance en lui; il n'en est pas un parmi tous ces pÚres de famille chassés de leur patrie, que mon fils n'ait trahi. Leurs lettres, signées de leurs noms, sont montrées au duc. C'est ainsi qu'il fait tourner à un infùme usage jusqu'à la glorieuse mémoire de ses aïeux. Les républicains s'adressent à lui comme à l'antique rejeton de leur protecteur; sa maison leur est ouverte, les Strozzi eux-mÃÂȘmes y viennent. Pauvre Philippe! il y aura une triste fin pour tes cheveux gris! Ah! ne puis-je voir une fille sans pudeur un malheureux privé de sa famille, sans que tout cela ne me crie Tu es la mÚre de nos malheurs! Quand serai-je là ? Elle frappe la terre. CATHERINE Ma pauvre mÚre, vos larmes se gagnent. Elles s'éloignent. - Le soleil est couché. - Un groupe de bannis se forme au milieu d'un champ. UN DES BANNIS OÃÂč allez-vous? UN AUTRE A Pise; et vous? LE PREMIER A Rome. UN AUTRE Et moi à Venise; en voilà deux qui vont à Ferrare. Que deviendrons-nous ainsi éloignés les uns des autres? UN QUATRIEME Adieu, voisin, à des temps meilleurs. Il s'en va. LE SECOND Adieu, pour nous, nous pouvons aller ensemble jusqu'à la Croix de la Vierge; Il sort avec un autre. - Arrive Maffio. LE PREMIER BANNI C'est toi, Maffio? par quel hasard es-tu ici? MAFFIO Je suis des vÎtres. Vous saurez que le duc a enlevé ma soeur; J'ai tiré l'épée; une espÚce de tigre avec des membres de fer s'est jeté à mon cou et m'a désarmé. AprÚs quoi j'ai reçu l'ordre de sortir de la ville, et une bourse à moitié pleine de ducats. LE SECOND BANNI Et ta soeur, oÃÂč est-elle? MAFFIO On me l'a montrée ce soir sortant du spectacle dans une robe comme n'en a pas l'impératrice; que Dieu lui pardonne. Une vieille l'accompagnait, qui a laissé trois de ses dents à la sortie. Jamais je n'ai donné de ma vie un coup de poing qui m'ait fait ce plaisir-là . LE TROISIEME BANNI Qu'ils crÚvent tous dans leur fange crapuleuse, et nous mourrons contents. LE QUATRIEME Philippe Strozzi nous écrira à Venise, quelque jour nous serons tous étonnés de trouver une armée à nos ordres. LE TROISIEME Que Philippe vive longtemps! tant qu'il y aura un cheveu sur sa tÃÂȘte, la liberté de l'Italie n'est pas morte. Une partie du groupe se détache; tous les bannis s'embrassent. UNE VOIX A des temps meilleurs! UNE AUTRE A des temps meilleurs! Deux bannis montent sur une plate-forme d'oÃÂč l'on découvre la ville. LE PREMIER Adieu, Florence, peste de l'Italie; adieu, mÚre stérile, qui n'as plus de lait pour tes enfants. LE SECOND Adieu, Florence, la bùtarde, spectre hideux de l'antique Florence, adieu, fange sans nom. TOUS LES BANNIS Adieu, Florence! maudites soient les mamelles de tes femmes! maudits soient tes sanglots! maudites les priÚres de tes églises, le pain de tes blés, l'air de tes rues! Malédiction sur la derniÚre goutte de ton sang corrompu! Notes de l'auteur Note 1. C'était l'usage au carnaval de traÃner dans les rues un énorme ballon qui renversait les passants et les devantures des boutiques. Pierre Strozzi avait été arrÃÂȘté pour ce fait. Note 2. On allait à Montolivet tous les vendredis de certains mois; c'était à Florence ce que Longchamp était autrefois à Paris les marchands y trouvaient l'occasion d'une foire et y transportaient leurs boutiques. Note 3. Catherine Ginori est belle-soeur de Marie; elle lui donne le nom de mÚre, parce qu'il y a entre elles une différence d'ùge trÚs grande Catherine n'a guÚre que vingt-deux-ans. ACTE II SCENE PREMIERE Chez les Strozzi. PHILIPPE, dans son cabinet PHILIPPE Dix citoyens bannis dans ce quartier-ci seulement! le vieux Galeazzo et le petit Maffio bannis, sa soeur corrompue devenue une fille publique en une nuit! Pauvre petite! Quand l'éducation des basses classes sera-t-elle assez forte pour empÃÂȘcher les petites filles de rire lorsque leurs parents pleurent! La corruption est-elle donc une loi de nature? Ce qu'on appelle la vertu, est-ce donc l'habit du dimanche qu'on met pour aller à la messe? Le reste de la semaine, on est à la croisée, et, tout en tricotant, on regarde les jeunes gens passer. Pauvre humanité! quel nom portes-tu donc? celui de ta race, ou celui de ton baptÃÂȘme? Et nous autres, vieux rÃÂȘveurs, quelle tache originelle avons-nous lavée sur la face humaine depuis quatre ou cinq mille ans que nous jaunissons avec nos livres? Qu'il t'est facile à toi, dans le silence du cabinet, de tracer d'une main légÚre une ligne mince et pure comme un cheveu sur ce papier blanc! qu'il t'est facile de bùtir des palais et des villes avec ce petit compas et un peu d'encre! Mais l'architecte qui a dans son pupitre des milliers de plans admirables ne peut soulever de terre le premier pavé de son édifice quand il vient se mettre à l'ouvrage avec son dos voûté et ses idées obstinées. Que le bonheur des hommes ne soit qu'un rÃÂȘve, cela est pourtant dur, que le mal soit irrévocable, éternel, impossible à changer... non! Pourquoi le philosophe qui travaille pour tous regarde-t-il autour de lui? voilà le tort. Le moindre insecte qui passe devant ses yeux lui cache le soleil. Allons-y donc plus hardiment! la république, il nous faut ce mot-là . Et quand ce ne serait qu'un mot, c'est quelque chose, puisque les peuples se lÚvent quand il traverse l'air... Ah! bonjour, Léon. Entre le prieur de Capoue. LE PRIEUR Je viens de la foire de Montolivet. PHILIPPE Etait-ce beau? Te voilà aussi, Pierre? Assieds-toi donc, j'ai à te parler. Entre Pierre Strozzi. LE PRIEUR C'était trÚs beau, et je me suis assez amusé, sauf certaine contrariété un peu trop forte que j'ai quelque peine à digérer. PIERRE Bah! qu'est-ce donc? LE PRIEUR Figurez-vous que j'étais entré dans une boutique pour prendre un verre de limonade... Mais non, cela est inutile... je suis un sot de m'en souvenir. PHILIPPE Que diable as-tu sur le coeur? tu parles comme une ùme en peine. LE PRIEUR Ce n'est rien, un méchant propos, rien de plus. Il n'y a aucune importance à attacher à tout cela. PIERRE Un propos? sur qui? sur toi? LE PRIEUR Non pas sur moi précisément. Je me soucierais bien d'un propos sur moi. PIERRE Sur qui donc? Allons, parle si tu veux. LE PRIEUR J'ai tort; on ne se souvient pas de ces choses-là quand on sait la différence d'un honnÃÂȘte homme à un Salviati. PIERRE Salviati? Qu'a dit cette canaille? LE PRIEUR C'est un misérable, tu as raison. Qu'importe ce qu'il peut dire? Un homme sans pudeur, un valet de Cour qui, à ce qu'on raconte, a pour femme la plus grande dévergondée! Allons, voilà qui est fait, je n'y penserai pas davantage. PIERRE Penses-y et parle, Léon, c'est-à -dire que cela me démange de lui couper les oreilles. De qui a-t-il médit? De nous? de mon pÚre? Ah! sang du Christ, je ne l'aime guÚre, ce Salviati. Il faut que je sache cela, entends-tu? LE PRIEUR Si tu y tiens, je te le dirai. I s'est exprimé devant moi, dans une boutique, d'une maniÚre vraiment offensante sur le compte de notre soeur. PIERRE O mon Dieu! Dans quels termes? Allons, parle donc! LE PRIEUR Dans les termes les plus grossiers. PIERRE Diable de prÃÂȘtre que tu es! tu me vois hors de moi d'impatience, et tu cherches tes mots! Dis les choses comme elles sont, parbleu! un mot est un mot; il n'y a pas de bon Dieu qui tienne. PHILIPPE Pierre, Pierre! tu manques à ton frÚre. LE PRIEUR Il a dit qu'il coucherait avec elle, voilà son mot et qu'elle le lui avait promis. PIERRE Qu'elle couch...Ah! mort de mort, de mille morts! Quelle heure est-il? PHILIPPE OÃÂč vas-tu? Allons, es-tu fait de salpÃÂȘtre? Qu'as-tu à faire de cette épée? tu en as une au cÎté. PIERRE Je n'ai rien à faire; allons dÃner, le dÃner est servi. Ils sortent. SCENE II Le portail d'une église. Entrent LORENZO et VALORI. VALORI Comment se fait-il que le duc n'y vienne pas? Ah! monsieur, quelle satisfaction pour un chrétien que ces pompes magnifiques de l'Eglise romaine! Quel homme pourrait y ÃÂȘtre insensible? L'artiste ne trouve-t-il pas là le paradis de son coeur'? Le guerrier, le prÃÂȘtre et le marchand n'y rencontrent-ils pas tout ce qu'ils aiment? Cette admirable harmonie des orgues, ces tentures éclatantes de velours et de tapisseries, ces tableaux des premiers maÃtres, les parfums tiÚdes et suaves que balancent les encensoirs, et les chants délicieux de ces voix argentines, tout cela peut choquer, par son ensemble mondain, le moine sévÚre et ennemi du plaisir. Mais rien n'est plus beau, selon moi, qu'une religion qui se fait aimer par de pareils moyens. Pourquoi les prÃÂȘtres voudraient-ils servir un Dieu jaloux? La religion n'est pas un oiseau de proie; c'est une colombe compatissante qui plane doucement sur tous les rÃÂȘves et sur tous les amours. LORENZO Sans doute; ce que vous dites là est parfaitement vrai et parfaitement faux, comme tout au monde. TEBALDEO FRECCIA, s'approchant de Valori. Ah! monseigneur, qu'il est doux de voir un homme tel que Votre Eminence parler ainsi de la tolérance et de l'enthousiasme sacré! Pardonnez à un citoyen obscur, qui brûle de ce feu divin, de vous remercier de ce peu de paroles que je viens d'entendre. Trouver sur les lÚvres d'un honnÃÂȘte homme ce qu'on a soi-mÃÂȘme dans le coeur, c'est le plus grand des bonheurs qu'on puisse désirer. VALORI N'ÃÂȘtes-vous pas le petit Freccia? TEBALDEO Mes ouvrages ont peu de mérite; je sais mieux aimer les arts que je ne sais les exercer. Ma jeunesse tout entiÚre s'est passée dans les églises. Il me semble que je ne puis admirer ailleurs RaphaÃl et notre divin Buonarroti. Je demeure alors durant des journées devant leurs ouvrages, dans une extase sans égale. Le chant de l'orgue me révÚle leur pensée, et me fait pénétrer dans leur ùme; je regarde les personnages de leurs tableaux si saintement agenouillés, et j'écoute, comme si les cantiques du choeur sortaient de leurs bouches entrouvertes. Des bouffées d'encens aromatique passent entre eux et moi dans une vapeur légÚre. Je crois y voir la gloire de l'artiste; c'est aussi une triste et douce fumée, et qui ne serait qu'un parfum stérile, si elle ne montait à Dieu. VALORI Vous ÃÂȘtes un vrai coeur d'artiste; venez à mon palais, et ayez quelque chose sous votre manteau quand vous y viendrez. Je veux que vous travailliez pour moi. TEBALDEO C'est trop d'honneur que me fait Votre Eminence. Je suis un desservant bien humble de la sainte religion de la peinture. LORENZO Pourquoi remettre vos offres de service? Vous avez, il me semble, un cadre dans les mains. TEBALDEO Il est vrai; mais je n'ose le montrer à de si grands connaisseurs. C'est une esquisse bien pauvre d'un rÃÂȘve magnifique. LORENZO Vous faites le portrait de vos rÃÂȘves? Je ferai poser pour vous quelques-uns des miens. TEBALDEO Réaliser des rÃÂȘves, voilà la vie du peintre. Les plus grands ont représenté les leurs dans toute leur force, et sans y rien changer. Leur imagination était un arbre plein de sÚve; les bourgeons s'y métamorphosaient sans peine en fleurs, et les fleurs en fruits; bientÎt ces fruits mûrissaient à un soleil bienfaisant, et, quand ils étaient mûrs, ils se détachaient d'eux-mÃÂȘmes et tombaient sur la terre, sans perdre un seul grain de leur poussiÚre virginale. Hélas! les rÃÂȘves des artistes médiocres sont des plantes difficiles à nourrir, et qu'on arrose de larmes bien amÚres pour les faire bien peu prospérera. Il montre son tableau. VALORI Sans compliment, cela est beau. Non pas du premier mérite, il est vrai pourquoi flatterais-je un homme qui ne se flatte pas lui-mÃÂȘme? Mais votre barbe n'est pas encore poussée, jeune homme. LORENZO Est-ce un paysage ou un portrait? De quel cÎté faut-il le regarder, en long ou en large? TEBALDEO Votre Seigneurie se rit de moi. C'est la vue du Campo Santo. LORENZO Combien y a-t-il d'ici à l'immortalité? VALORI Il est mal à vous de plaisanter cet enfant. Voyez comme ses grands yeux s'attristent à chacune de vos paroles. TEBALDEO L'immortalité, c'est la foi. Ceux à qui Dieu a donné des ailes y arrivent en souriant. VALORI Tu parles comme un élÚve de RaphaÃl. TEBALDEO Seigneur, c'était mon maÃtre. Ce que j'ai appris vient de lui. LORENZO Viens chez moi, je te ferai peindre la Mazzafirra toute nue. TEBALDEO Je ne respecte point mon pinceau, mais je respecte mon art. Je ne puis faire le portrait d'une courtisane. LORENZO Ton Dieu s'est bien donné la peine de la faire; tu peux bien te donner celle de la peindre. Veux-tu me faire une vue de Florence? TEBALDEO Oui, monseigneur. LORENZO Comment l'y prendrais-tu? TEBALDEO Je me placerais à l'orient, sur la rive gauche de l'Arno. C'est de cet endroit que la perspective est la plus large et la plus agréable. LORENZO Tu peindrais Florence, les places, les maisons et les rues? TEBALDEO Oui, monseigneur. LORENZO Pourquoi donc ne peux-tu peindre une courtisane, si tu peux peindre un mauvais lieu? TEBALDEO On ne m'a point encore appris à parler ainsi de ma mÚre. LORENZO Qu'appelles-tu ta mÚre? TEBALDEO Florence, seigneur. LORENZO Alors, tu n'es qu'un bùtard, car ta mÚre n'est qu'une catin. TEBALDEO Une blessure sanglante peut engendrer la corruption dans le corps le plus sain. Mais des gouttes précieuses du sang de ma mÚre sort une plante odorante qui guérit tous les maux. L'art, cette fleur divine, a quelquefois besoin du fumier pour engraisser le sol et le fécondera. LORENZO Comment entends-tu ceci? TEBALDEO Les nations paisibles et heureuses ont quelquefois brillé d'une clarté pure, mais faible. Il y a plusieurs cordes à la harpe des anges; le zéphyr peut murmurer sur les plus faibles, et tirer de leur accord une harmonie suave et délicieuse, mais la corde d'argent ne s'ébranle qu'au passage du vent du nord. C'est la plus belle et la plus noble, et cependant le toucher d'une rude main lui est favorable. L'enthousiasme est frÚre de la souffrance. LORENZO C'est-à -dire qu'un peuple malheureux fait les grands artistes. Je me ferais volontiers l'alchimiste de ton alambic; les larmes des peuples y retombent en perles. Par la mort du diable! tu me plais. Les familles peuvent se désoler, les nations mourir de misÚre, cela échauffe la cervelle de monsieur. Admirable poÚte! comment arranges-tu tout cela avec ta piété? TEBALDEO Je ne ris point du malheur des familles, je dis que la poésie est la plus douce des souffrances, et qu'elle aime ses soeurs. Je plains les peuples malheureux, mais je crois en effet qu'ils font les grands artistes. Les champs de bataille font pousser les moissons, les terres corrompues engendrent le blé céleste. LORENZO Ton pourpoint est usé, en veux-tu un à ma livrée? TEBALDEO Je n'appartiens à personne. Quand la pensée veut ÃÂȘtre libre, le corps doit l'ÃÂȘtre aussi. LORENZO J'ai envie de dire à mon valet de chambre de te donner des coups de bùton. TEBALDEO Pourquoi, monseigneur? LORENZO Parce que cela me passe par la tÃÂȘte. Es-tu boiteux de naissance ou par accident? TEBALDEO Je ne suis pas boiteux; que voulez-vous dire par là ? LORENZO Tu es boiteux ou tu es fou. TEBALDEO Pourquoi, monseigneur? Vous vous riez de moi. LORENZO Si tu n'étais pas boiteux, comment resterais-tu, à moins d'ÃÂȘtre fou, dans une ville oÃÂč, en l'honneur de tes idées de liberté, le premier valet d'un Médicis peut t'assommera sans qu'on y trouve à redire? TEBALDEO J'aime ma mÚre Florence; c'est pourquoi je reste chez elle. Je sais qu'un citoyen peut ÃÂȘtre assassiné en plein jour et en pleine rue, selon le caprice de ceux qui la gouvernent; c'est pourquoi je porte ce stylet à ma ceinture. LORENZO Frapperais-tu le duc si le duc te frappait, comme il lui est arrivé souvent de commettre, par partie de plaisir, des meurtres facétieux? TEBALDEO Je le tuerais, s'il m'attaquait. LORENZO Tu me dis cela, à moi? TEBALDEO Pourquoi m'en voudrait-on? je ne fais de mal à personne. Je passe les journées à l'atelier. Le dimanche, je vais à l'Annonciade ou à Sainte-Marie; les moines trouvent que j'ai de la voix; ils me mettent une robe blanche et une calotte rouge, et je fais ma partie dans les choeurs, quelquefois un petit solo ce sont les seules occasions oÃÂč je vais en public. Le soir je vais chez ma maÃtresse, et quand la nuit est belle, je la passe sur son balcon. Personne ne me connaÃt, et je ne connais personne; à qui ma vie ou ma mort peut-elle ÃÂȘtre utile? LORENZO Es-tu républicain? aimes-tu les princes? TEBALDEO Je suis artiste; j'aime ma mÚre et ma maÃtresse. LORENZO Viens demain à mon palais, je veux te faire faire un tableau d'importance pour le jour de mes noces. Ils sortent. SCENE III Chez la marquise Cibo. LE CARDINAL, seul. LE CARDINAL Oui, je suivrai tes ordres, FarnÚse Note 4! Que ton commissaire apostolique s'enferme avec sa probité dans le cercle étroit de son office, remuerai d'une main ferme la terre glissante sur laquelle il n'ose marcher. Tu attends cela de moi, je l'ai compris, et j'agirai sans parler, comme tu as commandé. Tu as deviné qui j'étais, lorsque tu m'as placé auprÚs d'Alexandre sans me revÃÂȘtir d'aucun titre qui me donnùt quelque pouvoir sur lui. C'est d'un autre qu'il se défiera, en m'obéissant à son insu. Qu'il épuise sa force contre des ombres d'hommes gonflés d'une ombre de puissance, je serai l'anneau invisible qui l'attachera, pieds et poings liés, à la chaÃne de fer dont Rome et César tiennent les deux bouts. Si mes yeux ne me trompent pas, c'est dans cette maison qu'est le marteau dont je me servirai. Alexandre aime ma belle-soeur; que cet amour l'ait flattée, cela est croyable; ce qui peut en résulter est douteux, mais ce qu'elle en veut faire, c'est là ce qui est certain pour moi. Qui sait jusqu'oÃÂč pourrait aller l'influence d'une femme exaltée, mÃÂȘme sur cet homme grossier, sur cette armure vivante? Un si doux péché pour une si belle cause, cela est tentant, n'est-il pas vrai, Ricciarda? Presser ce coeur de lion sur ton faible coeur tout percé de flÚches sanglantes, comme celui de saint Sébastien; parler, les yeux en pleurs, des malheurs de la patrie, pendant que le tyran adoré passera ses rudes mains dans ta chevelure dénouée; faire jaillir d'un rocher l'étincelle sacrée, cela valait bien le petit sacrifice de l'honneur conjugal, et de quelques autres bagatelles. Florence y gagnerait tant, et ces bons maris n'y perdent rien! Mais il ne fallait pas me prendre pour confesseur. La voici qui s'avance, son livre de priÚres à la main. Aujourd'hui donc tout va s'éclaircir; laisse seulement tomber ton secret dans l'oreille du prÃÂȘtre, le courtisan pourra bien en profiter, mais, en conscience, il n'en dira rien. Entre la marquise de Cibo. LE CARDINAL, s'asseyant. Me voilà prÃÂȘt. La marquise s'agenouille auprÚs de lui sur son prie-Dieu. LA MARQUISE Bénissez-moi, mon pÚre, parce que j'ai péché. LE CARDINAL Avez-vous dit votre Confiteor? Nous pouvons commencer, marquise. LA MARQUISE Je m'accuse de mouvements de colÚre, de doutes irréligieux et injurieux pour notre saint-pÚre le pape. LE CARDINAL LA MARQUISE J'ai dit hier dans une assemblée, à propos de l'évÃÂȘque de Fano, que la sainte Eglise catholique était un lieu de débauche. LE CARDINAL LA MARQUISE J'ai écouté des discours contraires à la fidélité que j'ai jurée à mon mari. LE CARDINAL Qui vous a tenu ces discours? LA MARQUISE J'ai lu une lettre écrite dans la mÃÂȘme pensée. LE CARDINAL Qui vous a écrit cette lettre? LA MARQUISE Je m'accuse de ce que j'ai fait, et non de ce qu'ont fait les autres. LE CARDINAL Ma fille, vous devez me répondre, si vous voulez que je puisse vous donner l'absolution en toute sécurité. Avant tout, dites-moi si vous avez répondu à cette lettre. LA MARQUISE J'y ai répondu de vive voix, mais non par écrit. LE CARDINAL Qu'avez-vous répondu? LA MARQUISE J'ai accordé à la personne qui m'avait écrit la permission de me voir comme elle le demandait. LE CARDINAL Comment s'est passée cette entrevue? LA MARQUISE Je me suis accusée déjà d'avoir écouté des discours contraires à mon honneur. LE CARDINAL Comment y avez-vous répondu? LA MARQUISE Comme il convient à une femme qui se respecte. LE CARDINAL N'avez-vous point laissé entrevoir qu'on finirait par vous persuader? LA MARQUISE Non, mon pÚre. LE CARDINAL Avez-vous annoncé à la personne dont il s'agit la résolution de ne plus écouter de semblables discours à l'avenir? LA MARQUISE Oui, mon pÚre. LE CARDINAL Cette personne vous plaÃt-elle? LA MARQUISE Mon coeur n'en sait rien, j'espÚre. LE CARDINAL Avez-vous averti votre mari? LA MARQUISE Non, mon pÚre. Une honnÃÂȘte femme ne doit point troubler son ménage par des récits de cette sorte. LE CARDINAL Ne me cachez-vous rien? Ne s'est-il rien passé entre vous et la personne dont il s'agit, que vous hésitiez à me confier LA MARQUISE Rien, mon pÚre. LE CARDINAL Pas un regard tendre? pas un baiser pris à la dérobée? LA MARQUISE Non, mon pÚre. LE CARDINAL Cela est-il sûr, ma fille? LA MARQUISE Mon beau-frÚre, il me semble que je n'ai pas l'habitude de mentir devant Dieu. LE CARDINAL Vous avez refusé de me dire le nom que je vous ai demandé tout à l'heure; je ne puis cependant vous donner l'absolution sans le savoir. LA MARQUISE Pourquoi cela? Lire une lettre peut ÃÂȘtre un péché mais non pas lire une signature. Qu'importe le nom à la chose? LE CARDINAL Il importe plus que vous ne pensez. LA MARQUISE Malaspina, vous en voulez trop savoir. Refusez-moi l'absolution, si vous voulez; je prendrai pour confesseur le premier prÃÂȘtre venu, qui me la donnera. Elle se lÚve. LE CARDINAL Quelle violence, marquise! Est-ce que je ne sais pas que c'est du duc que vous voulez parler? LA MARQUISE Du duc! - Eh bien! si vous le savez, pourquoi voulez-vous me le faire dire? LE CARDINAL Pourquoi refusez-vous de le dire? Cela m'étonne. LA MARQUISE Et qu'en voulez-vous faire, vous, mon confesseur? Est-ce pour le répéter à mon mari que vous tenez si fort à l'entendre? Oui, cela est bien certain; c'est un tort que d'avoir pour confesseur un de ses parents. Le ciel m'est témoin qu'en m'agenouillant devant vous, j'oublie que je suis votre belle-soeur, mais vous prenez soin de me le rappeler. Prenez garde, Cibo, prenez garde à votre salut éternel, tout cardinal que vous ÃÂȘtes. LE CARDINAL Revenez donc à cette place, marquise; il n'y a pas tant de mal que vous croyez. LA MARQUISE Que voulez-vous dire? LE CARDINAL Qu'un confesseur doit tout savoir, parce qu'il peut tout diriger, et qu'un beau-frÚre ne doit rien dire, à certaines conditions. LA MARQUISE Quelles conditions? LE CARDINAL Non, non, je me trompe; ce n'était pas ce mot-là que je voulais employer. Je voulais dire que le duc est puissant, qu'une rupture avec lui peut nuire aux plus riches familles mais qu'un secret d'importance entre des mains expérimentées peut devenir une source de biens abondante. LA MARQUISE Une source de biens! des mains expérimentées! - Je reste là , en vérité, comme une statue. Que couves-tu, prÃÂȘtre, sous ces paroles ambiguÃs? Il y a certains assemblages de mots qui passent par instants sur vos lÚvres, à vous autres; on ne sait qu'en penser. LE CARDINAL Revenez donc vous asseoir là , Ricciarda. Je ne vous ai point encore donné l'absolution. LA MARQUISE Parlez toujours; il n'est pas prouvé que j'en veuille. LE CARDINAL, se levant. Prenez garde à vous, marquise! Quand on veut me braver en face, il faut avoir une armure solide et sans défaut; je ne veux point menacer, je n'ai qu'un mot à vous dire prenez un autre confesseur. Il sort. LA MARQUISE, seule. Cela est inouï. S'en aller en serrant les poings, les yeux enflammés de colÚre! Parler de mains expérimentées, de direction à donner à certaines choses! Eh! mais qu'y a-t-il donc? Qu'il voulût pénétrer mon secret pour en informer mon mari, je le conçois; mais, si ce n'est pas là son but, que veut-il donc faire de moi? La maÃtresse du duc? Tout savoir, dit-il, et tout diriger! cela n'est pas possible; il y a quelque autre mystÚre plus sombre et plus inexplicable là -dessous; Cibo ne ferait pas un pareil métier. Non! cela est sûr; je le connais. C'est bon pour un Lorenzaccio; mais lui! il faut qu'il ait quelque sourde pensée, plus vaste que cela et plus profonde. Ah! comme les hommes sortent d'eux-mÃÂȘmes tout à coup aprÚs dix ans de silence! Cela est effrayant. Maintenant, que ferai-je? Est-ce que j'aime Alexandre? Non, je ne l'aime pas, non, assurément; j'ai dit que non dans ma confession, et je n'ai pas menti. Pourquoi Laurent est-il à Massa? Pourquoi le duc me presse-t-il? Pourquoi ai-je répondu que je ne voulais plus le voir? pourquoi? - Ah! pourquoi y a-t-il dans tout cela un aimant, un charme inexplicable qui m'attire? Elle ouvre sa fenÃÂȘtre. Que tu es belle, Florence, mais que tu es triste! Il y a là plus d'une maison oÃÂč Alexandre est entré la nuit, couvert de son manteau, c'est un libertin je le sais. - Et pourquoi est-ce que tu te mÃÂȘles à tout cela, toi, Florence? Qui est-ce donc que j'aime? Est-ce toi? Est-ce lui? AGNOLO, entrant. Madame, Son Altesse vient d'entrer dans la cour. LA MARQUISE Cela est singulier; ce Malaspina m'a laissée toute tremblante. SCENE IV Au palais des Soderini. MARIE SODERINI, CATHERINE; LORENZO, assis. CATHERINE, tenant un livre. Quelle histoire vous lirai-je, ma mÚre? MARIE Ma Cattina se moque de sa pauvre mÚre. Est-ce que je comprends rien à tes livres latins? CATHERINE Celui-ci n'est point en latin, mais il en est traduit. C'est l'histoire romaine. LORENZO Je suis trÚs fort sur l'histoire romaine. Il y avait une fois un jeune gentilhomme nommé Tarquin le fils. CATHERINE Ah! c'est une histoire de sang. LORENZO Pas du tout; c'est un conte de fées. Brutus était un fou, un monomane, et rien de plus. Tarquin était un duc plein de sagesse, qui allait voir en pantoufles si les petites filles dormaient bien. CATHERINE Dites-vous aussi du mal de LucrÚce? LORENZO Elle s'est donné le plaisir du péché et la gloire du trépas. Elle s'est laissé prendre toute vive comme une alouette au piÚge, et puis elle s'est fourré bien gentiment son petit couteau dans le ventre. MARIE Si vous méprisez les femmes, pourquoi affectez-vous de les rabaisser devant votre mÚre et votre soeur? LORENZO Je vous estime, vous et elle. Hors de là , le monde me fait horreur. MARIE Sais-tu le rÃÂȘve que j'ai eu cette nuit, mon enfant? LORENZO Quel rÃÂȘve? MARIE Ce n'était point un rÃÂȘve, car je ne dormais pas. J'étais seule dans cette grande salle, ma lampe était loin de moi, sur cette table auprÚs de la fenÃÂȘtre. Je songeais aux jours oÃÂč j'étais heureuse, aux jours de ton enfance, mon Lorenzino. Je regardais cette nuit obscure, et je me disais il ne rentrera qu'au jour, lui qui passait autrefois les nuits à travailler. Mes yeux se remplissaient de larmes, et je secouais la tÃÂȘte en les sentant couler. J'ai entendu tout d'un coup marcher lentement dans la galerie; je me suis retournée, un homme vÃÂȘtu de noir venait à moi, un livre sous le bras - c'était toi, Renzo "Comme tu reviens de bonne heure!" me suis-je écriée. Mais le spectre s'est assis auprÚs de la lampe sans me répondre; il a ouvert son livre, et j'ai reconnu mon Lorenzino d'autrefois. LORENZO Vous l'avez vu? MARIE Comme je te vois. LORENZO Quand s'en est-il allé? MARIE Quand tu as tiré la cloche ce matin en rentrant. LORENZO Mon spectre, à moi! Et il s'en est allé quand je suis rentré? MARIE Il s'est levé d'un air mélancolique, et s'est effacé comme une vapeur du matin. LORENZO Catherine, Catherine, lis-moi l'histoire de Brutus. CATHERINE Qu'avez-vous? vous tremblez de la tÃÂȘte aux pieds. LORENZO Ma mÚre, asseyez-vous ce soir à la place oÃÂč vous étiez cette nuit, et si mon spectre revient, dites-lui qu'il verra bientÎt quelque chose qui l'étonnera. On frappe. CATHERINE C'est mon oncle Bindo et Baptista Venturi. Entrent Bindo et Venturi. BINDO, bas à Marie. Je viens tenter un dernier effort. MARIE Nous Vous laissons; puissiez-vous réussir! Elle sort avec Catherine. BINDO Lorenzo, pourquoi ne démens-tu pas l'histoire scandaleuse qui court sur ton compte? LORENZO Quelle histoire? BINDO On dit que tu t'es évanoui à la vue d'une épée. LORENZO Le croyez-vous, mon oncle? BINDO Je t'ai vu faire des armes à Rome; mais cela ne m'étonnerait pas que tu devinsses plus vil qu'un chien, au métier que tu fais ici. LORENZO L'histoire est vraie, je me suis évanoui. Bonjour, Venturi. A quel taux sont vos marchandises? comment va le commerce? VENTURI Seigneur, je suis à la tÃÂȘte d'une fabrique de soie; mais c'est me faire injure que de m'appeler marchand. LORENZO C'est vrai. Je voulais dire seulement que vous aviez contracté au collÚge l'habitude innocente de vendre de la soie. BINDO J'ai confié au seigneur Venturi les projets qui occupent en ce moment tant de familles à Florence. C'est un digne ami de la liberté, et j'entends, Lorenzo, que vous le traitiez comme tel. Le temps de plaisanter est passé. Vous nous avez dit quelquefois que cette confiance extrÃÂȘme que le duc vous témoigne n'était qu'un piÚge de votre part. Cela est-il vrai ou faux? Etes-vous des nÎtres, ou n'en ÃÂȘtes-vous pas? Voilà ce qu'il nous faut savoir. Toutes les grandes familles voient bien que le despotisme des Médicis n'est ni juste ni tolérable. De quel droit laisserions-nous s'élever paisiblement cette maison orgueilleuse sur les ruines de nos privilÚges? La capitulation n'est point observée. La puissance de l'Allemagne se fait sentir de jour en jour d'une maniÚre plus absolue. Il est temps d'en finir et de rassembler les patriotes. Répondrez-vous à cet appel? LORENZO Qu'en dites-vous, seigneur Venturi? Parlez, parlez! Voilà mon oncle qui reprend haleine. Saisissez cette occasion, si vous aimez votre pays. VENTURI Seigneur, je pense de mÃÂȘme, et je n'ai pas un mot ajouter. LORENZO Pas un mot? pas un beau petit mot bien sonore? Vous ne connaissez pas la véritable éloquence. On tourne une grande période autour d'un beau petit mot, pas trop court ni trop long, et rond comme une toupie. On rejette son bras gauche en arriÚre de maniÚre à faire faire à son manteau des plis pleins d'une dignité tempérée par la grùce; on lùche sa période qui se déroule comme une corde ronflante, et la petite toupie s'échappe avec un murmure délicieux. On pourrait presque la ramasser dans le creux de la main, comme les enfants des rues. BINDO Tu es un insolent! Réponds, ou sors d'ici. LORENZO Je suis des vÎtres, mon oncle. Ne voyez-vous pas à ma coiffure que je suis républicain dans l'ùme? Regardez comme ma barbe est coupée. N'en doutez pas un seul instant, l'amour de la patrie respire dans mes vÃÂȘtements les plus cachés. On sonne à la porte d'entrée. La cour se remplit de pages et de chevaux. UN PAGE, en entrant. Le duc! Entre Alexandre. LORENZO Quel excÚs de faveur, mon prince! Vous daignez visiter un pauvre serviteur en personne? LE DUC Quels sont ces hommes-là ? J'ai à te parler. LORENZO J'ai l'honneur de présenter à Votre Altesse mon oncle Bindo Altoviti, qui regrette qu'un long séjour à Naples ne lui ait pas permis de se jeter plus tÎt à vos pieds. Cet autre seigneur est l'illustre Baptista Venturi, qui fabrique, il est vrai, de la soie mais qui n'en vend point. Que la présence inattendue d'un si grand prince dans cette humble maison ne vous trouble pas, mon cher oncle, ni vous non plus, digne Venturi. Ce que vous demandez vous sera accordé, ou vous serez en droit de dire que mes supplications n'ont aucun crédit auprÚs de mon gracieux souverain. LE DUC Que demandez-vous, Bindo? BINDO Altesse, je suis désolé que mon neveu... LORENZO Le titre d'ambassadeur à Rome n'appartient à personne en ce moment. Mon oncle se flattait de l'obtenir de vos bontés. Il n'est pas dans Florence un seul homme qui puisse soutenir la comparaison avec lui, dÚs qu'il s'agit du dévouement et du respect qu'on doit aux Médicis. LE DUC En vérité, Renzino? Eh bien! mon cher Bindo, voilà qui est dit. Viens demain au palais. BINDO Altesse, je suis confondu. Comment reconnaÃtre..? LORENZO Le seigneur Venturi, bien qu'il ne vende point de soie, demande un privilÚge pour ses fabriques. LE DUC Quel privilÚge? LORENZO Vos armoiries sur la porte, avec le brevet. Accordez-le lui, monseigneur, si vous aimez ceux qui vous aiment. LE DUC Voilà qui est bon. Est-ce fini? Allez, messieurs, la paix soit avec vous. VENTURI Altesse!... vous me comblez de joie... je ne puis exprimer... LE DUC, à ses gardes. Qu'on laisse passer ces deux personnes. BINDO, sortant, bas à VENTURI C'est un tour infùme. VENTURI, de mÃÂȘme. Qu'est-ce que vous ferez? BINDO, de mÃÂȘme. Que diable veux-tu que je fasse? Je suis nommé. VENTURI, de mÃÂȘme. Cela est terrible. Ils sortent. LE DUC La Cibo est à moi. LORENZO J'en suis fùché. LE DUC Pourquoi? LORENZO Parce que cela fera tort aux autres. LE DUC Ma foi, non, elle m'ennuie déjà . Dis-moi donc, mignon, quelle est donc cette belle femme qui arrange ces fleurs sur cette fenÃÂȘtre? Voilà longtemps que je la vois sans cesse en passant. LORENZO OÃÂč donc? LE DUC Là -bas, en face, dans le palais. LORENZO Oh! ce n'est rien. LE DUC Rien? Appelles-tu rien ces bras-là ? Quelle Vénus, entrailles du diable! LORENZO C'est une voisine. LE DUC Je veux parler à cette voisine-là . Eh! parbleu, si je ne me trompe, c'est Catherine Ginori. LORENZO LE DUC Je la reconnais trÚs bien; c'est ta tante. Peste! j'avais oublié cette figure-là . AmÚne-la donc souper. LORENZO Cela serait trÚs difficile. C'est une vertu. LE DUC Allons donc! Est-ce qu'il y en a pour nous autres? LORENZO Je lui demanderai, si vous voulez. Mais je vous avertis que c'est une pédante; elle parle latin. LE DUC Bon! elle ne fait pas l'amour en latin. Viens donc par ici; nous la verrons mieux de cette galerie. LORENZO Une autre fois, mignon; - à l'heure qu'il est je n'ai pas de temps à perdre - il faut que j'aille chez le Strozzi. LE DUC Quoi! chez ce vieux fou? LORENZO Oui, chez ce vieux misérable, chez cet infùme. Il paraÃt qu'il ne peut se guérir de cette singuliÚre lubie d'ouvrir sa bourse à toutes ces viles créatures qu'on nomme bannis, et que ces meurt-de-faim se réunissent chez lui tous les jours, avant de mettre leurs souliers et de prendre leurs bùtons. Maintenant, mon projet est d'aller au plus vite manger le dÃner de ce vieux gibier de potence, et de lui renouveler l'assurance de ma cordiale amitié. J'aurai ce soir quelque bonne histoire à vous conter, quelque charmante fredaine qui pourra faire lever de bonne heure demain matin quelques-unes de toutes ces canailles. LE DUC Que je suis heureux de t'avoir, mignon! J'avoue que je ne comprends pas comment ils te reçoivent. LORENZO Bon! Si vous saviez comme cela est aisé de mentir impudemment au nez d'un butor! Cela prouve bien que vous n'avez jamais essayé. A propos, ne m'avez-vous pas dit que vous vouliez donner votre portrait, je ne sais plus à qui? J'ai un peintre à vous amener, c'est un protégé. LE DUC Bon, bon, mais pense à la tante. C'est pour elle que je suis venu te voir; le diable m'emporte, tu as une tante qui me revient. LORENZO Et la Cibo? LE DUC Je te dis de parler de moi à ta tante. Ils sortent. SCENE V Une salle du palais des Strozzi. PHILIPPE STROZZI, LE PRIEUR; LOUISE, occupée à travailler; LORENZO, couché sur un sofa. PHILIPPE Dieu veuille qu'il n'en soit rien! Que de haines inextinguibles, implacables, n'ont pas commencé autrement! Un propos! la fumée d'un repas jasant sur les lÚvres épaisses d'un débauché! voilà les guerres de famille, voilà comme les couteaux se tirent. On est insulté, et on tue; on a tué, et on est tué. BientÎt les haines s'enracinent; on berce les fils dans les cercueils de leurs aïeux, et des générations entiÚres sortent de terre l'épée à la main. LE PRIEUR J'ai peut-ÃÂȘtre eu tort de me souvenir de ce méchant propos et de ce maudit voyage à Montolivet; mais le moyen d'endurer ces Salviati? PHILIPPE Ah! Léon, Léon, je te le demande; qu'y aurait-il de changé pour Louise et pour nous-mÃÂȘmes, si tu n'avais rien dit à mes enfants? La vertu d'une Strozzi ne peut-elle oublier un mot d'un Salviati? L'habitant d'un palais de marbre doit-il savoir les obscénités que la populace écrit sur ses murs? Qu'importe le propos d'un Julien? Ma fille en trouvera-t-elle moins un honnÃÂȘte mari? Ses enfants la respecteront-ils moins? M'en souviendrai-je, moi, son pÚre, en lui donnant le baiser du soir? OÃÂč en sommes-nous, si l'insolence du premier venu tire du fourreau des épées comme les nÎtres? Maintenant tout est perdu; voilà Pierre furieux de tout ce que tu nous as conté. Il s'est mis en campagne; il est allé chez les Pazzi. Dieu sait ce qui peut arriver! Qu'il rencontre Salviati, voilà le sang répandu, le mien, mon sang sur le pavé de Florence! Ah! pourquoi suis-je pÚre? LE PRIEUR Si l'on m'eût rapporté un propos sur ma soeur, quel qu'il fût, j'aurais tourné le dos, et tout aurait été fini là . Mais celui-là m'était adressé; il était si grossier que je me suis figuré que le rustre ne savait de qui il parlait; - mais il le savait bien. PHILIPPE Oui, ils le savent, les infùmes! ils savent bien oÃÂč ils frappent! Le vieux tronc d'arbre est d'un bois trop solide; ils ne viendraient pas l'entamer. Mais ils connaissent la fibre délicate qui tressaille dans ses entrailles, lorsqu'on attaque son plus faible bourgeon. Ma Louise! ah! qu'est-ce donc que la raison? Les mains me tremblent à cette idée. Juste Dieu! la raison, est-ce donc la vieillesse? LE PRIEUR Pierre est trop violent. PHILIPPE Pauvre Pierre! comme le rouge lui est monté au front! comme il a frémi en t'écoutant raconter l'insulte faite à sa soeur! C'est moi qui suis un fou, car je t'ai laissé dire. Pierre se promenait par la chambre à grands pas, inquiet, furieux, la tÃÂȘte perdue; il allait et venait, comme moi maintenant Je le regardais en silence; c'est un si beau spectacle qu'un sang pur montant à un front sans reproche. O ma patrie! pensais-je, en voilà un, et c'est mon aÃné. Ah! Léon, j'ai beau faire, je suis un Strozzi. LE PRIEUR Il n'y a peut-ÃÂȘtre pas tant de danger que vous le pensez. - C'est un grand hasard s'il rencontre Salviati ce soir. - Demain, nous verrons tous les choses plus sagement. PHILIPPE N'en doutez pas Pierre le tuera, ou il se fera tuer. Il ouvre la fenÃÂȘtre. OÃÂč sont-ils maintenant? Voilà la nuit; la ville se couvre de profondes ténÚbres. Ces rues sombres me font horreurs; - le sang coule quelque part, j'en suis sûr. LE PRIEUR Calmez-vous. PHILIPPE A la maniÚre dont mon Pierre est sorti, je suis sûr qu'on ne le reverra que vengé ou mort. Je l'ai vu décrocher son épée en fronçant le sourcil; il se mordait les lÚvres, et les muscles de ses bras étaient tendus comme des arcs. Oui, oui, maintenant il meurt ou il est vengé, cela n'est pas douteux. LE PRIEUR Remettez-vous, fermez cette fenÃÂȘtre. PHILIPPE Eh bien, Florence, apprends-la donc à tes pavés, la couleur de mon noble sang! il y a quarante de tes fils qui l'ont dans les veines. Et moi, le chef de cette famille immense, plus d'une fois encore ma tÃÂȘte blanche se penchera du haut de ces fenÃÂȘtres, dans les angoisses paternelles! plus d'une fois, ce sang que tu bois peut-ÃÂȘtre à cette heure avec indifférence, séchera au soleil de tes places. Mais ne ris pas ce soir du vieux Strozzi, qui a peur pour son enfant. Sois avare de sa famille, car il viendra un jour oÃÂč tu la compteras, oÃÂč tu te mettras avec lui à la fenÃÂȘtre, et oÃÂč le coeur te battra aussi lorsque tu entendras le bruit de nos épées. LOUISE Mon pÚre, mon pÚre! vous me faites peur. LE PRIEUR, bas à Louise. N'est-ce pas Thomas qui rÎde sous ces lanternes? Il m'a semblé le reconnaÃtre à sa petite taille; le voilà parti. PHILIPPE Pauvre ville, oÃÂč les pÚres attendent ainsi le retour de leurs enfants! Pauvre patrie! pauvre patrie! Il y en a bien d'autres à cette heure qui ont pris leurs manteaux et leurs épées pour s'enfoncer dans cette nuit obscure; et ceux qui les attendent ne sont point inquiets; ils savent qu'ils mourront demain de misÚre, s'ils ne meurent de froid cette nuit. Et nous, dans ces palais somptueux, nous attendons qu'on nous insulte pour tirer nos épées! Le propos d'un ivrogne nous transporte de colÚre, et disperse dans ces sombres rues nos fils et nos amis! Mais les malheurs publics ne secouent pas la poussiÚre de nos armes. On croit Philippe Strozzi un honnÃÂȘte homme, parce qu'il fait le bien sans empÃÂȘcher le mal! Et maintenant, moi, pÚre, que ne donnerais-je pas pour qu'il y eût au monde un ÃÂȘtre capable de me rendre mon fils et de punir juridiquement l'insulte faite à ma fille! Mais pourquoi empÃÂȘcherait-on le mal qui m'arrive, quand je n'ai pas empÃÂȘché celui qui arrive aux autres, moi qui en avais le pouvoir? Je me suis courbé sur des livres, et j'ai rÃÂȘvé pour ma patrie ce que j'admirais dans l'antiquité. Les murs criaient vengeance autour de moi, et je me bouchais les oreilles pour m'enfoncer dans mes méditations; il a fallu que la tyrannie vÃnt me frapper au visage pour me faire dire Agissons! et ma vengeance a des cheveux gris. Entrent Pierre avec Thomas et François Pazzi. PIERRE C'est fait; Salviati est mort. Il embrasse sa soeur. LOUISE Quelle horreur! tu es couvert de sang. PIERRE Nous l'avons attendu au coin de la rue des Archers; François a arrÃÂȘté son cheval; Thomas l'a frappé à la jambe, et moi... LOUISE Tais-toi! tais-toi! tu me fais frémir. Tes yeux sortent de leurs orbites; tes mains sont hideuses; tout ton corps tremble, et tu es pùle comme la mort. LORENZO, se levant. Tu es beau, Pierre, tu es grand comme la vengeance. PIERRE Qui dit cela? Te voilà ici, toi, Lorenzaccio Il s'approche de son pÚre. Quand donc fermerez-vous votre porte à ce misérable? ne savez-vous donc pas ce que c'est, sans compter l'histoire de son duel avec Maurice? PHILIPPE C'est bon, je sais tout cela. Si Lorenzo est ici, c'est que j'ai de bonnes raisons pour l'y recevoir. Nous en parlerons en temps et lieu. PIERRE, entre ses dents. Hum! des raisons pour recevoir cette canaille! Je pourrais bien en trouver, un de ces matins, une trÚs bonne aussi pour le faire sauter par les fenÃÂȘtres. Dites ce que vous voudrez, j'étouffe dans cette chambre de voir une pareille lÚpre se traÃner sur nos fauteuils. PHILIPPE Allons, paix! tu es un écervelé! Dieu veuille que ton coup de ce soir n'ait pas de mauvaises suites pour nous! Il faut commencer par te cacher. PIERRE Me cacher! Et au nom de tous les saints, pourquoi me cacherais-je? LORENZO, à Thomas. En sorte que vous l'avez frappé à l'épaule?... Dites-moi donc un peu... Il l'entraÃne dans l'embrasure d'une fenÃÂȘtre; tous deux s'entretiennent à voix basse. PIERRE Non, mon pÚre, je ne me cacherai pas. L'insulte a été publique, il nous l'a faite au milieu d'une place. Moi, je l'ai assommé au milieu d'une rue, et il me convient demain matin de le raconter à toute la ville. Depuis quand se cache-t-on pour avoir vengé son honneur? Je me promÚnerais volontiers l'épée nue, et sans en essuyer une goutte de sang. PHILIPPE Viens par ici, il faut que je te parle. Tu n'es pas blessé, mon enfant? tu n'as rien reçu dans tout cela? Ils sortent. SCENE VI Au palais du duc. LE DUC, à demi nu; TEBALDEO, faisant son portrait. GIOMO joue de la guitare. GIOMO, chantant. Quand je mourrai, mon échanson, Porte mon coeur à ma maÃtresse. Qu'elle envoie au diable la messe, La prÃÂȘtraille et les oraisons. Les pleurs ne sont que de l'eau claire. Dis-lui qu'elle éventre un tonneau; Qu'on entonne un choeur sur ma biÚre J'y répondrai du fond de mon tombeau. LE DUC Je savais bien que j'avais quelque chose à te demander. Dis-moi, Hongrois, que t'avait donc fait ce garçon que je t'ai vu bùtonner tantÎt d'une si joyeuse maniÚre? GIOMO Ma foi, je ne saurais le dire, ni lui non plus. LE DUC Pourquoi? Est-ce qu'il est mort? GIOMO C'est un gamin d'une maison voisine; tout à l'heure, en passant, il m'a semblé qu'on l'enterrait. LE DUC Quand mon Giomo frappe, il frappe ferme. GIOMO Cela vous plaÃt à dire; je vous ai vu tuer un homme d'un coup plus d'une fois. LE DUC Tu crois! J'étais donc gris? Quand je suis en pointe de gaieté, tous mes moindres coups sont mortels. A Tebaldeo. Qu'as-tu donc, petit? est-ce que la main te tremble? tu louches terriblement. TEBALDEO Rien, monseigneur, plaise à Votre Altesse. Entre Lorenzo. LORENZO Cela avance-t-il? Etes-vous content de mon protégé? Il prend la cotte de mailles du duc sur le sofa. Vous avez là une jolie cotte de mailles, mignon! Mais cela doit ÃÂȘtre bien chaud. LE DUC En vérité, si elle me gÃÂȘnait, je n'en porterais pas. Mais c'est du fil d'acier; la lime la plus aiguà n'en pourrait ronger une maille, et en mÃÂȘme temps c'est léger comme de la soie. Il n'y a peut-ÃÂȘtre pas la pareille dans toute l'Europe; aussi je ne la quitte guÚre; jamais, pour mieux dire. LORENZO C'est trÚs léger, mais trÚs solide. Croyez-vous cela à l'épreuve du stylet? LE DUC Assurément. LORENZO Au fait, j'y réfléchis à présent, vous la portez toujours sous votre pourpoint. L'autre jour, à la chasse, j'étais en croupe derriÚre vous, et en vous tenant à bras-le-corps, je la sentais trÚs bien. C'est une prudente habitude. LE DUC Ce n'est pas que je me défie de personne; comme tu dis, c'est une habitude, - pure habitude de soldat. LORENZO Votre habit est magnifique. Quel parfum que ces gants! Pourquoi donc posez-vous à moitié nu? Cette cotte de mailles aurait fait son effet dans votre portrait; vous avez eu tort de la quitter. LE DUC C'est le peintre qui l'a voulu. Cela vaut toujours mieux, d'ailleurs, de poser le cou découvert; regarde les antiques. LORENZO OÃÂč diable est ma guitare? Il faut que je fasse un second dessus à Giomo. Il sort. TEBALDEO Altesse, je n'en ferai pas davantage aujourd'hui. GIOMO, à la fenÃÂȘtre. Que fait donc Lorenzo? Le voilà en contemplation devant le puits qui est au milieu du jardin; ce n'est pas là , il me semble, qu'il devrait chercher sa guitare. LE DUC Donne-moi mes habits. OÃÂč est donc ma cotte de mailles? GIOMO Je ne la trouve pas, j'ai beau chercher, elle s'est envolée. LE DUC Renzino la tenait il n'y a pas cinq minutes; il l'aura jetée dans un coin en s'en allant, selon sa louable coutume de paresseux. GIOMO Cela est incroyable; pas plus de cotte de mailles que sur ma main. LE DUC Allons, tu rÃÂȘves! cela est impossible. GIOMO Voyez vous-mÃÂȘme, Altesse; la chambre n'est pas si grande. LE DUC Renzo la tenait là , sur ce sofa. Rentre Lorenzo. Qu'as-tu donc fait de ma cotte? nous ne pouvons plus la trouver. LORENZO Je l'ai remise oÃÂč elle était. Attendez; non, je l'ai posée sur ce fauteuil; non, c'était sur le lit. Je n'en sais rien, mais j'ai trouvé ma guitare. Il chante en s'accompagnant. Bonjour, madame l'abbesse... GIOMO Dans le puits du jardin, apparemment? car vous étiez penché dessus tout à l'heure d'un air tout à fait absorbé. LORENZO Cracher dans un puits pour faire des ronds est mon plus grand bonheur. AprÚs boire et dormir, je n'ai pas d'autre occupation. Il continue à jouer. Bonjour, bonjour, abbesse de mon coeur... LE DUC Cela est inouï que cette cotte se trouve perdue! Je crois que je ne l'ai pas Îtée deux fois dans ma vie, si ce n'est pour me coucher. LORENZO Laissez donc, laissez donc. N'allez-vous pas faire un valet de chambre d'un fils de pape? Vos gens la trouveront. LE DUC Que le diable t'emporte! c'est toi qui l'as égarée. LORENZO Si j'étais duc de Florence, je m'inquiéterais d'autre chose que de mes cottes. A propos, j'ai parlé de vous à ma chÚre tante. Tout est au mieux; venez donc un peu ici que je vous parle à l'oreille. GIOMO, bas au duc. Cela est singulier, au moins; la cotte de mailles est enlevée. LE DUC On la retrouvera. Il s'assoit à cÎté de Lorenzo. GIOMO, à part. Quitter la compagnie pour aller cracher dans le puits, cela n'est pas naturel. Je voudrais retrouver cette cotte de mailles, pour m'Îter de la tÃÂȘte une vieille idée qui se rouille de temps en temps. Bah! un Lorenzaccio! La cotte est sous quelque fauteuil. SCENE VII Devant le palais. Entre SALVIATI, couvert de sang et boitant; deux hommes le soutiennent. SALVIATI, criant. Alexandre de Médicis! ouvre ta fenÃÂȘtre et regarde un peu comme on traite tes serviteurs! LE DUC, à la fenÃÂȘtre. Qui est là dans la boue? Qui se traÃne aux murailles de mon palais avec ces cris épouvantables? SALVIATI Les Strozzi m'ont assassiné; je vais mourir à ta porte. LE DUC Lesquels des Strozzi, et pourquoi? SALVIATI Parce que j'ai dit que leur soeur était amoureuse de toi mon noble duc. Les Strozzi ont trouvé leur soeur insultée, parce que j'ai dit que tu lui plaisais; trois d'entre eux m'ont assassiné. J'ai reconnu Pierre et Thomas; je ne connais pas le troisiÚme. LE DUC Fais-toi monter ici. Par Hercule! les meurtriers passeront la nuit en prison, et on les pendra demain matin. Salviati entre dans le palais. Notes de l'auteur Note 4. Le pape Paul III. ACTE III SCENE PREMIERE La chambre à coucher de Lorenzo. LORENZO; SCORONCONCOLO, faisant des armes. SCORONCONCOLO MaÃtre, as-tu assez du jeu? LORENZO Non, crie plus fort. Tiens, pare celle-ci! tiens, meurs! tiens, misérable! SCORONCONCOLO A l'assassin! on me tue! on me coupe la gorge! LORENZO Meurs! meurs! meurs! - Frappe donc du pied. SCORONCONCOLO A moi, mes archers! au secours! on me tue! Lorenzo de l'enfer! LORENZO Meurs, infùme! Je te saignerai, pourceau, je te saignerai! Au coeur! au coeur! il est éventré. - Crie donc, frappe donc, tue donc! Ouvre-lui les entrailles! Coupons-le par morceaux, et mangeons, mangeons! J'en ai jusqu'au coude. Fouille dans la gorge, roule-le, roule! Mordons, mordons, et mangeons! Il tombe épuisé. SCORONCONCOLO, s'essuyant le front. Tu as inventé un rude jeu, maÃtre, et tu y vas en vrai tigre; mille millions de tonnerres! tu rugis comme une caverne pleine de panthÚres et de lions. LORENZO O jour de sang, jour de mes noces! O soleil! soleil! il y a assez longtemps que tu es sec comme le plomb; tu te meurs de soif, soleil! son sang t'enivrera. O ma vengeance! qu'il y a longtemps que tes ongles poussent! O dents d'Ugolin! il vous faut le crùne, le crùne! SCORONCONCOLO Es-tu en délire? As-tu la fiÚvre? LORENZO Lùche, lùche, - ruffian - le petit maigre les pÚres, les filles, - des adieux, des adieux sans fin, - les rives de l'Arno pleines d'adieux! - Les gamins l'écrivent sur les murs. - Ris, vieillard, ris dans ton bonnet blanc; - tu ne vois pas que mes ongles poussent? - Ah! le crùne, le crùne! Il s'évanouit. SCORONCONCOLO MaÃtre, tu as un ennemi. Il lui jette de l'eau à la figure. Allons, maÃtre, ce n'est pas la peine de tant te démener. On a des sentiments élevés ou on n'en a pas; je n'oublierai jamais que tu m'as fait avoir une certaine grùce sans laquelle je serais loin. MaÃtre, si tu as un ennemi, dis-le, et je t'en débarrasserai sans qu'il y paraisse autrement. LORENZO Ce n'est rien; je te dis que mon seul plaisir est de faire peur à mes voisins. SCORONCONCOLO Depuis que nous trépignons dans cette chambre et que nous y mettons tout à l'envers, ils doivent ÃÂȘtre bien accoutumés à notre tapage. Je crois que tu pourrais égorger trente hommes dans ce corridor, et les rouler sur ton plancher, sans qu'on s'aperçoive dans la maison qu'il s'y passe du nouveau. Si tu veux faire peur aux voisins, tu l'y prends mal. Ils ont eu peur la premiÚre fois, c'est vrai, mais maintenant ils se contentent d'enrager, et ne s'en mettent pas en peine jusqu'au point de quitter leurs fauteuils ou d'ouvrir leurs fenÃÂȘtres. LORENZO Tu crois? SCORONCONCOLO Tu as un ennemi, maÃtre. Ne t'ai-je pas vu frapper du pied la terre, et maudire le jour de ta naissance? N'ai-je pas des oreilles? et, au milieu de tes fureurs, n'ai-je pas entendu résonner distinctement un petit mot bien net la vengeance? Tiens, maÃtre, crois-moi, tu maigris-tu n'as plus le mot pour rire comme devant; - crois-moi, il n'y a rien de si mauvaise digestion qu'une bonne haine. Est-ce que sur deux hommes au soleil il n'y en a pas toujours un dont l'ombre gÃÂȘne l'autre? Ton médecin est dans ma gaine; laisse-moi te guérir. Il tire son épée. LORENZO Ce médecin-là t'a-t-il jamais guéri, toi? SCORONCONCOLO Quatre ou cinq fois. Il y avait un jour à Padoue une petite demoiselle qui me disait... LORENZO Montre-moi cette épée. Ah! garçon, c'est une brave lame. SCORONCONCOLO Essaye-la, et tu verras. LORENZO Tu as deviné mon mal, j'ai un ennemi. Mais pour lui je ne me servirai pas d'une épée qui ait servi pour d'autres. Celle qui le tuera n'aura ici-bas qu'un baptÃÂȘme; elle gardera son nom. SCORONCONCOLO Quel est le nom de l'homme? LORENZO Qu'importe! m'es-tu dévoué? SCORONCONCOLO Pour toi, je remettrais le Christ en croix. LORENZO Je te le dis en confidence, - je ferai le coup dans cette chambre, et c'est précisément pour que mes chers voisins ne s'en étonnent pas que je les accoutume à ce bruit de tous les jours. Ecoute bien, et ne te trompe pas. Si je l'abats du premier coup, ne t'avise pas de le toucher. Mais je ne suis pas plus gros qu'une puce, et c'est un sanglier. S'il se défend, je compte sur toi pour lui tenir les mains; rien de plus, entends-tu? c'est à moi qu'il appartient. Je t'avertirai en temps et lieu. SCORONCONCOLO SCENE II Au palais Strozzi Entrent PHILIPPE et PIERRE. PIERRE Quand je pense à cela, j'ai envie de me couper la main droite. Avoir manqué cette canaille! Un coup si juste, et l'avoir manqué! A qui n'était-ce pas rendre service que de faire dire aux gens il y a un Salviati de moins dans les rues? Mais le drÎle a fait comme les araignées, - il s'est laissé tomber en repliant ses pattes crochues, et il a fait le mort de peur d'ÃÂȘtre achevé. PHILIPPE Que t'importe qu'il vive? ta vengeance n'en est que plus complÚte. On le dit blessé de telle maniÚre qu'il s'en souviendra toute sa vie. PIERRE Oui, je le sais bien, voilà comme vous voyez les choses. Tenez, mon pÚre, vous ÃÂȘtes bon patriote, mais encore meilleur pÚre de famille; ne vous mÃÂȘlez pas de tout cela. PHILIPPE Qu'as-tu encore en tÃÂȘte? Ne saurais-tu vivre un quart d'heure sans penser à mal? PIERRE Non, par l'enfer! je ne saurais vivre un quart d'heure tranquille dans cet air empoisonné. Le ciel me pÚse sur la tÃÂȘte comme une voûte de prison, et il me semble que je respire dans les rues des quolibets et des hoquets d'ivrognes. Adieu, j'ai affaire à présent. PHILIPPE OÃÂč vas-tu? PIERRE Pourquoi voulez-vous le savoir? Je vais chez les Pazzi. PHILIPPE Attends-moi donc, car j'y vais aussi. PIERRE Pas à présent, mon pÚre, ce n'est pas un bon moment pour vous. PHILIPPE Parle-moi franchement. PIERRE Cela est entre nous. Nous sommes là une cinquantaine, les Ruccellai et d'autres, qui ne portons pas le bùtard dans nos entrailles. PHILIPPE Ainsi donc? PIERRE Ainsi donc les avalanches se font quelquefois au moyen d'un caillou gros comme le bout du doigt. PHILIPPE Mais vous n'avez rien d'arrÃÂȘté? pas de plan, pas de mesures prises? O enfants, enfants! jouer avec la vie et la mort! Des questions qui ont remué le monde! des idées qui ont blanchi des milliers de tÃÂȘtes, et qui les ont fait rouler comme des grains de sable sur les pieds du bourreau! des projets que la Providence elle-mÃÂȘme regarde en silence et avec terreur, et qu'elle laisse achever à l'homme, sans oser y toucher! Vous parlez de tout cela en faisant des armes et en buvant un verre de vin d'Espagne, comme s'il s'agissait d'un cheval ou d'une mascarade! Savez-vous ce que c'est qu'une république, que l'artisan au fond de son atelier, que le laboureur dans son champ, que le citoyen sur la place, que la vie entiÚre d'un royaume? le bonheur des hommes, Dieu de justice! O enfants, enfants! savez-vous compter sur vos doigts? PIERRE Un bon coup de lancette guérit tous les maux. PHILIPPE Guérir! guérir! Savez-vous que le plus petit coup de lancette doit ÃÂȘtre donné par le médecin? Savez-vous qu'il faut une expérience longue comme la vie, et une science grande comme le monde, pour tirer du bras d'un malade une goutte de sang? N'étais-je pas offensé aussi, la nuit derniÚre, lorsque tu avais mis ton épée nue sous ton manteau? Ne suis-je pas le pÚre de ma Louise, comme tu es son frÚre? N'était-ce pas une juste vengeance? Et cependant sais-tu ce qu'elle m'a coûté? Ah! les pÚres savent cela, mais non les enfants. Si tu es pÚre un jour, nous en parlerons. PIERRE Vous qui savez aimer, vous devriez savoir haïr. PHILIPPE Qu'ont donc fait à Dieu ces Pazzi? Ils invitent leurs amis à venir conspirer, comme on invite à jouer aux dés, et leurs amis, en entrant dans leur cour, glissent dans le sang de leurs grands-pÚres Note 5. Quelle soif ont donc leurs épées? Que voulez-vous donc, que voulez-vous? PIERRE Et pourquoi vous démentir vous-mÃÂȘme? Ne vous ai-je pas entendu cent fois dire ce que nous disons? Ne savons-nous pas ce qui vous occupe, quand vos domestiques voient à leur lever vos fenÃÂȘtres éclairées des flambeaux de la veille? Ceux qui passent les nuits sans dormir ne meurent pas silencieux. PHILIPPE OÃÂč en viendrez-vous? réponds-moi. PIERRE Les Médicis sont une peste. Celui qui est mordu par un serpent n'a que faire d'un médecin; il n'a qu'à se brûler la plaie. PHILIPPE Et quand vous aurez renversé ce qui est, que voulez-vous mettre à la place? PIERRE Nous sommes toujours sûrs de ne pas trouver pire. PHILIPPE Je vous le dis, comptez sur vos doigts. PIERRE Les tÃÂȘtes d'une hydre sont faciles à compter. PHILIPPE Et vous voulez agir? cela est décidé? PIERRE Nous voulons couper les jarrets aux meurtriers de Florence. PHILIPPE Cela est irrévocable? vous voulez agir? PIERRE Adieu, mon pÚre, laissez-moi aller seul. PHILIPPE Depuis quand le vieil aigle reste-t-il dans le nid, quand ses aiglons vont à la curée? O mes enfants! ma brave et belle jeunesse! vous qui avez la force que j'ai perdue, vous qui ÃÂȘtes aujourd'hui ce qu'était le jeune Philippe, laissez-le avoir vieilli pour vous! EmmÚne-moi, mon fils, je vois que vous allez agir. Je ne vous ferai pas de longs discours, je ne dirai que quelques mots; il peut y avoir quelque chose de bon dans cette tÃÂȘte grise deux mots, et ce sera fait. Je ne radote pas encore, je ne vous serai pas à charge; ne pars pas sans moi, mon enfant, attends que je prenne mon manteau. PIERRE Venez mon noble pÚre; nous baiserons le bas de votre robe. Vous ÃÂȘtes notre patriarche, venez voir marcher au soleil les rÃÂȘves de votre vie. La liberté est mûre; venez, vieux jardinier de Florence, voir sortir de terre la plante que vous aimez. Ils sortent. SCENE III Une rue. UN OFFICIER ALLEMAND et des soldats; THOMAS STROZZI, au milieu d'eux. L'OFFICIER Si nous ne le trouvons pas chez lui, nous le trouverons chez les Pazzi. THOMAS Va ton train, et ne sois pas en peine; tu sauras ce qu'il en coûte. L'OFFICIER Pas de menace; j'exécute les ordres du duc, et n'ai rien à souffrir de personne. THOMAS Imbécile! qui arrÃÂȘte un Strozzi sur la parole d'un Médicis! Il se forme un groupe autour d'eux. UN BOURGEOIS Pourquoi arrÃÂȘtez-vous ce seigneur? Nous le connaissons bien, c'est le fils de Philippe. UN AUTRE Lùchez-le, nous répondons pour lui. LE PREMIER Oui, oui, nous répondons pour les Strozzi. Laisse-le aller, ou prends garde à tes oreilles. L'OFFICIER Hors de là , canaille! laissez passer la justice du duc, si vous n'aimez pas les coups de hallebarde. Pierre et Philippe arrivent. PIERRE Qu'y a-t-il? Quel est ce tapage? Que fais-tu là , Thomas? LE BOURGEOIS EmpÃÂȘche-le, Philippe, empÃÂȘche-le d'emmener ton fils en prison. PHILIPPE En prison? et sur quel ordre? L'OFFICIER Qu'on saisisse cet homme! Les soldats arrÃÂȘtent Pierre. PIERRE Lùchez-moi, misérables, ou je vous éventre comme des pourceaux! PHILIPPE Sur quel ordre agissez-vous, monsieur? L'OFFICIER montrant l'ordre du duc. Voilà mon mandat. J'ai ordre d'arrÃÂȘter Pierre et Thomas Strozzi. Les soldats repoussent le peuple, qui leur jette des cailloux. PIERRE De quoi nous accuse-t-on? qu'avons-nous fait? Aidez-moi, mes amis, rossons cette canaille. Il tire son épée. Un autre détachement de soldats arrive. L'OFFICIER Venez ici, prÃÂȘtez-moi main-forte. Pierre est désarmé. En marche! et le premier qui approche de trop prÚs, un coup de pique dans le ventre! Cela leur apprendra à se mÃÂȘler de leurs affaires. PIERRE On n'a pas le droit de m'arrÃÂȘter sans un ordre des Huit. Je me soucie bien des ordres d'Alexandre! OÃÂč est l'ordre des Huit? L'OFFICIER C'est devant eux que nous vous menons. PIERRE Si c'est devant eux, je n'ai rien à dire. De quoi suis-je accusé? UN HOMME DU PEUPLE. Comment, Philippe, tu laisses emmener tes enfants au tribunal des Huit? PIERRE Répondez donc, de quoi suis-je accusé? L'OFFICIER Cela ne me regarde pas. Les soldats sortent avec Pierre et Thomas. PIERRE, en sortant. N'ayez aucune inquiétude, mon pÚre, les Huit me renverront souper à la maison, et le bùtard en sera pour ses frais de justice. PHILIPPE, seul, s'asseyant sur un banc. J'ai beaucoup d'enfants, mais pas pour longtemps, si cela va si vite. OÃÂč en sommes-nous donc si une vengeance, aussi juste que le ciel que voilà est clair, est punie comme un crime! Eh quoi! les deux aÃnés d'une famille vieille comme la ville, emprisonnés comme des voleurs de grand chemin! la plus grossiÚre insulte chùtiée, un Salviati frappé, seulement frappé, et des hallebardes en jeu! Sors donc du fourreau, mon épée! Si le saint appareil des exécutions judiciaires devient la cuirasse des ruffians et des ivrognes, que la hache et le poignard, cette arme des assassins, protÚgent l'homme de bien. O Christ! La justice devenue une entremetteuse! L'honneur des Strozzi souffleté en place publique, et un tribunal répondant des quolibets d'un rustre! Un Salviati jetant à la plus noble famille de Florence son gant taché de vin et de sang, et, lorsqu'on le chùtie, tirant pour se défendre le coupe-tÃÂȘte du bourreau! LumiÚre du soleil! j'ai parlé, il n'y a pas un quart d'heure, contre les idées de révolte, et voilà le pain qu'on me donne à manger, avec mes paroles de paix sur les lÚvres! Allons, mes bras, remuez! et toi, vieux corps courbé par l'ùge et par l'étude, redresse-toi pour l'action! Entre Lorenzo. LORENZO Demandes-tu l'aumÎne, Philippe, assis au coin de cette rue? PHILIPPE Je demande l'aumÎne à la justice des hommes; je suis un mendiant affamé de justice, et mon honneur est en haillons. LORENZO Quel changement va donc s'opérer dans le monde, et quelle robe nouvelle va revÃÂȘtir la nature, si le masque de la colÚre s'est posé sur le visage auguste et paisible du vieux Philippe? O mon pÚre, quelles sont ces plaintes? pour qui répands-tu sur la terre les joyaux les plus précieux qu'il y ait sous le soleil, les larmes d'un homme sans peur et sans reproche? PHILIPPE Il faut nous délivrer des Médicis, Lorenzo. Tu es un Médicis toi-mÃÂȘme, mais seulement par ton nom. Si je t'ai bien connu, si la hideuse comédie que tu joues m'a trouvé impassible et fidÚle spectateur, que l'homme sorte de l'histrion! Si tu as jamais été quelque chose d'honnÃÂȘte, sois-le aujourd'hui. Pierre et Thomas sont en prison. LORENZO Oui, oui, je sais cela. PHILIPPE Est-ce là ta réponse? Est-ce là ton visage, homme sans épée? LORENZO Que veux-tu? dis-le, et tu auras alors ma réponse. PHILIPPE Agir! Comment, je n'en sais rien. Quel moyen employer, quel levier mettre sous cette citadelle de mort, pour la soulever et la pousser dans le fleuve, quoi faire, que résoudre, quels hommes aller trouver, je ne puis le savoir encore, mais agir, agir, agir! O Lorenzo, le temps est venu. N'es-tu pas diffamé, traité de chien et de sans-coeur? Si je t'ai tenu en dépit de tout ma porte ouverte, ma main ouverte, mon coeur ouvert, parle, et que je voie si je me suis trompé. Ne m'as-tu pas parlé d'un homme qui s'appelle aussi Lorenzo, et qui se cache derriÚre le Lorenzo que voilà ? Cet homme n'aime-t-il pas sa patrie, n'est-il pas dévoué à ses amis? Tu le disais, et je l'ai cru. Parle, parle, le temps est venu. LORENZO Si je ne suis pas tel que vous le désirez, que le soleil me tombe sur la tÃÂȘte! PHILIPPE Ami, rire d'un vieillard désespéré, cela porte malheur. Si tu dis vrai, à l'action! J'ai de toi des promesses qui engageraient Dieu lui-mÃÂȘme, et c'est sur ces promesses que je t'ai reçu. Le rÎle que tu joues est un rÎle de boue et de lÚpre, tel que l'enfant prodigue ne l'aurait pas joué dans un jour de démence, et cependant je t'ai reçu. Quand les pierres criaient à ton passage quand chacun de tes pas faisait jaillir des mares de sang humain, je t'ai appelé du nom sacré d'ami, je me suis fait sourd pour te croire, aveugle pour t'aimer; j'ai laissé l'ombre de ta mauvaise réputation passer sur mon honneur, et mes enfants ont douté de moi en trouvant sur ma main la trace hideuses du contact de la tienne. Sois honnÃÂȘte, car je l'ai été; agis, car tu es jeune, et je suis Vieux. LORENZO Pierre et Thomas sont en prison; est-ce là tout? PHILIPPE O ciel et terre! oui, c'est là tout. Presque rien, deux enfants de mes entrailles qui vont s'asseoir au banc des voleurs. Deux tÃÂȘtes que j'ai baisées autant de fois que j'ai de cheveux gris, et que je vais trouver demain matin clouées sur la porte de la forteresse; oui, c'est là tout, rien de plus, en vérité. LORENZO Ne me parle pas sur ce ton. Je suis rongé d'une tristesse auprÚs de laquelle la nuit la plus sombre est une lumiÚre éblouissante. Il s'assoit prÚs de Philippe. PHILIPPE Que je laisse mourir mes enfants, cela est impossible, vois-tu! On m'arracherait les bras et les jambes, que, comme le serpent, les morceaux mutilés de Philippe se rejoindraient encore et se lÚveraient pour la vengeance. Je connais si bien tout cela! Les Huit! un tribunal d'hommes de marbre! une forÃÂȘt de spectres sur laquelle passe de temps en temps le vent lugubre du doute qui les agite pendant une minute, pour se résoudre en un mot sans appel! Un mot, un mot, Î conscience! Ces hommes-là mangent, ils dorment, ils ont des femmes et des filles! Ah! qu'ils tuent, qu'ils égorgent, mais pas mes enfants, pas mes enfants! LORENZO Pierre est un homme; il parlera, et il sera mis en liberté. PHILIPPE O mon Pierre, mon premier-né! LORENZO Rentrez chez vous, tenez-vous tranquille; ou faites mieux, quittez Florence. Je vous réponds de tout, si vous quittez Florence. PHILIPPE Moi, un banni! moi dans un lit d'auberge à mon heure derniÚre! O Dieu! et tout cela pour une parole d'un Salviati! LORENZO Sachez-le, Salviati voulait séduire votre fille, mais non pas pour lui seul. Alexandre a un pied dans le lit de cet homme; il y exerce le droit du seigneur sur la prostitution. PHILIPPE Et nous n'agirions pas! O Lorenzo, Lorenzo! tu es un homme ferme, toi, parle-moi, je suis faible, et mon coeur est trop intéressé dans tout cela. Je m'épuise, vois-tu, j'ai trop réfléchi ici-bas, j'ai trop tourné sur moi-mÃÂȘme, comme un cheval de pressoir- je ne vaux plus rien pour la bataille. Dis-moi ce que tu penses, je le ferai. LORENZO Rentrez chez vous, mon bon monsieur. PHILIPPE Voilà qui est certain, je vais aller chez les Pazzi. Là sont cinquante jeunes gens, tous déterminés. Ils ont juré d'agir; je leur parlerai noblement, comme un Strozzi et comme un pÚre, et ils m'entendront. Ce soir, j'inviterai à souper les quarante membres de ma famille; je leur raconterai ce qui m'arrive. Nous verrons, nous verrons! rien n'est encore fait. Que les Médicis prennent garde à eux! Adieu, je vais chez les Pazzi; aussi bien, j'y allais avec Pierre, quand on l'a arrÃÂȘté. LORENZO Il y a plusieurs démons, Philippe. Celui qui te tente en ce moment n'est pas le moins à craindre de tous. PHILIPPE Que veux-tu dire? LORENZO Prends-y garde, c'est un démon plus beau que Gabriel. La liberté, la patrie, le bonheur des hommes, tous ces mots résonnent à son approche comme les cordes d'une lyre; c'est le bruit des écailles d'argent de ses ailes flamboyantes. Les larmes de ses yeux fécondent la terre, et il tient à la main la palme des martyrs. Ses paroles épurent l'air autour de ses lÚvres; son vol est si rapide que nul ne peut dire oÃÂč il va. Prends-y garde! Une fois dans ma vie, je l'ai vu traverser les cieux. J'étais courbé sur mes livres-le toucher de sa main a fait frémir mes cheveux comme une plume légÚre. Que je l'aie écouté ou non, n'en parlons pas. PHILIPPE Je ne te comprends qu'avec peine, et je ne sais pourquoi j'ai peur de te comprendre. LORENZO N'avez-vous dans la tÃÂȘte que cela délivrer vos fils? Mettez la main sur la conscience; quelque autre pensée plus vaste, plus terrible, ne vous entraÃne-t-elle pas, comme un chariot étourdissant, au milieu de cette jeunesse? PHILIPPE Eh bien! oui, que l'injustice faite à ma famille soit le signal de la liberté. Pour moi, et pour tous, j'irai! LORENZO Prends garde à toi, Philippe, tu as pensé au bonheur de l'humanité. PHILIPPE Que veut dire ceci? Es-tu dedans comme au dehors une vapeur infecte? Toi qui m'as parlé d'une liqueur précieuse dont tu étais le flacon, est-ce là ce que tu renfermes? LORENZO Je suis en effet précieux pour vous, car je tuerai Alexandre. PHILIPPE Toi? LORENZO Moi, demain ou aprÚs-demain. Rentrez chez vous, tùchez de délivrer vos enfants; si vous ne le pouvez pas, laissez leur subir une légÚre punition; je sais pertinemment qu'il n'y a pas d'autres dangers pour eux, et je vous répÚte que, d'ici à quelques jours, il n'y aura pas plus d'Alexandre de Médicis à Florence, qu'il n'y a de soleil à minuit. PHILIPPE Quand cela serait vrai, pourquoi aurais-je tort de penser à la Liberté? Ne viendra-t-elle pas quand tu auras fait ton coup, si tu le fais? LORENZO Philippe, Philippe, prends garde à toi. Tu as soixante ans de vertu sur ta tÃÂȘte grise; c'est un enjeu trop cher pour le jouer aux dés. PHILIPPE Si tu caches sous ces sombres paroles quelque chose que je puisse entendre, parle; tu m'irrites singuliÚrement. LORENZO Tel que tu me vois, Philippe, j'ai été honnÃÂȘte. J'ai cru à la vertu, à la grandeur humaine, comme un martyr croit à son Dieu. J'ai versé plus de larmes sur la pauvre Italie, que Niobé sur ses filles. PHILIPPE Eh bien, Lorenzo? LORENZO Ma jeunesse a été pure comme l'or. Pendant vingt ans de silence, la foudre s'est amoncelée dans ma poitrine; et il faut que je sois réellement une étincelle du tonnerre, car tout à coup, une certaine nuit que j'étais assis dans les ruines du Colisée antique, je ne sais pourquoi je me levai, je tendis vers le ciel mes bras trempés de rosée, et je jurai qu'un des tyrans de ma patrie mourrait de ma main. J'étais un étudiant paisible, et je ne m'occupais alors que des arts et des sciences, et il m'est impossible de dire comment cet étrange serment s'est fait en moi. Peut-ÃÂȘtre est-ce là ce qu'on éprouve quand on devient amoureux. PHILIPPE J'ai toujours eu confiance en toi, et cependant je crois rÃÂȘver. LORENZO Et moi aussi. J'étais heureux alors, j'avais le coeur et les mains tranquilles, mon nom m'appelait au trÎne, et je n'avais qu'à laisser le soleil se lever et se coucher pour voir fleurir autour de moi toutes les espérances humaines. Les hommes ne m'avaient fait ni bien ni mal, mais j'étais bon, et, pour mon malheur éternel, j'ai voulu ÃÂȘtre grand. Il faut que je l'avoue, si la Providence m'a poussé à la résolution de tuer un tyran, quel qu'il fût, l'orgueil m'y a poussé aussi. Que te dirais-je de plus? tous les Césars du monde me faisaient penser à Brutus. PHILIPPE L'orgueil de la vertu est un noble orgueil. Pourquoi t'en défendrais-tu? LORENZO Tu ne sauras jamais, à moins d'ÃÂȘtre fou, de quelle nature est la pensée qui m'a travaillé. Pour comprendre l'exaltation fiévreuse qui a enfanté en moi le Lorenzo qui te parle, il faudrait que mon cerveau et mes entrailles fussent à nu sous un scalpel. Une statue qui descendrait de son piédestal pour marcher parmi les hommes sur la place publique, serait peut-ÃÂȘtre semblable à ce que j'ai été, le jour oÃÂč j'ai commencé à vivre avec cette idée il faut que je sois un Brutus. PHILIPPE Tu m'étonnes de plus en plus. LORENZO J'ai voulu d'abord tuer Clément VII. Je n'ai pu le faire parce qu'on m'a banni de Rome avant le temps. J'ai recommencé mon ouvrage avec Alexandre. Je voulais agir seul, sans le secours d'aucun homme. Je travaillais pour l'humanité; mais mon orgueil restait solitaire au milieu de tous mes rÃÂȘves philanthropiques. Il fallait donc entamer par la ruse un combat singulier avec mon ennemi. Je ne voulais pas soulever les masses, ni conquérir la gloire bavarde d'un paralytique comme Cicéron. Je voulais arriver à l'homme, me prendre corps à corps avec la tyrannie vivante la tuer, porter mon épée sanglante sur la tribune, et laisser la fumée du sang d'Alexandre monter au nez des harangueurs, pour réchauffer leur cervelle ampoulées. PHILIPPE Quelle tÃÂȘte de fer as-tu, ami! quelle tÃÂȘte de fer! LORENZO La tùche que je m'imposais était rude avec Alexandre. Florence était, comme aujourd'hui, noyée de vin et de sang. L'Empereur et le pape avaient fait un duc d'un garçon boucher. Pour plaire à mon cousin, il fallait arriver à lui, porté par les larmes des familles, pour devenir son ami, et acquérir sa confiance, il fallait baiser sur ses lÚvres épaisses tous les restes de ses orgies. J'étais pur comme un lis, et cependant je n'ai pas reculé devant cette tùche. Ce que je suis devenu à cause de cela, n'en parlons pas. Tu dois comprendre que j'ai souffert, et il y a des blessures dont on ne lÚve pas l'appareil impunément. Je suis devenu vicieux, lùche, un objet de honte et d'opprobre; qu'importe? ce n'est pas de cela qu'il s'agit. PHILIPPE Tu baisses la tÃÂȘte, tes yeux sont humides. LORENZO Non, je ne rougis point; les masques de plùtre n'ont point de rougeur au service de la honte. J'ai fait ce que j'ai fait. Tu sauras seulement que j'ai réussi dans mon entreprise. Alexandre viendra bientÎt dans un certain lieu d'oÃÂč il ne sortira pas debout. Je suis au terme de ma peine, et sois certain, Philippe, que le buffle sauvage, quand le bouvier l'abat sur l'herbe, n'est pas entouré de plus de filets, de plus de noeuds coulants, que je n'en ai tissés autour de mon bùtard. Ce coeur, jusques auquel une armée ne serait pas parvenue en un an, il est maintenant à nu sous ma main; je n'ai qu'à laisser tomber mon stylet pour qu'il y entre. Tout sera fait. Maintenant, sais-tu ce qui m'arrive, et ce dont je veux t'avertir? PHILIPPE Tu es notre Brutus, si tu dis vrai. LORENZO Je me suis cru un Brutus, mon pauvre Philippe; je me suis souvenu du bùton d'or couvert d'écorce. Maintenant je connais les hommes, et je te conseille de ne pas t'en mÃÂȘler. PHILIPPE Pourquoi? LORENZO Ah! vous avez vécu tout seul, Philippe. Pareil à un fanal éclatant, vous ÃÂȘtes resté immobile au bord de l'océan des hommes et vous avez regardé dans les eaux la réflexion de votre propre lumiÚre. Du fond de votre solitude, vous trouviez l'océan magnifique sous le dais splendide des cieux. Vous ne comptiez pas chaque flot, vous ne jetiez pas la sonde; vous étiez plein de confiance dans l'ouvrage de Dieu. Mais moi, pendant ce temps-là , j'ai plongé; je me suis enfoncé dans cette mer houleuse de la vie; j'en ai parcouru toutes les profondeurs, couvert de ma cloche de verre; tandis que vous admiriez la surface, j'ai vu les débris des naufrages, les ossements et les Léviathans. PHILIPPE Ta tristesse me fend le coeur. LORENZO C'est parce que je vous vois tel que j'ai été, et sur le point de faire ce que j'ai fait, que je vous parle ainsi. Je ne méprise point les hommes; le tort des livres et des historiens est de nous les montrer différents de ce qu'ils sont. La vie est comme une cité, on peut y rester cinquante ou soixante ans sans voir autre chose que des promenades et des palais; mais il ne faut pas entrer dans les tripots, ni s'arrÃÂȘter, en rentrant chez soi, aux fenÃÂȘtres des mauvais quartiers. Voilà mon avis, Philippe; s'il s'agit de sauver tes enfants, je te dis de rester tranquille; c'est le meilleur moyen pour qu'on te les renvoie aprÚs une petite semonce. S'il s'agit de tenter quelque chose pour les hommes, je te conseille de te couper les bras, car tu ne seras pas longtemps à t'apercevoir qu'il n'y a que toi qui en aies. PHILIPPE Je conçois que le rÎle que tu joues t'ait donné de pareilles idées. Si je te comprends bien, tu as pris, dans un but sublime, une route hideuse, et tu crois que tout ressemble à ce que tu as vu. LORENZO Je me suis réveillé de mes rÃÂȘves, rien de plus; je te dis le danger d'en faire. Je connais la vie, et c'est une vilaine cuisine, sois-en persuadé, ne mets pas la main là -dedans, si tu respectes quelque chose. PHILIPPE ArrÃÂȘte! ne brise pas comme un roseau mon bùton de vieillesse. Je crois à tout ce que tu appelles des rÃÂȘves; je crois à la vertu, à la pudeur et à la liberté. LORENZO Et me voilà dans la rue, moi, Lorenzaccio? et les enfants ne me jettent pas de la boue? Les lits des filles sont encore chauds de ma sueur, et les pÚres ne prennent pas, quand je passe, leurs couteaux et leurs balais pour m'assommer? Au fond de ces dix mille maisons que voilà , la septiÚme génération parlera encore de la nuit oÃÂč j'y suis entré, et pas une ne vomit à ma vue un valet de charrue qui me fende en deux comme une bûche pourrie? L'air que vous respirez, Philippe, je le respire; mon manteau de soie bariolé traÃne paresseusement sur le sable fin des promenades; pas une goutte de poison ne tombe dans mon chocolat; que dis-je? Î Philippe! les mÚres pauvres soulÚvent honteusement le voile de leurs filles quand je m'arrÃÂȘte au seuil de leurs portes; elles me laissent voir leur beauté avec un sourire plus vil que le baiser de Judas, tandis que moi, pinçant le menton de la petite, je serre les poings de rage en remuant dans ma poche quatre ou cinq méchantes piÚces d'or. PHILIPPE Que le tentateur ne méprise pas le faible; pourquoi tenter lorsque l'on doute? LORENZO Suis-je un Satan? LumiÚre du ciel! je m'en souviens encore; j'aurais pleuré avec la premiÚre fille que j'ai séduite, si elle ne s'était mise à rire. Quand j'ai commencé à jouer mon rÎle de Brutus moderne, je marchais dans mes habits neufs de la grande confrérie du vice, comme un enfant de dix ans dans l'armure d'un géant de la Fable. Je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seuls le portaient au front. J'avais commencé à dire tout haut que mes vingt années de vertu étaient un masque étouffant; Î Philippe! j'entrai alors dans la vie, et je vis qu'à mon approche tout le monde en faisait autant que moi; tous les masques tombaient devant mon regard; l'Humanité souleva sa robe, et me montra, comme à un adepte digne d'elle, sa monstrueuse nudité. J'ai vu les hommes tels qu'ils sont, et je me suis dit Pour qui est-ce donc que je travaille? Lorsque je parcourais les rues de Florence, avec mon fantÎme à mes cÎtés, je regardais autour de moi, je cherchais les visages qui me donnaient du coeur, et je me demandais Quand j'aurai fait mon coup, celui-là en profitera-t-il? J'ai vu les républicains dans leurs cabinets, je suis entré dans les boutiques, j'ai écouté et j'ai guetté. J'ai recueilli les discours des gens du peuple, j'ai vu l'effet que produisait sur eux la tyrannie; j'ai bu, dans les banquets patriotiques, le vin qui engendre la métaphore et la prosopopée, j'ai avalé entre deux baisers les larmes les plus vertueuses; j'attendais toujours que l'humanité me laissùt voir sur sa face quelque chose d'honnÃÂȘte. J'observais comme un amant observe sa fiancée, en attendant le jour des noces!... PHILIPPE Si tu n'as vu que le mal, je te plains, mais je ne puis te croire. Le mal existe, mais non pas sans le bien, comme l'ombre existe, mais non sans la lumiÚre. LORENZO Tu ne veux voir en moi qu'un mépriseur d'hommes; c'est me faire injure. Je sais parfaitement qu'il y en a de bons, mais à quoi servent-ils? Que font-ils? comment agissent-ils? Qu'importe que la conscience soit vivante, si le bras est mort? Il y a de certains cÎtés par oÃÂč tout devient bon un chien est un ami fidÚle; on peut trouver en lui le meilleur des serviteurs, comme on peut voir aussi qu'il se roule sur les cadavres, et que la langue avec laquelle il lÚche son maÃtre sent la charogne d'une lieue. Tout ce que j'ai à voir, moi, c'est que je suis perdu, et que les hommes n'en profiteront pas plus qu'ils ne me comprendront. PHILIPPE Pauvre enfant, tu me navres le coeur! Mais si tu es honnÃÂȘte, quand tu auras délivré ta patrie, tu le redeviendras. Cela réjouit mon vieux coeur, Lorenzo, de penser que tu es honnÃÂȘte; alors tu jetteras ce déguisement hideux qui te défigure, et tu redeviendras d'un métal aussi pur que les statues de bronze d'Harmodius et d'Aristogiton. LORENZO Philippe, Philippe, j'ai été honnÃÂȘte. La main qui a soulevé une fois le voile de la vérité ne peut plus le laisser retomber elle reste immobile jusqu'à la mort, tenant toujours ce voilé terrible, et l'élevant de plus en plus au-dessus de la tÃÂȘte de l'homme, jusqu'à ce que l'Ange du sommeil éternel lui bouche les yeux. PHILIPPE Toutes les maladies se guérissent, et le vice est aussi une maladie. LORENZO Il est trop tard. Je me suis fait à mon métier. Le vice a été pour moi un vÃÂȘtement, maintenant il est collé à ma peau. Je suis vraiment un ruffian, et quand je plaisante sur mes pareils, je me sens sérieux comme la Mort au milieu de ma gaieté. Brutus a fait le fou pour tuer Tarquin, et ce qui m'étonne en lui, c'est qu'il n'y ait pas laissé sa raison. Profite de moi, Philippe, voilà ce que j'ai à te dire, ne travaille pas pour ta patrie. PHILIPPE Si je te croyais, il me semble que le ciel s'obscurcirait pour toujours, et que ma vieillesse serait condamnée à marcher à tùtons. Que tu aies pris une route dangereuse, cela peut ÃÂȘtre; pourquoi ne pourrais-je en prendre une autre qui me mÚnerait au mÃÂȘme point? Mon intention est d'en appeler au peuple, et d'agir ouvertement. LORENZO Prends garde à toi, Philippe, celui qui te le dit sait pourquoi il le dit. Prends le chemin que tu voudras, tu auras toujours affaire aux hommes. PHILIPPE Je crois à l'honnÃÂȘteté des républicains. LORENZO Je te fais une gageure. Je vais tuer Alexandre; une fois mon coup fait, si les républicains se comportent comme ils le doivent, il leur sera facile d'établir une république, la plus belle qui ait jamais fleuri sur la terre. Qu'ils aient pour eux le peuple, et tout est dit. Je te gage que ni eux ni le peuple ne feront rien. Tout ce que je te demande, c'est de ne pas t'en mÃÂȘler; parle, si tu le veux, mais prends garde à tes paroles, et encore plus à tes actions. Laisse-moi faire mon coup tu as les mains pures, et moi, je n'ai rien à perdre. PHILIPPE Fais-le, et tu verras. LORENZO Soit, - mais souviens-toi de ceci. Vois-tu, dans cette petite maison, cette famille assemblée autour d'une table? ne dirait-on pas des hommes? Ils ont un corps, et une ùme dans ce corps. Cependant, s'il me prenait envie d'entrer chez eux, tout seul, comme me voilà , et de poignarder leur fils aÃné au milieu d'eux, il n'y aurait pas un couteau de levé sur moi. PHILIPPE Tu me fais horreur. Comment le coeur peut-il rester grand, avec des mains comme les tiennes? LORENZO Viens, rentrons à ton palais, et tùchons de délivrer tes enfants. PHILIPPE Mais pourquoi tueras-tu le duc, si tu as des idées pareilles? LORENZO Pourquoi? tu le demandes? PHILIPPE Si tu crois que c'est un meurtre inutile à ta patrie, pourquoi le commets-tu? LORENZO Tu me demandes cela en face? Regarde-moi un peu. J'ai été beau, tranquille et vertueux. PHILIPPE Quel abÃme! quel abÃme tu m'ouvres! LORENZO Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre? Veux-tu donc que je m'empoisonne, ou que je saute dans l'Arno? veux-tu donc que je sois un spectre, et qu'en frappant sur ce squelette... Il frappe sa poitrine il n'en sorte aucun son? Si je suis l'ombre de moi-mÃÂȘme, veux-tu donc que je rompe le seul fil qui rattache aujourd'hui mort coeur à quelques fibres de mon coeur d'autrefois? Songes-tu que ce meurtre, c'est tout ce qui me reste de ma vertu? Songes-tu que je glisse depuis deux ans sur un rocher taillé à pic, et que ce meurtre est le seul brin d'herbe oÃÂč j'aie pu cramponner mes ongles? Crois-tu donc que je n'aie plus d'orgueil, parce que je n'ai plus de honte, et veux-tu que je laisse mourir en silence l'énigme de ma vie? Oui, cela est certain, si je pouvais revenir à la vertu, si mon apprentissage du vice pouvait s'évanouir, j'épargnerais peut-ÃÂȘtre ce conducteur de boeufs. Mais j'aime le vin, le jeu et les filles, comprends-tu cela? Si tu honores en moi quelque chose, toi qui me parles, c'est mon meurtre que tu honores, peut-ÃÂȘtre justement parce que tu ne le ferais pas. Voilà assez longtemps, vois-tu, que les républicains me couvrent de boue et d'infamie; voilà assez longtemps que les oreilles me tintent, et que l'exécration des hommes empoisonne le pain que je mùche. J'en ai assez de me voir conspué par des lùches sans nom, qui m'accablent d'injures pour se dispenser de m'assommer, comme ils le devraient. J'en ai assez d'entendre brailler en plein vent le bavardage humain, il faut que le monde sache un peu qui je suis, et qui il est. Dieu merci, c'est peut-ÃÂȘtre demain que je tue Alexandre, dans deux jours j'aurai fini. Ceux qui tournent autour de moi avec des yeux louches, comme autour d'une curiosité monstrueuse apportée d'Amérique, pourront satisfaire leur gosier, et vider leur sac à paroles. Que les hommes me comprennent ou non, qu'ils agissent ou n'agissent pas, j'aurai dit tout ce que j'ai à dire; je leur ferai tailler leurs plumes, si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques, et l'Humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée marqué en traits de sang. Qu'ils m'appellent comme ils voudront, Brutus ou Erostrate, il ne me plaÃt pas qu'ils m'oublient. Ma vie entiÚre est au bout de ma dague, et que la Providence retourne ou non la tÃÂȘte en m'entendant frapper, je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre; dans deux jours, les hommes comparaÃtront devant le tribunal de ma volonté. PHILIPPE Tout cela m'étonne, et il y a dans tout ce que tu m'as dit des choses qui me font peine, et d'autres qui me font plaisir. Mais Pierre et Thomas sont en prison, et je ne saurais là -dessus m'en fier à personne qu'à moi-mÃÂȘme. C'est en vain que ma colÚre voudrait ronger son frein, mes entrailles sont émues trop vivement. Tu peux avoir raison, mais il faut que j'agisse; je vais rassembler mes parents. LORENZO Comme tu voudras, mais prends garde à toi. Garde-moi le secret, mÃÂȘme avec tes amis, c'est tout ce que je te demande. Ils sortent. SCENE IV Au palais Soderini. Entre CATHERINE, lisant un billet. CATHERINE "Lorenzo a dû vous parler de moi, mais qui pourrait vous parler dignement d'un amour pareil au mien, Que ma plume vous apprenne ce que ma bouche ne peut vous dire, et ce que mon coeur voudrait signer de son sang". Alexandre DE MEDICIS. Si mon nom n'était pas sur l'adresse, je croirais que le messager s'est trompé, et ce que je lis me fait douter de mes yeux. Entre Marie. O ma mÚre chérie! voilà ce qu'on m'écrit; expliquez-moi, si vous pouvez, ce mystÚre. MARIE Malheureuse! malheureuse! il t'aime! OÃÂč t'a-t-il vue? oÃÂč lui as-tu parlé? CATHERINE Nulle part; un messager m'a apporté cela comme je sortais de l'église. MARIE Lorenzo, dit-il, a dû te parler de lui! Ah! Catherine, avoir un fils pareil! Oui, faire de la soeur de sa mÚre la maÃtresse du duc, non pas mÃÂȘme la maÃtresse, Î ma fille! Quels noms portent ces créatures? je ne puis le dire; oui, il manquait cela à Lorenzo. Viens, je veux lui porter cette lettre ouverte, et savoir, devant Dieu, comment il répondra. CATHERINE Je croyais que le duc aimait... pardon, ma mÚre... mais je croyais que le duc aimait la comtesse Cibo... on me l'avait dit... MARIE Cela est vrai, il l'a aimée, s'il peut aimer. CATHERINE Il ne l'aime plus? Ah! comment peut-on offrir sans honte un coeur pareil! Venez, ma mÚre, venez chez Lorenzo. MARIE Donne-moi ton bras. Je ne sais ce que j'éprouve depuis quelques jours, j'ai eu la fiÚvre toutes les nuits il est vrai que, depuis trois mois, elle ne me quitte guÚre. J'ai trop souffert, ma pauvre Catherine; pourquoi m'as-tu lu cette lettre? je ne puis plus rien supporter. Je ne suis plus jeune, et cependant il me semble que je le redeviendrais à certaines conditions; mais tout ce que je vois m'entraÃne vers la tombe. Allons, soutiens-moi, pauvre enfant, je ne te donnerai pas longtemps cette peine. Elles sortent. SCENE V Chez la marquise. LA MARQUISE, parée, devant un miroir. LA MARQUISE Quand je pense que cela est, cela me fait l'effet d'une nouvelle qu'on m'apprendrait tout à coup. Quel précipice que la vie! Comment! il est déjà neuf heures, et c'est le duc que j'attends dans cette toilette! N'importe, advienne que pourra, je veux essayer mon pouvoir. Entre le cardinal. LE CARDINAL Quelle parure, marquise! voilà des fleurs qui embaument. LA MARQUISE Je ne puis vous recevoir, cardinal; j'attends une amie vous m'excuserez. LE CARDINAL Je vous laisse, je vous laisse. Ce boudoir dont j'aperçois la porte entrouverte là -bas, c'est un petit paradis. Irai-je vous y attendre? LA MARQUISE Je suis pressée, pardonnez-moi. Non, pas dans mon boudoir; oÃÂč vous voudrez. LE CARDINAL Je reviendrai dans un moment plus favorable. Il sort. LA MARQUISE Pourquoi toujours le visage de ce prÃÂȘtre? Quels cercles décrit donc autour de moi ce vautour à tÃÂȘte chauve, pour que je le trouve sans cesse derriÚre moi quand je me retourne? Est-ce que l'heure de ma mort serait proche? Entre un page qui lui parle à l'oreille. C'est bon, j'y vais. Ah! ce métier de servante, tu n'y es pas fait, pauvre coeur orgueilleux. Elle sort. SCENE VI Le boudoir de la marquise. LA MARQUISE, LE DUC. LA MARQUISE C'est ma façon de penser; je t'aimerais ainsi. LE DUC Des mots, des mots, et rien de plus. LA MARQUISE Vous autres hommes, cela est si peu pour vous! Sacrifier le repos de ses jours, la sainte chasteté de l'honneur, quelquefois ses enfants mÃÂȘme; ne vivre que pour un seul ÃÂȘtre au monde; se donner, enfin, se donner, puisque cela s'appelle ainsi! Mais cela n'en vaut pas la peine! à quoi bon écouter une femme? une femme qui parle d'autre chose que de chiffons et de libertinage, cela ne se voit pas! LE DUC Vous rÃÂȘvez tout éveillée. LA MARQUISE Oui, par le ciel! oui, j'ai fait un rÃÂȘve; hélas! les rois seuls n'en font jamais toutes les chimÚres de leurs caprices se transforment en réalités, et leurs cauchemars eux-mÃÂȘmes se changent en marbre. Alexandre! Alexandre! quel mot que celui-là Je peux si je veux! Ah! Dieu lui-mÃÂȘme n'en sait pas plus; devant ce mot, les mains des peuples se joignent dans une priÚre craintive, et le pùle troupeau des hommes retient son haleine pour écouter. LE DUC N'en parlons plus, ma chÚre, cela est fatigant. LA MARQUISE Etre un roi, sais-tu ce que c'est? Avoir au bout de son bras cent mille mains! Etre le rayon de soleil qui sÚche les larmes des hommes! Etre le bonheur et le malheur! Ah! quel frisson mortel cela donne! Comme il tremblerait ce vieux du Vatican, si tu ouvrais tes ailes, toi, mon aiglon! César est si loin! la garnison t'est si dévouée! Et, d'ailleurs, on égorge une armée, mais l'on n'égorge pas un peuple. Le jour oÃÂč tu auras pour toi la nation tout entiÚre, oÃÂč tu seras la tÃÂȘte d'un corps libre oÃÂč tu diras "Comme le doge de Venise épouse l'Adriatique," ainsi je mets mon anneau d'or au doigt de ma belle Florence, "et ses enfants sont mes enfants..." Ah! sais-tu ce que c'est qu'un peuple qui prend son bienfaiteur dans ses bras? Sais-tu ce que c'est que d'ÃÂȘtre montré par un pÚre à son enfant? LE DUC Je me soucie de l'impÎt; pourvu qu'on le paye, que m'importe? LA MARQUISE Mais enfin, on t'assassinera. - Les pavés sortiront de terre et t'écraseront. Ah! la Postérité! N'as-tu jamais vu ce spectre-là au chevet de ton lit? Ne t'es-tu jamais demandé ce que penseront de toi ceux qui sont dans le ventre des vivants? Et tu vis, toi, il est encore temps! Tu n'as qu'un mot à dire. Te souviens-tu du PÚre de la Patrie? Va, cela est facile d'ÃÂȘtre un grand roi, quand on est roi. Déclare Florence indépendante, réclame l'exécution du traité avec l'empire, tire ton épée, et montre-la; ils te diront de la remettre au fourreau, que ses éclairs leur font mal aux yeux. Songe donc comme tu es jeune! Rien n'est décidé sur ton compte. - Il y a dans le coeur des peuples de larges indulgences pour les princes, et la reconnaissance publique est un profond fleuve d'oubli pour leurs fautes passées. On t'a mal conseillé, on t'a trompé. Mais il est encore temps, tu n'as qu'à dire; tant que tu es vivant, la page n'est pas tournée dans le livre de Dieu. LE DUC Assez, ma chÚre, assez. LA MARQUISE Ah! quand elle le sera! quand un misérable jardinier, payé à la journée, viendra arroser à contrecoeur quelques chétives marguerites autour du tombeau d'Alexandre; quand les pauvres respireront gaiement l'air du ciel, et n'y verront plus planer le sombre météore de ta puissance; - quand ils parleront de toi en secouant la tÃÂȘte; - quand ils compteront autour de ta tombe les tombes de leurs parents, - es-tu sûr de dormir tranquille dans ton dernier sommeil? - Toi qui ne vas pas à la messe, et qui ne tiens qu'à l'impÎt, es-tu sûr que l'Eternité soit sourde, et qu'il n'y ait pas un écho de la vie dans le séjour hideux des trépassés? Sais-tu oÃÂč vont les larmes des peuples, quand le vent les emporte? LE DUC Tu as une jolie jambe. LA MARQUISE Ecoute-moi. Tu es étourdi, je le sais, mais tu n'es pas méchant; non, sur Dieu, tu ne l'es pas, tu ne peux pas l'ÃÂȘtre. Voyons, fais-toi violence; réfléchis un instant, un seul instant, à ce que je te dis. N'y a-t-il rien dans tout cela? Suis-je décidément folle? LE DUC Tout cela me passe bien par la tÃÂȘte, mais qu'est-ce que je fais donc de si mal? Je vaux bien mes voisins, je vaux, ma foi, mieux que le pape. Tu me fais penser aux Strozzi avec tous tes discours; - et tu sais que je les déteste. Tu veux que je me révolte contre César; César est mon beau-pÚre, ma chÚre amie. Tu te figures que les Florentins ne m'aiment pas, je suis sûr qu'ils m'aiment, moi. Eh! parbleu, quand tu aurais raison, de qui veux-tu que j'aie peur? LA MARQUISE Tu n'as pas peur de ton peuple, - mais tu as peur de l'empereur. Tu as tué ou déshonoré des centaines de citoyens, et tu crois avoir tout fait quand tu mets une cotte de mailles sous ton habit. LE DUC Paix! point de ceci. LA MARQUISE Ah! je m'emporte, je dis ce que je ne veux pas dire. Mon ami, qui ne sait pas que tu es brave? Tu es brave comme tu es beau. Ce que tu as fait de mal, c'est ta jeunesse, c'est ta tÃÂȘte, - que sais-je moi? c'est le sang qui coule violemment dans ces veines brûlantes, c'est ce soleil étouffant qui nous pÚse. - Je t'en supplie, que je ne sois pas perdue sans ressource; que mon nom, que mon pauvre amour pour toi ne soit pas inscrit sur une liste infùme. Je suis une femme, c'est vrai, et si la beauté est tout pour les femmes, bien d'autres valent mieux que moi. Mais n'as-tu rien, dis-moi, - dis-moi donc, toi! voyons! n'as-tu donc rien, rien là ? Elle lui frappe le coeur. LE DUC Quel démon! Assieds-toi donc là , ma petite. LA MARQUISE Eh bien! oui, je veux bien l'avouer, oui, j'ai de l'ambition, non pas pour moi; - mais pour toi! toi, et ma chÚre Florence! O Dieu, tu m'es témoin de ce que je souffre! LE DUC Tu souffres? qu'est-ce que tu as? LA MARQUISE Non, je ne souffre pas. Ecoute! écoute! Je vois que tu t'ennuies auprÚs de moi. Tu comptes les moments, tu détournes la tÃÂȘte; ne t'en va pas encore c'est peut-ÃÂȘtre la derniÚre fois que je te vois. Ecoute! je te dis que Florence t'appelle sa peste nouvelle, et qu'il n'y a pas une chaumiÚre oÃÂč ton portrait ne soit collé sur les murailles, avec un coup de couteau dans le coeur. Que je sois folle, que tu me haïsses demain, que m'importe? tu sauras cela. LE DUC Malheur à toi, si tu joues avec ma colÚre! LA MARQUISE Oui, malheur à moi! malheur à moi! LE DUC Une autre fois, - demain matin, si tu veux-nous pourrons nous revoir, et parler de cela. Ne te fùche pas, si je te quitte à présent; il faut que j'aille à la chasse. LA MARQUISE Oui, malheur à moi! malheur à moi! LE DUC Pourquoi? Tu as l'air sombre comme l'enfer. Pourquoi diable aussi te mÃÂȘles-tu de politique? Allons, allons, ton petit rÎle de femme, et de vraie femme, te va si bien. Tu es trop dévote; cela se formera. Aide-moi donc à remettre mon habit; je suis tout débraillé. LA MARQUISE Adieu, Alexandre. Le duc l'embrasse. - Entre le cardinal. LE CARDINAL Ah! - Pardon, Altesse, je croyais ma soeur toute seule. Je suis un maladroit; c'est à moi d'en porter la peine. Je vous supplie de m'excuser. LE DUC Comment l'entendez-vous? Allons donc, Malaspina voilà qui sent le prÃÂȘtre. Est-ce que vous devez voir ces choses-là ? Venez donc, venez donc; que diable est-ce que cela vous fait? Ils sortent ensemble. LA MARQUISE, seule, tenant le portrait de son mari. OÃÂč es-tu maintenant, Laurent? Il est midi passé. Tu te promÚnes sur la terrasse, devant les grands marronniers. Autour de toi paissent tes génisses grasses; tes garçons de ferme dÃnent à l'ombre. La pelouse soulÚve son manteau blanchùtre aux rayons du soleil; les arbres, entretenus par tes soins, murmurent religieusement sur la tÃÂȘte blanche de leur vieux maÃtre, tandis que l'écho de nos longues arcades répÚte avec respect le bruit de ton pas tranquille. O mon Laurent! j'ai perdu le trésor de ton honneur, j'ai voué au ridicule et au doute les derniÚres années de ta noble vie. Tu ne presseras plus sur ta cuirasse un coeur digne du tien; ce sera une main tremblante qui t'apportera ton repas du soir quand tu rentreras de la chasse. SCENE VII Chez les Strozzi. LES QUARANTE STROZZI, à souper. PHILIPPE Mes enfants, mettons-nous à table. LES CONVIVES Pourquoi reste-t-il deux siÚges vides? PHILIPPE Pierre et Thomas sont en prison. LES CONVIVES Pourquoi? PHILIPPE Parce que Salviati a insulté ma fille, que voilà , à la foire de Montolivet, publiquement, et devant son frÚre Léon. Pierre et Thomas ont tué Salviati, et Alexandre de Médicis les a fait arrÃÂȘter pour venger la mort de son ruffian. LES CONVIVES Meurent les Médicis! PHILIPPE J'ai rassemblé ma famille pour lui raconter mes chagrins, et la prier de me secourir. Soupons, et sortons ensuite l'épée à la main, pour redemander mes deux fils, si vous avez du coeur. LES CONVIVES C'est dit; nous voulons bien. PHILIPPE Il est temps que cela finisse, voyez-vous! On nous tuerait nos enfants et on déshonorerait nos filles. Il est temps que Florence apprenne à ces bùtards ce que c'est que le droit de vie et de mort. Les Huit n'ont pas le droit de condamner mes enfants et moi, je n'y survivrais pas. LES CONVIVES N'aie pas peur, Philippe, nous sommes-là . PHILIPPE Je suis le chef de la famille, comment souffrirais-je qu'on m'insultùt? Nous sommes tout autant que les Médicis, les Ruccellai tout autant, les Aldobrandini et vingt autres. Pourquoi ceux-là pourraient-ils faire égorger nos enfants plutÎt que nous les leurs? Qu'on allume un tonneau de poudre dans les caves de la citadelle, et voilà la garnison allemande en déroute. Que reste-t-il à ces Médicis? Là est leur force; hors de là , ils ne sont rien. Sommes-nous des hommes? Est-ce à dire qu'on abattra d'un coup de hache les nobles familles de Florence, et qu'on arrachera de la terre natale des racines aussi vieilles qu'elle? C'est par nous qu'on commence, c'est à nous de tenir ferme. Notre premier cri d'alarme, comme le coup de sifflet de l'oiseleur, va rabattre sur Florence une armée tout entiÚre d'aigles chassés du nid. Ils ne sont pas loin; ils tournoient autour de la ville, les yeux fixés sur ses clochers. Nous y planterons le drapeau noir de la peste; ils accourront à ce signal de mort. Ce sont les couleurs de la colÚre céleste. Ce soir, allons d'abord délivrer nos fils; demain, nous irons tous ensemble, l'épée nue, à la porte de toutes les grandes familles. Il y a à Florence quatre-vingts palais, et de chacun d'eux sortira une troupe pareille à la nÎtre, quand la Liberté y frappera. LES CONVIVES Vive la liberté! PHILIPPE Je prends Dieu à témoin que c'est la violence qui me force à tirer l'épée, que je suis resté durant soixante ans bon et paisible citoyen, que je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit au monde, et que la moitié de ma fortune a été employée à secourir les malheureux. LES CONVIVES C'est vrai. PHILIPPE C'est une juste vengeance qui me pousse à la révolte, et je me fais rebelle parce que Dieu m'a fait pÚre. Je ne suis poussé par aucun motif d'ambition, ni d'intérÃÂȘt, ni d'orgueil. Ma cause est loyale, honorable et sacrée. Emplissez vos coupes et levez-vous! Notre vengeance est une hostie que nous pouvons briser sans crainte, et partager devant Dieu. Je bois à la mort des Médicis! LES CONVIVES se lÚvent et boivent. A la mort des Médicis! LOUISE posant son verre. Ah! je vais mourir. PHILIPPE Qu'as-tu, ma fille, mon enfant bien-aimée? qu'as-tu, mon Dieu! que t'arrive-t-il? Mon Dieu, mon Dieu, comme tu pùlis! Parle, qu'as-tu? parle à ton pÚre. Au secours! Au secours! Un médecin! Vite, vite, il n'est plus temps. LOUISE Je vais mourir, je vais mourir. Elle meurt. PHILIPPE Elle s'en va, mes amis, elle s'en va! Un médecin! ma fille est empoisonnée! Il tombe à genoux prÚs de Louise. UN CONVIVE. Coupez son corset! faites-lui boire de l'eau tiÚde, si c'est du poison, il faut de l'eau tiÚde. Les domestiques accourent. UN AUTRE CONVIVE Frappez-lui dans les mains, ouvrez les fenÃÂȘtres, et frappez-lui dans les mains. UN AUTRE Ce n'est peut-ÃÂȘtre qu'un étourdissement; elle aura bu avec trop de précipitation. UN AUTRE Pauvre enfant! comme ses traits sont calmes! Elle ne peut pas ÃÂȘtre morte ainsi tout d'un coup. PHILIPPE Mon enfant! es-tu morte, es-tu morte, Louise, ma fille bien-aimée? LE PREMIER CONVIVE Voilà le médecin qui accourt. Un médecin entre. LE SECOND CONVIVE DépÃÂȘchez-vous, monsieur; dites-nous si c'est du poison. PHILIPPE C'est un étourdissement, n'est-ce pas? LE MEDECIN Pauvre jeune fille! elle est morte. Un profond silence rÚgne dans la salle; Philippe est toujours à genoux auprÚs de Louise et lui tient les mains. UN DES CONVIVES C'est du poison des Médicis. Ne laissons pas Philippe dans l'état oÃÂč il est. Cette immobilité est effrayante. UN AUTRE Je suis sûr de ne pas me tromper. Il y avait autour de la table un domestique qui a appartenu à la femme de Salviati. UN AUTRE C'est lui qui a fait le coup, sans aucun doute. Sortons, et arrÃÂȘtons-le. Ils sortent. LE PREMIER CONVIVE Philippe ne veut pas répondre à ce qu'on lui dit; il est frappé de la foudre. UN AUTRE C'est horrible! C'est un meurtre inouï! UN AUTRE Cela crie vengeance au ciel! Sortons, et allons égorger Alexandre. UN AUTRE Oui, sortons, mort à Alexandre! C'est lui qui a tout ordonné. Insensés que nous sommes! ce n'est pas d'hier que date sa haine contre nous. Nous agissons trop tard. UN AUTRE Salviati n'en voulait pas à cette pauvre Louise pour son propre compte; c'est pour le duc qu'il travaillait. Allons, partons quand on devrait nous tuer jusqu'au dernier. PHILIPPE se lÚve. Mes amis, vous enterrerez ma pauvre fille, n'est-ce pas? Il met son manteau. Dans mon jardin, derriÚre les figuiers. Adieu, mes bons amis; adieu, portez-vous bien. UN CONVIVE OÃÂč vas-tu, Philippe? PHILIPPE J'en ai assez, voyez-vous; j'en ai autant que j'en puis porter. J'ai mes deux fils en prison, et voilà ma fille morte. J'en ai assez, je m'en vais d'ici. UN CONVIVE Tu t'en vas? tu t'en vas sans vengeance? PHILIPPE Oui, oui. Ensevelissez seulement ma pauvre fille, mais ne l'enterrez pas, c'est à moi de l'enterrer. Je le ferai à ma façon, chez de pauvres moines que je connais, et qui viendront la chercher demain. A quoi sert-il de la regarder? elle est morte; ainsi cela est inutile. Adieu, mes amis, rentrez chez vous, portez-vous bien. UN CONVIVE Ne le laissez pas sortir, il a perdu la raison. UN AUTRE Quelle horreur! je me sens prÃÂȘt à m'évanouir dans cette salle. Il sort. PHILIPPE Ne me faites pas violence, ne m'enfermez pas dans une chambre oÃÂč est le cadavre de ma fille; laissez-moi m'en aller. UN CONVIVE Venge-toi, Philippe, laisse-nous te venger. Que ta Louise soit notre LucrÚce! Nous ferons boire à Alexandre le reste de son verre. UN AUTRE La nouvelle LucrÚce! Nous allons jurer sur son corps de mourir pour la liberté! Rentre chez toi, Philippe, pense à ton pays, ne rétracte pas tes paroles. PHILIPPE Liberté, vengeance, voyez-vous, tout cela est beau. J'ai deux fils en prison, et voilà ma fille morte. Si je reste ici, tout va mourir autour de moi; l'important, c'est que je m'en aille, et que vous vous teniez tranquilles'. Quand ma porte et mes fenÃÂȘtres seront fermées, on ne pensera plus aux Strozzi; si elles restent ouvertes, je m'en vais vous voir tomber tous les uns aprÚs les autres. Je suis vieux, voyez-vous, il est temps que je ferme ma boutique. Adieu, mes amis, restez tranquilles; si je n'y suis plus, on ne vous fera rien. Je m'en vais de ce pas à Venise. UN CONVIVE Il fait un orage épouvantable; reste ici cette nuit. PHILIPPE N'enterrez pas ma pauvre enfant; mes vieux moines viendront demain, et ils l'emporteront. Dieu de justice! Dieu de justice! que t'ai-je fait? Il sort en courant. Notes de l'auteur Note 5. Voyez la conspiration des Pazzi. ACTE IV SCENE PREMIERE Au palais du duc. Entrent LE DUC et LORENZO. LE DUC J'aurais voulu ÃÂȘtre là , il devait y avoir plus d'une face en colÚre. Mais je ne conçois pas qui a pu empoisonner cette Louise. LORENZO Ni moi non plus, à moins que ce ne soit vous. LE DUC Philippe doit ÃÂȘtre furieux! On dit qu'il est parti pour Venise. Dieu merci, me voilà délivré de ce vieillard insupportable. Quant à la chÚre famille, elle aura la bonté de se tenir tranquille. Sais-tu qu'ils ont failli faire une petite révolution dans leur quartier? On m'a tué deux Allemands. LORENZO Ce qui me fùche le plus, c'est que cet honnÃÂȘte Salviati a une jambe coupée. Avez-vous retrouvé votre cotte de mailles? LE DUC Non, en vérité; j'en suis plus mécontent que je ne puis le dire. LORENZO Méfiez-vous de Giomo; c'est lui qui vous l'a volée. Que portez-vous à la place? LE DUC Rien. Je ne puis en supporter une autre; il n'y en a pas d'aussi légÚre que celle-là . LORENZO Cela est fùcheux pour vous. LE DUC Tu ne me parles pas de ta tante. LORENZO C'est par oubli, car elle vous adore; ses yeux ont perdu le repos depuis que l'astre de votre amour s'est levé dans son pauvre coeur. De grùce, seigneur, ayez quelque pitié pour elle; dites quand vous voulez la recevoir, et à quelle heure il lui sera loisible de vous sacrifier le peu de vertu qu'elle a. LE DUC Parles-tu sérieusement? LORENZO Aussi sérieusement que la Mort elle-mÃÂȘme. Je voudrais voir qu'une tante à moi ne couchùt pas avec vous. LE DUC OÃÂč pourrais-je la voir? LORENZO Dans ma chambre, seigneur. Je ferai mettre des rideaux blancs à mon lit et un pot de réséda sur ma table; aprÚs quoi je coucherai par écrit sur votre calepin que ma tante sera en chemise à minuit précis, afin que vous ne l'oubliiez pas aprÚs souper. LE DUC Je n'ai garde. Peste! Catherine est un morceau de roi. Eh! dis-moi, habile garçon, tu es vraiment sûr qu'elle viendra? Comment t'y es-tu pris? LORENZO Je vous dirai cela. LE DUC Je m'en vais voir un cheval que je viens d'acheter; adieu et à ce soir. Viens me prendre aprÚs souper; nous irons ensemble à ta maison. Quant à la Cibo, j'en ai par-dessus les oreilles; hier encore, il a fallu l'avoir sur le dos pendant toute la chasse. Bonsoir, mignon. Il sort. LORENZO, seul. Ainsi c'est convenu. Ce soir je l'emmÚne chez moi, et demain les républicains verront ce qu'ils ont à faire, car le duc de Florence sera mort. Il faut que j'avertisse Scoronconcolo. DépÃÂȘche-toi, soleil, si tu es curieux des nouvelles que cette nuit te dira demain. Il sort. SCENE II Une rue. PIERRE et THOMAS STROZZI, sortant de prison. PIERRE J'étais bien sûr que les Huit me renverraient absous, et toi aussi. Viens, frappons à notre porte, et allons embrasser notre pÚre. Cela est singulier, les volets sont fermés! LE PORTIER, ouvrant. Hélas! seigneur, vous savez les nouvelles. PIERRE Quelles nouvelles? tu as l'air d'un spectre qui sort d'un tombeau, à la porte de ce palais désert. LE PORTIER Est-il possible que vous ne sachiez rien? Deux moines arrivent. THOMAS Et que pourrions-nous savoir? Nous sortons de prison. Parle, qu'est-il arrivé? LE PORTIER Hélas! mes pauvres seigneurs! cela est horrible à dire. LES MOINES, s'approchant. Est-ce ici le palais des Strozzi? LE PORTIER Oui; que demandez-vous? LES MOINES Nous venons chercher le corps de Louise Strozzi. Voilà l'autorisation de Philippe, afin que vous nous laissiez l'emporter. PIERRE Comment dites-vous? Quel corps demandez-vous? LES MOINES Eloignez-vous, mon enfant, vous portez sur votre visage la ressemblance de Philippe; il n'y a rien de bon à apprendre ici pour vous. THOMAS Comment! elle est morte? morte? Î Dieu du ciel! Il s'assoit à l'écart. PIERRE Je suis plus ferme que vous ne pensez. Qui a tué ma soeur? car on ne meurt pas à son ùge dans l'espace d'une nuit, sans une cause extraordinaire. Qui l'a tuée, que je le tue? Répondez-moi, ou vous ÃÂȘtes mort vous-mÃÂȘme! LE PORTIER Hélas! hélas! qui peut le dire? Personne n'en sait rien. PIERRE OÃÂč est mon pÚre? Viens, Thomas, point de larmes. Par le ciel! mon coeur se serre comme s'il allait s'ossifier dans mes entrailles, et rester un rocher pour l'éternité. LES MOINES Si vous ÃÂȘtes le fils de Philippe, venez avec nous. Nous vous conduirons à lui; il est depuis hier à notre couvent. PIERRE Et je ne saurai pas qui a tué ma soeur? Ecoutez-moi, prÃÂȘtres; si vous ÃÂȘtes l'image de Dieu, vous pouvez recevoir un serment. Par tout ce qu'il y a d'instruments de supplice sous le ciel, par les tortures de l'enfer... Non, je ne veux pas dire un mot. DépÃÂȘchons-nous, que je voie mon pÚre. O Dieu! Î Dieu! faites que ce que je soupçonne soit la vérité, afin que je les broie sous mes pieds comme des grains de sable. Venez, venez, avant que je perde la force. Ne me dites pas un mot, il s'agit là d'une vengeance, voyez-vous, telle que la colÚre céleste n'en a pas rÃÂȘvé. Ils sortent. SCENE III Une rue. LORENZO, SCORONCONCOLO. LORENZO Rentre chez toi, et ne manque pas de venir à minuit; tu t'enfermeras dans mon cabinet jusqu'à ce qu'on vienne t'avertir. SCORONCONCOLO Oui, monseigneur. Il sort. LORENZO, seul. De quel tigre a rÃÂȘvé ma mÚre enceinte de moi? Quand je pense que j'ai aimé les fleurs, les prairies et les sonnets de Pétrarque, le spectre de ma jeunesse se lÚve devant moi en frissonnant. O Dieu! pourquoi ce seul mot "A ce soir" fait-il pénétrer jusque dans mes os cette joie brûlante comme un fer rouge? De quelles entrailles fauves, de quels velus embrassements suis-je donc sorti? Que m'avait fait cet homme? Quand je pose ma main là , sur mon coeur, et que je réfléchis, - qui donc m'entendra dire demain "Je l'ai tué", sans me répondre "Pourquoi l'as-tu tué?" Cela est étrange. Il a fait du mal aux autres, mais il m'a fait du bien, du moins à sa maniÚre. Si j'étais resté tranquille au fond de mes solitudes de Cafaggiuolo, il ne serait pas venu m'y chercher, et moi je suis venu le chercher à Florence. Pourquoi cela? Le spectre de mon pÚre me conduisait-il, comme Oreste, vers un nouvel Egisthe? M'avait-il offensé alors? Cela est étrange, et cependant pour cette action j'ai tout quitté. La seule pensée de ce meurtre a fait tomber en poussiÚre les rÃÂȘves de ma vie; je n'ai plus été qu'une ruine, dÚs que ce meurtre, comme un corbeau sinistre, s'est posé sur ma route et m'a appelé à lui. Que veut dire cela? Tout à l'heure, en passant sur la place, j'ai entendu deux hommes parler d'une comÚte. Sont-ce bien les battements d'un coeur humain que je sens là , sous les os de ma poitrine? Ah! pourquoi cette idée me vient-elle si souvent depuis quelque temps? Suis-je le bras de Dieu? Y a-t-il une nuée au- dessus de ma tÃÂȘte? Quand j'entrerai dans cette chambre, et que je voudrai tirer mon épée du fourreau, j'ai peur de tirer l'épée flamboyante de l'archange, et de tomber en cendres sur ma proie. Il sort. SCENE IV Chez le marquis Cibo. Entrent LE CARDINAL et LA MARQUISE. LA MARQUISE Comme vous voudrez, Malaspina. LE CARDINAL Oui, comme je voudrai. Pensez-y à deux fois, marquise, avant de vous jouer à moi. Etes-vous une femme comme les autres, et faut-il qu'on ait une chaÃne d'or au cou et un mandat à la main, pour que vous compreniez qui on est? Attendez-vous qu'un valet crie à tue-tÃÂȘte en ouvrant une porte devant moi, pour savoir quelle est ma puissance? Apprenez-le ce ne sont pas les titres qui font l'homme; je ne suis ni envoyé du pape ni capitaine de Charles-Quint, je suis plus que cela. LA MARQUISE Oui, je le sais. César a vendu son ombre au diable; cette ombre impériale se promÚne, affublée d'une robe rouge, sous le nom de Cibo. LE CARDINAL Vous ÃÂȘtes la maÃtresse d'Alexandre, songez à cela; et votre secret est entre mes mains. LA MARQUISE Faites-en ce qu'il vous plaira; nous verrons l'usage qu'un confesseur sait faire de sa conscience. LE CARDINAL Vous vous trompez; ce n'est pas par votre confession que je l'ai appris. Je l'ai vu de mes propres yeux, je vous ai vue embrasser le duc. Vous me l'auriez avoué au confessionnal que je pourrais encore en parler sans péché, puisque je l'ai vu hors du confessionnal. LA MARQUISE Eh bien, aprÚs? LE CARDINAL Pourquoi le duc vous quittait-il d'un pas si nonchalant, et en soupirant comme un écolier quand la cloche sonne? Vous l'aviez rassasié de votre patriotisme, qui, comme une fade boisson, se mÃÂȘle à tous les mets de votre table. Quels livres avez-vous lus, et quelle sotte duÚgne était donc votre gouvernante, pour que vous ne sachiez pas que la maÃtresse d'un roi parle ordinairement d'autre chose que de patriotisme? LA MARQUISE J'avoue que l'on ne m'a jamais appris nettement de quoi devait parler la maÃtresse d'un roi; j'ai négligé de m'instruire sur ce point, comme aussi, peut-ÃÂȘtre, de manger du riz pour m'engraisser à la mode turque. LE CARDINAL Il ne faut pas une grande science pour garder un amant un peu plus de trois jours. LA MARQUISE Qu'un prÃÂȘtre eût appris cette science à une femme, cela eût été fort simple. Que ne m'avez-vous conseillée? LE CARDINAL Voulez-vous que je vous conseille? Prenez votre manteau, et allez-vous glisser dans l'alcÎve du duc. S'il s'attend à des phrases en vous voyant, prouvez-lui que vous savez n'en pas faire à toutes les heures; soyez pareille à une somnambule, et faites en sorte que, s'il s'endort sur ce coeur républicain, ce ne soit pas d'ennui. Etes-vous vierge? n'y a-t-il plus de vin de Chypre? n'avez-vous pas au fond de la mémoire quelque joyeuse chanson? n'avez-vous pas lu l'Arétin? LA MARQUISE O ciel! j'ai entendu murmurer des mots comme ceux-là à de hideuses vieilles qui grelottent sur le Marché-Neuf. Si vous n'ÃÂȘtes pas un prÃÂȘtre, ÃÂȘtes-vous un homme? ÃÂȘtes-vous sûr que le ciel est vide, pour faire ainsi rougir votre pourpre elle-mÃÂȘme? LE CARDINAL Il n'y a rien de si vertueux que l'oreille d'une femme dépravée. Feignez ou non de me comprendre, mais souvenez-vous que mon frÚre est votre mari. LA MARQUISE Quel intérÃÂȘt vous avez à me torturer ainsi, voilà ce que je ne puis comprendre que vaguement. Vous me faites horreur que voulez-vous de moi? LE CARDINAL Il y a des secrets qu'une femme ne doit pas savoir, mais qu'elle peut faire prospérer en en sachant les éléments. LA MARQUISE Quel fil mystérieux de vos sombres pensées voudriez-vous me faire tenir? Si vos désirs sont aussi effrayants que vos menaces, parlez; montrez-moi du moins le cheveu qui suspend l'épée sur ma tÃÂȘte. LE CARDINAL Je ne puis parler qu'en termes couverts, par la raison que je ne suis pas sûr de vous. Qu'il vous suffise de savoir que, si vous eussiez été une autre femme, vous seriez une reine à l'heure qu'il est. Puisque vous m'appelez l'ombre de César, vous auriez vu qu'elle est assez grande pour intercepter le soleil de Florence. Savez-vous oÃÂč peut conduire un sourire féminin? Savez-vous oÃÂč vont les fortunes dont les racines poussent dans les alcÎves? Alexandre est fils du pape, apprenez-le; et quand le pape était à Bologne... Mais je me laisse entraÃner trop loin. LA MARQUISE Prenez garde de vous confesser à votre tour. Si vous ÃÂȘtes le frÚre de mon mari, je suis la maÃtresse d'Alexandre. LE CARDINAL Vous l'avez été, marquise, et bien d'autres aussi. LA MARQUISE Je l'ai été; oui, Dieu merci, je l'ai été! LE CARDINAL J'étais sûr que vous commenceriez par vos rÃÂȘves; il faudra cependant que vous en veniez quelque jour aux miens. Ecoutez-moi, nous nous querellons assez mal à propos; mais, en vérité, vous prenez tout au sérieux. Réconciliez-vous avec Alexandre, et puisque je vous ai blessée tout à l'heure en vous disant comment, je n'ai que faire de le répéter. Laissez-vous conduire; dans un an, dans deux ans, vous me remercierez. J'ai travaillé longtemps pour ÃÂȘtre ce que je suis, et je sais oÃÂč l'on peut aller. Si j'étais sûr de vous, je vous dirais des choses que Dieu lui-mÃÂȘme ne saura jamais. LA MARQUISE N'espérez rien, et soyez assuré de mon mépris. Elle veut sortir. LE CARDINAL Un instant! Pas si vite! N'entendez-vous pas le bruit d'un cheval? Mon frÚre ne doit-il pas venir aujourd'hui ou demain? Me connaissez-vous pour un homme qui a deux paroles? Allez au palais ce soir, ou vous ÃÂȘtes perdue. LA MARQUISE Mais enfin, que vous soyez ambitieux, que tous les moyens vous soient bons, je le conçois; mais parlerez-vous plus clairement? Voyons, Malaspina, je ne veux pas désespérer tout à fait de ma perversion. Si vous pouvez me convaincre, faites-le, parlez-moi franchement. Quel est votre but? LE CARDINAL Vous ne désespérez pas de vous laisser convaincre, n'est-il pas vrai? Me prenez-vous pour un enfant, et croyez-vous qu'il suffise de me frotter les lÚvres de miel pour me les desserrer? Agissez d'abord, je parlerai aprÚs. Le jour oÃÂč, comme femme, vous aurez pris l'empire nécessaire, non pas sur l'esprit d'Alexandre duc de Florence, mais sur le coeur d'Alexandre, votre amant, je vous apprendrai le reste, et vous saurez ce que j'attends. LA MARQUISE Ainsi donc, quand j'aurai lu l'Arétin pour me donner une premiÚre expérience, j'aurai à lire, pour en acquérir une seconde, le livre secret de vos pensées? Voulez-vous que je vous dise, moi, ce que vous n'osez pas me dire? Vous servez le pape, jusqu'à ce que l'empereur trouve que vous ÃÂȘtes meilleur valet que le pape lui-mÃÂȘme. Vous espérez qu'un jour César vous devra bien réellement, bien complÚtement, l'esclavage de l'Italie, et ce jour-là , - oh! ce jour-là , n'est-il pas vrai, celui qui est le roi de la moitié du monde pourrait bien vous donner en récompense le chétif héritage des cieux. Pour gouverner Florence en gouvernant le duc, vous vous feriez femme tout à l'heure, si vous pouviez. Quand la pauvre Ricciarda Cibo aura fait faire deux ou trois coups d'Etat à Alexandre, on aura bientÎt ajouté que Ricciarda Cibo mÚne le duc, mais qu'elle est menée par son beau-frÚre; et, comme vous dites, qui sait jusqu'oÃÂč les larmes des peuples devenues un océan, pourraient lancer votre barque? Est-ce à peu prÚs cela? Mon imagination ne peut aller aussi loin que la vÎtre, sans doute, mais je crois que c'est à peu prÚs cela. LE CARDINAL Allez ce soir chez le duc, ou vous ÃÂȘtes perdue. LA MARQUISE Perdue! et comment? LE CARDINAL Ton mari saura tout! LA MARQUISE Faites-le, faites-le, je me tuerai. LE CARDINAL Menace de femme! Ecoutez-moi. Que vous m'ayez compris bien ou mal, allez ce soir chez le duc. LA MARQUISE LE CARDINAL Voilà votre mari qui entre dans la cour. Par tout ce qu'il y a de sacré au monde, je lui raconte tout, si vous dites "non" encore une fois. LA MARQUISE Non, non, non! Entre le marquis. Laurent, pendant que vous étiez à Massa, je me suis livrée à Alexandre, je me suis livrée, sachant qui il était, et quel rÎle misérable j'allais jouer. Mais voilà un prÃÂȘtre qui veut m'en faire jouer un plus vil encore; il me propose des horreurs pour m'assurer le titre de maÃtresse du duc, et le tourner à son profit. Elle se jette à genoux. LE MARQUIS Etes-vous folle? Que veut-elle dire, Malaspina? - Eh bien! vous voilà comme une statue. Ceci est-il une comédie, cardinal? Eh bien donc! que faut-il que j'en pense? LE CARDINAL Ah! corps du Christ! Il sort. LE MARQUIS Elle est évanouie. Holà qu'on apporte du vinaigre! SCENE V La chambre de Lorenzo. LORENZO, DEUX DOMESTIQUES. LORENZO Quand vous aurez placé ces fleurs sur la table, et celles-ci au pied du lit, vous ferez un bon feu, mais de maniÚre à ce que cette nuit la flamme ne flambe pas, et que les charbons échauffent sans éclairer. Vous me donnerez la clef, et vous irez vous coucher. Entre Catherine. CATHERINE Notre mÚre est malade; ne viens-tu pas la voir, Renzo? LORENZO Ma mÚre est malade? CATHERINE Hélas! je ne puis te cacher la vérité. J'ai reçu hier un billet du duc, dans lequel il me disait que tu avais dû me parler d'amour pour lui cette lecture a fait bien du mal à Marie. LORENZO Cependant je ne t'avais pas parlé de cela. N'as-tu pas pu lui dire que je n'étais pour rien là -dedans? CATHERINE Je le lui ai dit. Pourquoi ta chambre est-elle aujourd'hui si belle et en si bon état? Je ne croyais pas que l'esprit d'ordre fût ton majordome. LORENZO Le duc t'a donc écrit? Cela est singulier que je ne l'aie point su. Et, dis-moi, que penses-tu de sa lettre? CATHERINE Ce que je pense? LORENZO Oui, de la déclaration d'Alexandre. Qu'en pense ce petit coeur innocent? CATHERINE Que veux-tu que j'en pense? LORENZO N'as-tu pas été flattée? un amour qui fait l'envie de tant de femmes! un titre si beau à conquérir, la maÃtresse de... Va-t'en, Catherine, va dire à ma mÚre que je te suis. Sors d'ici. Laisse-moi! Catherine sort. Par le ciel! quel homme de cire suis-je donc? Le Vice comme la robe de Déjanire, s'est-il si profondément incorporé à mes fibres, que je ne puisse plus répondre de ma langue, et que l'air qui sort de mes lÚvres se fasse ruffian malgré moi? J'allais corrompre Catherine; je crois que je corromprais ma mÚre, si mon cerveau le prenait à tùche; car Dieu sait quelle corde et quel arc les dieux ont tendus dans ma tÃÂȘte, et quelle force ont les flÚches qui en partent! Si tous les hommes sont des parcelles d'un foyer immense, assurément l'ÃÂȘtre inconnu qui m'a pétri a laissé tomber un tison au lieu d'une étincelle, dans ce corps faible et chancelant. Je puis délibérer et choisir, mais non revenir sur mes pas quand j'ai choisi. O Dieu! les jeunes gens à la mode ne se font-ils pas une gloire d'ÃÂȘtre vicieux, et les enfants qui sortent du collÚge ont-ils quelque chose de plus pressé que de se pervertira? Quel bourbier doit donc ÃÂȘtre l'espÚce humaine, qui se rue ainsi dans les tavernes avec des lÚvres affamées de débauche, quand moi, qui n'ai voulu prendre qu'un masque pareil à leurs visages, et qui ai été aux mauvais lieux avec une résolution inébranlable de rester pur sous mes vÃÂȘtements souillés, je ne puis ni me retrouver moi-mÃÂȘme, ni laver mes mains, mÃÂȘme avec du sang! Pauvre Catherine! tu mourrais cependant comme Louise Strozzi, ou tu te laisserais tomber comme tant d'autres dans l'éternel abÃme, si je n'étais pas là . O Alexandre! je ne suis pas dévot, mais je voudrais, en vérité, que tu fisses ta priÚre avant de venir ce soir dans cette chambre. Catherine n'est-elle pas vertueuse, irréprochable? Combien faudrait-il pourtant de paroles pour faire de cette colombe ignorante la proie de ce gladiateur aux poils roux? Quand je pense que j'ai failli parler! Que de filles maudites par leurs pÚres rÎdent au coin des bornes, ou regardent leur tÃÂȘte rasée dans le miroir cassé d'une cellule, qui ont valu autant que Catherine, et qui ont écouté un ruffian moins habile que moi! Eh bien! j'ai commis bien des crimes, et si ma vie est jamais dans la balance d'un juge quelconque, il y aura d'un cÎté une montagne de sanglots, mais il y aura peut-ÃÂȘtre de l'autre une goutte de lait pur tombée du sein de Catherine, et qui aura nourri d'honnÃÂȘtes enfants. Il sort. SCENE VI Une vallée, un couvent dans le fond. Entrent PHILIPPE STROZZI et deux moines. Des novices portent le cercueil de Louise ils le posent dans un tombeau. PHILIPPE Avant de la mettre dans son dernier lit, laissez-moi l'embrasser. Lorsqu'elle était couchée, c'est ainsi que je me penchais sur elle pour lui donner le baiser du soir. Ses yeux mélancoliques étaient ainsi fermés à demi, mais ils se rouvraient au premier rayon du soleil, comme deux fleurs d'azur; elle se levait doucement, le sourire sur les lÚvres, et elle venait rendre à son vieux pÚre son baiser de la veille. Sa figure céleste rendait délicieux un moment bien triste le réveil d'un homme fatigué de la vie. Un jour de plus, pensais-je en voyant l'aurore, un sillon de plus dans mon champ! Mais alors j'apercevais ma fille, la vie m'apparaissait sous la forme de sa beauté, et la clarté du jour était la bienvenue. On ferme le tombeau. PIERRE STROZZI, derriÚre la scÚne. Par ici, venez par ici. PHILIPPE Tu ne te lÚveras plus de ta couche; tu ne poseras pas tes pieds nus sur ce gazon pour revenir trouver ton pÚre. O ma Louise! il n'y a que Dieu qui ait su qui tu étais, et moi, moi, moi! PIERRE, entrant. Ils sont cent à Sestino, qui arrivent du Piémont. Venez, Philippe, le temps des larmes est passé. PHILIPPE Enfant, sais-tu ce que c'est que le temps des larmes? PIERRE Les bannis se sont rassemblés à Sestino; il est temps de penser à la vengeance. Marchons franchement sur Florence avec notre petite armée. Si nous pouvons arriver à propos pendant la nuit, et surprendre les postes de la citadelle, tout est dit. Par le ciel! j'élÚverai à ma soeur un autre mausolée que celui-là . PHILIPPE Non, pas moi; allez sans moi, mes amis. PIERRE Nous ne pouvons-nous passer de vous; sachez-le, les confédérés comptent sur votre nom. François Ier lui-mÃÂȘme attend de vous un mouvement en faveur de la liberté. Il vous écrit comme au chef des républicains florentins; voilà sa lettre. PHILIPPE ouvre la lettre. Dis à celui qui t'a apporté cette lettre qu'il réponde ceci au roi de France "Le jour oÃÂč Philippe portera les armes contre son pays, il sera devenu fou". PIERRE Quelle est cette nouvelle sentence? PHILIPPE Celle qui me convient. PIERRE Ainsi vous perdez la cause des bannis, pour le plaisir de faire une phrase? Prenez garde, mon pÚre, il ne s'agit pas là d'un passage de Pline; réfléchissez avant de dire non. PHILIPPE Il y a soixante ans que je sais ce que je devais répondre à la lettre du roi de France. PIERRE Cela passe toute idée! vous me forceriez a vous dire de certaines choses... Venez avec nous, mon pÚre, je vous en supplie. Lorsque j'allais chez les Pazzi, ne m'avez-vous pas dit EmmÚne-moi? Cela était-il différent alors? PHILIPPE TrÚs différent. Un pÚre offensé qui sort de sa maison l'épée à la main, avec ses amis, pour aller réclamer justice, est trÚs différent d'un rebelle qui porte les armes contre son pays, en rase campagne et au mépris des lois. PIERRE Il s'agissait bien de réclamer justice! il s'agissait d'assommer Alexandre. Qu'est-ce qu'il y a de changé aujourd'hui? Vous n'aimez pas votre pays, ou sans cela vous profiteriez d'une occasion comme celle-ci. PHILIPPE Une occasion, mon Dieu! Cela, une occasion! Il frappe le tombeau. PIERRE Laissez-vous fléchir. PHILIPPE Je n'ai pas une douleur ambitieuse; laisse-moi seul, j'en ai assez dit. PIERRE Vieillard obstiné! inexorable faiseur de sentences! vous serez cause de notre perte. PHILIPPE Tais-toi, insolent! sors d'ici! PIERRE Je ne puis dire ce qui se passe en moi. Allez oÃÂč il vous plaira, nous agirons sans vous cette fois. Eh! mort de Dieu! il ne sera pas dit que tout soit perdu faute d'un traducteur de latin! PHILIPPE Ton jour est venu, Philippe! tout cela signifie que ton jour est venu. SCENE VII Le bord de l'Arno, un quai. On voit une longue suite de palais. Entre LORENZO LORENZO Voilà le soleil qui se couche; je n'ai pas de temps à perdre, et cependant tout ressemble ici à du temps perdu. Il frappe à une porte. Holà ! seigneur Alamanno! holà ! ALAMANNO, sur sa terrasse. Qui est là ? que me voulez-vous? LORENZO Je viens vous avertir que le duc doit ÃÂȘtre tué cette nuit. Prenez vos mesures pour demain avec vos amis, si vous aimez la liberté. ALAMANNO Par qui doit ÃÂȘtre tué Alexandre? LORENZO Par Lorenzo de Médicis. ALAMANNO C'est toi, Renzinaccio? Eh! entre donc souper avec de bons vivants qui sont dans mon salon. LORENZO Je n'ai pas le temps; préparez-vous à agir demain. ALAMANNO Tu veux tuer le duc, toi? Allons donc! tu as un coup de vin dans la tÃÂȘte. Il rentre chez lui. LORENZO, seul. Peut-ÃÂȘtre que j'ai tort de leur dire que c'est moi qui tuerai Alexandre, car tout le monde refuse de me croire. Il frappe à une autre porte. Holà ! seigneur Pazzi! holà ! PAZZI, sur sa terrasse. Qui m'appelle? LORENZO Je viens vous dire que le duc sera tué cette nuit. Tùchez d'agir demain pour la liberté de Florence. PAZZI Qui doit tuer le duc? LORENZO Peu importe, agissez toujours, vous et vos amis. Je ne puis vous dire le nom de l'homme. PAZZI Tu es fou, drÎle, va-t'en au diable! Il rentre. LORENZO, seul. Il est clair que si je ne dis pas que c'est moi, on me croira encore bien moins. Il frappe à une porte. Holà ! seigneur Corsini! LE PROVEDITEUR, sur sa terrasse. Qu'est-ce donc? LORENZO Le duc Alexandre sera tué cette nuit. LE PROVEDITEUR Vraiment, Lorenzo! Si tu es gris, va plaisanter ailleurs. Tu m'as blessé bien mal à propos un cheval, au bal des Nasi; que le diable te confonde! Il rentre. LORENZO Pauvre Florence! pauvre Florence! Il sort. SCENE VIII Une plaine. Entrent PIERRE STROZZI et DEUX BANNIS. PIERRE Mon pÚre ne veut pas venir. Il m'a été impossible de lui faire entendre raison. PREMIER BANNI Je n'annoncerai pas cela à mes camarades. Il y a de quoi les mettre en déroute. PIERRE Pourquoi? Montez à cheval ce soir, et allez bride abattue à Sestino; j'y serai demain matin. Dites que Philippe a refusé; mais que Pierre ne refuse pas. PREMIER BANNI Les confédérés veulent le nom de Philippe; nous ne ferons rien sans cela. PIERRE Le nom de famille est le mÃÂȘme que le mien. Dites que Strozzi viendra, cela suffit. PREMIER BANNI On me demandera lequel des Strozzi, et si je ne réponds pas "Philippe", rien ne se fera. PIERRE Imbécile! Fais ce qu'on te dit, et ne réponds que pour toi-mÃÂȘme. Comment sais-tu d'avance que rien ne se fera? PREMIER BANNI Seigneur, il ne faut pas maltraiter les gens. PIERRE Allons, monte à cheval, et va à Sestino. PREMIER BANNI Ma foi, monsieur, mon cheval est fatigué, j'ai fait douze lieues dans la nuit. Je n'ai pas envie de le seller à cette heure. PIERRE Tu n'es qu'un sot. A l'autre banni. Allez-y, vous; vous vous y prendrez mieux. LE DEUXIEME BANNI Le camarade n'a pas tort pour ce qui regarde Philippe; il est certain que son nom ferait bien pour la cause. PIERRE Lùches! Manants sans coeur! Ce qui fait bien pour la cause, ce sont vos femmes et vos enfants qui meurent de faim, entendez-vous? Le nom de Philippe leur remplira la bouche, mais il ne leur remplira pas le ventre. Quels pourceaux ÃÂȘtes-vous? LE DEUXIEME BANNI Il est impossible de s'entendre avec un homme aussi grossier. Allons-nous-en, camarade. PIERRE Va au diable, canaille! et dis à tes confédérés que, s'ils ne veulent pas de moi, le roi de France en veut, lui! et qu'ils prennent garde qu'on ne me donne la main haute sur vous tous! LE DEUXIEME BANNI, à l'autre. Viens, camarade, allons souper, je suis, comme toi, excédé de fatigue. Ils sortent. SCENE IX Une place; il est nuit. Entre LORENZO. LORENZO Je lui dirai que c'est un motif de pudeur, et j'emporterai la lumiÚre; - cela se fait tous les jours; - une nouvelle mariée, par exemple, exige cela de son mari pour entrer dans la chambre nuptiale, et Catherine passe pour trÚs vertueuse. - Pauvre fille! qui l'est sous le soleil, si elle ne l'est pas? Que ma mÚre mourût de tout cela, voilà ce qui pourrait arriver. Ainsi donc, voilà qui est fait. Patience! une heure est une heure, et l'horloge vient de sonner. Si vous y tenez cependant? Mais non, pourquoi? Emporte le flambeau si tu veux; la premiÚre fois qu'une femme se donne, cela est tout simple. - Entrez donc, chauffez-vous donc un peu. - Oh! mon Dieu, oui, pur caprice de jeune fille; et quel motif de croire à ce meurtre? Cela pourra les étonner, mÃÂȘme Philippe. Te voilà , toi, face livide? La lune paraÃt. Si les républicains étaient des hommes, quelle révolution demain dans la ville! Mais Pierre est un ambitieux; les Ruccellai seuls valent quelque chose. - Ah! les mots, les mots, les éternelles paroles! S'il y a quelqu'un là - haut, il doit bien rire de nous tous; cela est trÚs comique, trÚs comique, vraiment. - O bavardage humain! Î grand tueur de corps morts! grand défonceur de portes ouvertes! Î hommes sans bras! Non! non! je n'emporterai pas la lumiÚre. - J'irai droit au coeur; il se verra tuer... Sang du Christ! on se mettra demain aux fenÃÂȘtres. Pourvu qu'il n'ait pas imaginé quelque cuirasse nouvelle, quelque cotte de mailles. Maudite invention! Lutter avec Dieu et le diable, ce n'est rien; mais lutter avec des bouts de ferraille croisés les uns sur les autres par la main sale d'un armurier! - Je passerai le second pour entrer; il posera son épée là , - ou là , - oui, sur le canapé. - Quant à l'affaire du baudrier à rouler autour de la garde, cela est aisé. S'il pouvait lui prendre fantaisie de se coucher, voilà oÃÂč serait le vrai moyen. Couché, assis, ou debout? assis plutÎt. Je commencerai par sortir, Scoronconcolo est enfermé dans le cabinet. Alors nous venons, nous venons! Je ne voudrais pourtant pas qu'il tournùt le dos. J'irai à lui tout droit. Allons, la paix, la paix! l'heure va venir. - Il faut que j'aille dans quelque cabaret; je ne m'aperçois pas que je prends du froid; je boirai une bouteille. - Non; je ne veux pas boire. OÃÂč diable vais-je donc? les cabarets sont fermés. Est-elle bonne fille? - Oui, vraiment. - En chemise? Oh, non, non, je ne le pense pas. - Pauvre Catherine! Que ma mÚre mourût de tout cela, ce serait triste. Et quand je lui aurais dit mon projet, qu'aurais-je pu y faire? au lieu de la consoler, cela lui aurait fait dire "Crime! Crime!" jusqu'à son dernier soupir. Je ne sais pourquoi je marche, je tombe de lassitude. Il s'assoit sur un banc. Pauvre Philippe! une fille belle comme le jour! Une seule fois je me suis assis prÚs d'elle sous le marronnier, ces petites mains blanches, comme cela travaillait! Que de journées j'ai passées, moi, assis sous les arbres! Ah! quelle tranquillité! quel horizon à Cafaggiuolo! Jeannette était jolie, la petite fille du concierge, en faisant sécher sa lessive. Comme elle chassait les chÚvres qui venaient marcher sur son linge étendu sur le gazon! la chÚvre blanche revenait toujours, avec ses grandes pattes menues. Une horloge sonne. Ah! ah! il faut que j'aille là -bas. - Bonsoir, mignon; eh! trinque donc avec Giorno. - Bon vin! Cela serait plaisant qu'il lui vÃnt à l'idée de me dire "Ta chambre est-elle retirée? entendra-t-on quelque chose du voisinage?" Cela serait plaisant. Ah! on y a pourvu. Oui, cela serait drÎle qu'il lui vÃnt cette idée. Je me trompe d'heure; ce n'est que la demie. Quelle est donc cette lumiÚre sous le portique de l'église? on taille, on remue des pierres. Il paraÃt que ces hommes sont courageux avec les pierres. Comme ils coupent! comme ils enfoncent! Ils font un crucifix; avec quel courage ils le clouent! Je voudrais voir que leur cadavre de marbre les prÃt tout d'un coup à la gorge. Eh bien, eh bien, quoi donc? j'ai des envies de danser qui sont incroyables. Je crois, si je m'y laissais aller, que je sauterais comme un moineau sur tous ces gros plùtras et sur toutes ces poutres. Eh, mignon, eh, mignon! mettez vos gants neufs, un plus bel habit que cela, tra la la! faites-vous beau, la mariée est belle. Mais, je vous le dis à l'oreille, prenez garde à son petit couteaux. Il sort en courant. SCENE X Chez le duc. LE DUC, à souper; GIOMO. Entre le CARDINAL CIBO. LE CARDINAL Altesse, prenez garde à Lorenzo. LE DUC Vous voilà , cardinal! asseyez-vous donc, et prenez donc un verre. LE CARDINAL Prenez garde à Lorenzo, Duc. Il a été demander ce soir à l'évÃÂȘque de Marzi la permission d'avoir des chevaux de poste cette nuit. LE DUC Cela ne se peut pas. LE CARDINAL Je le tiens de l'évÃÂȘque lui-mÃÂȘme. LE DUC Allons donc! je vous dis que j'ai de bonnes raisons pour savoir que cela ne se peut pas. LE CARDINAL Me faire croire est peut-ÃÂȘtre impossible; je remplis mon devoir en vous avertissant. LE DUC Quand cela serait vrai, que voyez-vous d'effrayant à cela? Il va peut-ÃÂȘtre à Cafaggiuolo. LE CARDINAL Ce qu'il y a d'effrayant, Monseigneur, c'est qu'en passant sur la place pour venir ici, je l'ai vu de mes yeux sauter sur des poutres et des pierres comme un fou. Je l'ai appelé, et, je suis forcé d'en convenir, son regard m'a fait peur. Soyez certain qu'il mûrit dans sa tÃÂȘte quelque projet pour cette nuit. LE DUC Et pourquoi ces projets me seraient-ils dangereux? LE CARDINAL Faut-il tout dire, mÃÂȘme quand on parle d'un favori? Apprenez qu'il a dit ce soir à deux personnes de ma connaissance, publiquement, sur leur terrasse, qu'il vous tuerait cette nuit. LE DUC Buvez donc un verre de vin, Cardinal. Est-ce que vous ne savez pas que Renzo est ordinairement gris au coucher du soleil? Entre sire Maurice. SIRE MAURICE Altesse, défiez-vous de Lorenzo. Il a dit à trois de mes amis, ce soir, qu'il voulait vous tuer cette nuit. LE DUC Et vous aussi, brave Maurice, vous croyez aux fables? Je vous croyais plus homme que cela. SIRE MAURICE Votre Altesse sait si je m'effraye sans raison. Ce que je dis, je puis le prouver. LE DUC Asseyez-vous donc, et trinquez avec le cardinal; vous ne trouverez pas mauvais que j'aille à mes affaires. Entre Lorenzo. Eh bien, mignon, est-il déjà temps? LORENZO Il est minuit tout à l'heure. LE DUC Qu'on me donne mon pourpoint de zibeline. LORENZO DépÃÂȘchons-nous; votre belle est peut-ÃÂȘtre déjà au rendez-vous. LE DUC Quels gants faut-il prendre? ceux de guerre, ou ceux d'amour? LORENZO Ceux d'amour, Altesse. LE DUC Soit, je veux ÃÂȘtre un vert-galant. Ils sortent. SIRE MAURICE Que dites-vous de cela, Cardinal? LE CARDINAL Que la volonté de Dieu se fait malgré les hommes. Ils sortent. SCENE XI La chambre de Lorenzo. Entrent LE DUC et LORENZO. LE DUC Je suis transi, - il fait vraiment froid. Il Îte son épée. Eh bien, mignon, qu'est-ce que tu fais donc? LORENZO Je roule votre baudrier autour de votre épée, et je la mets sous votre chevet. Il est bon d'avoir toujours une arme sous la main. Il entortille le baudrier de maniÚre à empÃÂȘcher l'épée de sortir du fourreau. LE DUC Tu sais que je n'aime pas les bavardages, et il m'est revenu que la Catherine était une belle parleuse. Pour éviter les conversations, je vais me mettre au lit. A propos, pourquoi donc as-tu fait demander des chevaux de poste à l'évÃÂȘque de Marzi? LORENZO Pour aller voir mon frÚre, qui est trÚs malade, à ce qu'il m'écrit. LE DUC Va donc chercher ta tante. LORENZO Dans un instant. Il sort. LE DUC, seul. Faire la cour à une femme qui vous répond "oui" lorsqu'on lui demande "oui ou non", cela m'a toujours paru trÚs sot, et tout à fait digne d'un Français. Aujourd'hui surtout que j'ai soupé comme trois moines, je serais incapable de dire seulement "Mon coeur, ou mes chÚres entrailles," à l'infante d'Espagne. Je veux faire semblant de dormir; ce sera peut-ÃÂȘtre cavalier, mais ce sera commode. Il se couche. - Lorenzo rentre l'épée à la main. LORENZO Dormez-vous, seigneur? Il le frappe. LE DUC C'est toi, Renzo? LORENZO Seigneur, n'en doutez pas. Il le frappe de nouveau. - Entre Scoronconcolo. SCORONCONCOLO Est-ce fait? LORENZO Regarde, il m'a mordu au doigt. Je garderai jusqu'à la mort cette bague sanglante, inestimable diamant. SCORONCONCOLO Ah! mon Dieu! c'est le duc de Florence! LORENZO, s'asseyant sur le bord de la fenÃÂȘtre. Que la nuit est belle! Que l'air du ciel est pur! Respire, respire, coeur navré de joie! SCORONCONCOLO Viens, MaÃtre, nous en avons trop fait; sauvons-nous. LORENZO Que le vent du soir est doux et embaumé! Comme les fleurs des prairies s'entrouvrent! O nature magnifique, Î éternel repos! SCORONCONCOLO Le vent va glacer sur votre visage la sueur qui en découle. Venez, seigneur. LORENZO Ah! Dieu de bonté! quel moment! SCORONCONCOLO, à part. Son ùme se dilate singuliÚrement. Quant à moi, je prendrai les devants. Il veut sortir. LORENZO Attends! Tire ces rideaux. Maintenant, donne-moi la clef de cette chambre. SCORONCONCOLO Pourvu que les voisins n'aient rien entendu! LORENZO Ne te souviens-tu pas qu'ils sont habitués à notre tapage? Viens, partons. Ils sortent. ACTE V SCENE PREMIERE Au palais du duc. Entrent VALORI, SIRE MAURICE et GUICCIARDINI. Une foule de courtisans circulent dans la salle et dans les environs. SIRE MAURICE Giomo n'est pas revenu encore de son message, cela devient de plus en plus inquiétant. GUICCIARDINI Le voilà qui entre dans la salle. Entre Giomo. SIRE MAURICE Eh bien! qu'as-tu appris? GIOMO Rien du tout. Il sort. GUICCIARDINI Il ne veut pas répondre. Le cardinal Cibo est enfermé dans le cabinet du duc; c'est à lui seul que les nouvelles arrivent. Entre un autre messager. Eh bien! le duc est-il retrouvé? sait-on ce qu'il est devenu? LE MESSAGER Je ne sais pas. Il entre dans le cabinet. VALORI Quel événement épouvantable, Messieurs, que cette disparition! point de nouvelles du duc! Ne disiez-vous pas, sire Maurice, que vous l'avez vu hier soir? Il ne paraissait pas malade? Rentre Giomo. GIOMO, à sire Maurice. Je puis vous le dire à l'oreille, le duc est assassiné. SIRE MAURICE Assassiné! par qui? oÃÂč l'avez-vous trouvé? GIOMO OÃÂč vous nous aviez dit - dans la chambre de Lorenzo. SIRE MAURICE Ah! sang du diable! le cardinal le sait-il? GIOMO Oui, Excellence. SIRE MAURICE Que décide-t-il? Qu'y a-t-il à faire? Déjà le peuple se porte en foule vers le palais. Toute cette hideuse affaire a transpiré; nous sommes morts si elle se confirme; on nous massacrera. Des valets portant des tonneaux pleins de vin et de comestibles passent dans le fond. GUICCIARDINI Que signifie cela? Va-t-on faire des distributions au peuple? Entre un seigneur de la cour. LE SEIGNEUR Le duc est-il visible, Messieurs? Voilà un cousin à moi, nouvellement arrivé d'Allemagne, que je désire présenter à Son Altesse; soyez assez bons pour le voir d'un oeil favorable. GUICCIARDINI Répondez-lui, seigneur Valori; je ne sais que lui dire. VALORI La salle se remplit à tout instant de ces complimenteurs du matin. Ils attendent tranquillement qu'on les admette. SIRE MAURICE, à Giomo. On l'a enterré là ? GIOMO Ma foi, oui, dans la sacristie. Que voulez-vous? Si le peuple apprenait cette mort-là , elle pourrait en causer bien d'autres. Lorsqu'il en sera temps, on lui fera des obsÚques publiques. En attendant, nous l'avons emporté dans un tapis. VALORI Qu'allons-nous devenir? PLUSIEURS SEIGNEURS, s'approchent. Nous sera-t-il bientÎt permis de présenter nos devoirs à Son Altesse? Qu'en pensez-vous, messieurs? Entre le cardinal Cibo. LE CARDINAL Oui, messieurs, vous pourrez entrer dans une heure ou deux. Le duc a passé la nuit à une mascarade, et il repose en ce moment. Des valets suspendent des dominos aux croisées. LES COURTISANS Retirons-nous, le duc est encore couché. Il a passé la nuit au bal. Les courtisans se retirent. - Entrent les Huit. NICCOLINI Eh bien, Cardinal, qu'y a-t-il de décidé? LE CARDINAL Primo avulso, non deficit alter Aureus, et simili frondescit virga metallo. Il sort. NICCOLINI Voilà qui est admirable; mais qu'y a-t-il de fait? Le duc est mort; il faut en élire un autre, et cela le plus vite possible. Si nous n'avons pas un duc ce soir ou demain, c'en est fait de nous. Le peuple est en ce moment comme l'eau qui va bouillir. VETTORI Je propose Octavien de Médicis. CAPPONI Pourquoi? il n'est pas le premier par les droits du sang. ACCIAIUOLI Si nous prenions le cardinal? SIRE MAURICE Plaisantez-vous? RUCCELLAI Pourquoi, en effet, ne prendriez-vous pas le cardinal, vous qui le laissez, au mépris de toutes les lois, se déclarer seul juge en cette affaire? VETTORI C'est un homme capable de la bien diriger. RUCCELLAI Qu'il se fasse donner l'ordre du pape. VETTORI C'est ce qu'il a fait; le pape a envoyé l'autorisation par un courrier que le cardinal a fait partir dans la nuit. RUCCELLAI Vous voulez dire par un oiseau, sans doute; car un courrier commence par prendre le temps d'aller, avant d'avoir celui de revenir. Nous traite-t-on comme des enfants? CANIGIANI, s'approchant. Messieurs, si vous m'en croyez voilà ce que nous ferons nous élirons duc de Florence son fils Julien. RUCCELLAI Bravo! un enfant de cinq ans! N'a-t-il pas cinq ans, Canigiani? GUICCIARDINI, bas. Ne voyez-vous pas le personnage? C'est le cardinal qui lui met dans la tÃÂȘte cette sotte proposition. Cibo serait régent, et l'enfant mangerait des gùteaux. RUCCELLAI Cela est honteux; je sors de cette salle, si on y tient de pareils discours. Entre Corsi. CORSI Messieurs, le cardinal vient d'écrire à CÎme de Médicis. LES HUIT Sans nous consulter? CORSI Le cardinal a écrit pareillement à Pise, à Arezzo, et à Pistoie, aux commandants militaires. Jacques de Médicis sera demain ici avec le plus de monde possible; Alexandre Vitelli est déjà dans la forteresse avec la garnison entiÚre. Quant à Lorenzo, il est parti trois courriers pour le joindre. RUCCELLAI Qu'il se fasse duc tout de suite, votre cardinal, cela sera plus tÎt fait. CORSI Il m'est ordonné de vous prier de mettre aux voix l'élection de CÎme de Médicis, sous le titre provisoire de gouverneur de la république florentine. GIOMO, à des valets qui traversent la salle. Répandez du sable autour de la porte, et n'épargnez pas le vin plus que le reste. RUCCELLAI Pauvre peuple! quel badaud on fait de toi! SIRE MAURICE Allons, Messieurs, aux voix. Voici vos billets. VETTORI CÎme est en effet le premier en droit aprÚs Alexandre; c'est son plus proche parent. ACCIAIUOLI Quel homme est-ce? je le connais fort peu. CORSI C'est le meilleur prince du monde. GUICCIARDINI Hé, hé, pas tout à fait cela. Si vous disiez le plus diffus et le plus poli des princes, ce serait plus vrai. SIRE MAURICE Vos voix, Seigneurs. RUCCELLAI Je m'oppose à ce vote formellement, et au nom de tous les citoyens. VETTORI Pourquoi? RUCCELLAI Il ne faut plus à la république ni princes, ni ducs, ni seigneurs; voici mon vote. Il montre son billet blanc. VETTORI Votre voix n'est qu'une voix. Nous nous passerons de vous. RUCCELLAI Adieu donc; je m'en lave les mains GUICCIARDINI, courant aprÚs lui. Eh! mon Dieu; Palla, vous ÃÂȘtes trop violent. RUCCELLAI Laissez-moi! J'ai soixante-deux ans passés; ainsi vous ne pouvez pas me faire grand mal désormais. Il sort. NICCOLINI Vos voix, messieurs! Il déplie les billets jetés dans un bonnet. Il y a unanimité. Le courrier est-il parti pour Trebbio? CORSI Oui, Excellence. CÎme sera ici dans la matinée de demain à moins qu'il ne refuse. VETTORI Pourquoi refuserait-il? NICCOLINI Ah! mon Dieu! s'il allait refuser, que deviendrions-nous? Quinze lieues à faire d'ici à Trebbio pour trouver CÎme, et autant pour revenir, ce serait une journée de perdue. Nous aurions dû choisir quelqu'un qui fût plus prÚs de nous. VETTORI Que voulez-vous! notre vote est fait, et il est probable qu'il acceptera. Tout cela est étourdissant. Ils sortent. SCENE II A Venise. PHILIPPE STROZZI, dans son cabinet. PHILIPPE J'en étais sûr. - Pierre est en correspondance avec le roi de France; le voilà à la tÃÂȘte d'une espÚce d'armée, et prÃÂȘt à mettre le bourg à feu et à sang. C'est donc là ce qu'aura fait ce pauvre nom de Strozzi, qu'on a respecté si longtemps! il aura produit un rebelle et deux ou trois massacres. O ma Louise! tu dors en paix sous le gazon; l'oubli du monde entier est autour de toi comme en toi, au fond de la triste vallée oÃÂč je t'ai laissée. On frappe à la porte. Entrez. Entre Lorenzo. LORENZO Philippe, je t'apporte le plus beau joyau de ta couronne. PHILIPPE Qu'est-ce que tu jettes là ? une clef? LORENZO Cette clef ouvre ma chambre, et dans ma chambre est Alexandre de Médicis, mort de la main que voilà . PHILIPPE Vraiment! vraiment! cela est incroyable LORENZO Crois-le si tu veux. Tu le sauras par d'autres que par moi. PHILIPPE, prenant la clef. Alexandre est mort! cela est-il possible? LORENZO Que dirais-tu, si les républicains t'offraient d'ÃÂȘtre duc à sa place? PHILIPPE Je refuserais, mon ami. LORENZO Vraiment! vraiment! cela est incroyable. PHILIPPE Pourquoi? cela est tout simple pour moi. LORENZO Comme pour moi de tuer Alexandre. Pourquoi ne veux-tu pas me croire? PHILIPPE O notre nouveau Brutus! je te crois et je t'embrasse. La liberté est donc sauvée! Oui, je te crois, tu es tel que tu me l'as dit. Donne-moi ta main. Le duc est mort! Ah! il n'y a pas de haine dans ma joie; il n'y a que l'amour le plus pur, le plus sacré pour la patrie, j'en prends Dieu à témoin. LORENZO Allons, calme-toi; il n'y a rien de sauvé que moi, qui ai les reins brisés par les chevaux de l'évÃÂȘque de Marzi. PHILIPPE N'as-tu pas averti nos amis? N'ont-ils pas l'épée à la main à l'heure qu'il est? LORENZO Je les ai avertis; j'ai frappé à toutes les portes républicaines, avec la constance d'un frÚre quÃÂȘteur; je leur ai dit de frotter leurs épées, qu'Alexandre serait mort quand ils s'éveilleraient. Je pense qu'à l'heure qu'il est ils se sont éveillés plus d'une fois, et rendormis à l'avenant. Mais, en vérité, je ne pense pas autre chose. PHILIPPE As-tu averti les Pazzi? L'as-tu dit à Corsini? LORENZO A tout le monde; je l'aurais dit, je crois, à la lune, tant j'étais sûr de n'ÃÂȘtre pas écouté. PHILIPPE Comment l'entends-tu? LORENZO J'entends qu'ils ont haussé les épaules, et qu'ils sont retournés à leurs dÃners, à leurs cornets et à leurs femmes. PHILIPPE Tu ne leur as donc pas expliqué l'affaire? LORENZO Que diantre voulez-vous que j'explique? Croyez-vous que j'eusse une heure à perdre avec chacun d'eux? Je leur ai dit "préparez-vous" et j'ai fait mon coup. PHILIPPE Et tu crois que les Pazzi ne font rien? qu'en sais-tu? Tu n'as pas de nouvelles depuis ton départ, et il y a plusieurs jours que tu es en route. LORENZO Je crois que les Pazzi font quelque chose; je crois qu'ils font des armes dans leur antichambre, en buvant du vin du Midi de temps à autre, quand ils ont le gosier sec. PHILIPPE Tu soutiens ta gageure; ne m'as-tu pas voulu parier ce que tu me dis là ? Sois tranquille, j'ai meilleure espérance. LORENZO Je suis tranquille, plus que je ne puis dire. PHILIPPE Pourquoi n'es-tu pas sorti, la tÃÂȘte du duc à la main? Le peuple t'aurait suivi comme son sauveur et son chef. LORENZO J'ai laissé le cerf aux chiens; qu'ils fassent eux-mÃÂȘmes la curée. PHILIPPE Tu aurais déifié les hommes, si tu ne les méprisais. LORENZO Je ne les méprise point, je les connais. Je suis trÚs persuadé qu'il y en a trÚs peu de trÚs méchants, beaucoup de lùches et un grand nombre d'indifférents. Il y en a aussi de féroce comme les habitants de Pistoie, qui ont trouvé dans cette affaire une petite occasion d'égorger tous leurs chanceliers en plein midi au milieu des rues. J'ai appris cela il n'y a pas une heure. PHILIPPE Je suis plein de joie et d'espoir; le coeur me bat malgré moi. LORENZO Tant mieux pour vous. PHILIPPE Puisque tu n'en sais rien, pourquoi en parles-tu ainsi? Assurément tous les hommes ne sont pas capables de grandes choses mais tous sont sensibles aux grandes choses; nies-tu l'histoire du monde entier? Il faut sans doute une étincelle pour allumer une forÃÂȘt, mais l'étincelle peut sortir d'un caillou, et la forÃÂȘt prend feu. C'est ainsi que l'éclair d'une seule épée peut illuminer tout un siÚcle. LORENZO Je ne nie pas l'histoire, mais je n'y étais pas. PHILIPPE Laisse-moi t'appeler Brutus! Si je suis un rÃÂȘveur, laisse-moi ce rÃÂȘve-là . O mes amis, mes compatriotes! vous pouvez faire un beau lit de mort au vieux Strozzi, si vous voulez. LORENZO Pourquoi ouvrez-vous la fenÃÂȘtre? PHILIPPE Ne vois-tu pas sur cette route un courrier qui arrive à franc étrier? Mon Brutus! Mon grand Lorenzo! la liberté est dans le ciel! je la sens, je la respire. LORENZO Philippe! Philippe! point de cela; fermez votre fenÃÂȘtre; toutes ces paroles me font mal. PHILIPPE Il me semble qu'il y a un attroupement dans la rue; un crieur lit une proclamation. Holà , Jean! allez acheter le papier de ce crieur. LORENZO O Dieu! Î Dieu! PHILIPPE Tu deviens pùle comme un mort. Qu'as-tu donc! LORENZO N'as-tu rien entendu? Un domestique entre, apportant la proclamation. PHILIPPE Non; lis donc un peu ce papier, qu'on criait dans la rue. LORENZO, lisant. "A tout homme, noble ou roturier, qui tuera Lorenzo de Médicis, traÃtre à la patrie et assassin de son maÃtre, en quelque lieu et de quelque maniÚre que ce soit, sur toute la surface de l'Italie, il est promis par le conseil des Huit à Florence 1° quatre mille florins d'or sans aucune retenue; 2° une rente de cent florins par an, pour lui durant sa vie, et héritiers en ligne directe aprÚs sa mort; 3° la permission d'exercer toutes les magistratures, de posséder tous les bénéfices et privilÚges de l'Etat, malgré sa naissance s'il est roturier; 4° grùce pour toutes ses fautes, passées et futures, ordinaires et extraordinaires." Signé de la main des Huit. Eh bien, Philippe, vous ne vouliez pas croire tout à l'heure que j'avais tué Alexandre? Vous voyez bien que je l'ai tué. PHILIPPE Silence! quelqu'un monte l'escalier. Cache-toi dans cette chambre. Ils sortent. SCENE III Florence. Une rue. Entrent DEUX GENTILSHOMMES. PREMIER GENTILHOMME N'est-ce pas le marquis Cibo qui passe là ? Il me semble qu'il donne le bras à sa femme? Le marquis et la marquise passent. DEUXIEME GENTILHOMME Il paraÃt que ce bon marquis n'est pas d'une nature vindicative. Qui ne sait pas à Florence que sa femme a été la maÃtresse du feu duc? PREMIER GENTILHOMME Ils paraissent bien raccommodés. J'ai cru les voir se serrer la main. DEUXIEME GENTILHOMME La perle des maris, en vérité! Avaler ainsi une couleuvre aussi longue que l'Arno, cela s'appelle avoir l'estomac bon. PREMIER GENTILHOMME Je sais que cela fait parler, - cependant je ne te conseillerais pas d'aller lui en parler à lui-mÃÂȘme; il est de la premiÚre force à toutes les armes, et les faiseurs de calembours craignent l'odeur de son jardin. DEUXIEME GENTILHOMME Si c'est un original il n'y a rien à dire. Ils sortent. SCENE IV Une auberge. Entrent PIERRE STROZZI et UN MESSAGER. PIERRE Ce sont ses propres paroles? LE MESSAGER Oui, Excellence, les paroles du roi lui-mÃÂȘme. PIERRE C'est bon. Le messager sort. Le roi de France protégeant la liberté de l'Italie, c'est justement comme un voleur protégeant contre un autre voleur une jolie femme en voyage. Il la défend jusqu'à ce qu'il la viole. Quoi qu'il en soit, une route s'ouvre devant moi, sur laquelle il y a plus de bons grains que de poussiÚre. Maudit soit ce Lorenzaccio, qui s'avise de devenir quelque choses! Ma vengeance m'a glissé entre les doigts comme un oiseau effarouché; je ne puis plus rien imaginer ici qui soit digne de moi. Allons faire une attaque vigoureuse au bourg, et puis laissons là ces femmelettes qui ne pensent qu'au nom de mon pÚre, et qui me toisent toute la journée pour chercher par oÃÂč je lui ressemble. Je suis né pour autre chose que pour faire un chef de bandits. Il sort. SCENE V Une place. - Florence. L'ORFEVRE et LE MARCHAND DE SOIE, assis. LE MARCHAND Observez bien ce que je dis, faites attention à mes paroles. Le feu duc Alexandre a été tué l'an 1536, qui est bien l'année oÃÂč nous sommes. Suivez-moi toujours. Il a donc été tué l'an 1536, voilà qui est fait. Il avait vingt-six ans; remarquez-vous cela? Mais ce n'est encore rien; il avait donc vingt-six ans, bon. Il est mort le 6 du mois; ah! ah! saviez-vous ceci? n'est-ce pas justement le 6 qu'il est mort? Ecoutez maintenant. Il est mort à six heures de la nuit. Qu'en pensez-vous, pÚre Mondella? voilà de l'extraordinaire, ou je ne m'y connais pas. Il est donc mort à six heures de la nuit. Paix! ne dites rien encore. Il avait six blessures. Eh bien! cela vous frappe-t-il à présent? Il avait six blessures, à six heures de la nuit, le 6 du mois, à l'ùge de vingt-six ans, l'an 1536. Maintenant, un seul mot il avait régné six ans. L'ORFEVRE Quel galimatias me faites-vous là , voisin? LE MARCHAND Comment! comment! vous ÃÂȘtes donc absolument incapable de calculer? vous ne voyez pas ce qui résulte de ces combinaisons surnaturelles que j'ai l'honneur de vous expliquer? L'ORFEVRE Non, en vérité, je ne vois pas ce qui en résulte. LE MARCHAND Vous ne le voyez pas? Est-ce possible, voisin, que vous ne le voyiez pas? L'ORFEVRE Je ne vois pas qu'il en résulte la moindre des choses. A quoi cela peut-il nous ÃÂȘtre utile? LE MARCHAND Il en résulte que six Six ont concouru à la mort d'Alexandre. Chut! ne répétez pas ceci comme venant de moi. Vous savez que je passe pour un homme sage et circonspect; ne me faites point de tort, au nom de tous les saints! La chose est plus grave qu'on ne pense, je vous le dis comme à un ami. L'ORFEVRE Allez-vous promener! je suis un homme vieux, mais pas encore une vieille femme. Le CÎme arrive aujourd'hui, voilà ce qui résulte le plus clairement de notre affaire, il nous est poussé un beau décideur de paroles dans votre nuit de six Six. Ah! mort de ma vie! cela ne fait-il pas honte? Mes ouvriers, voisin, les derniers de mes ouvriers, frappaient avec leurs instruments sur les tables, en voyant passer les Huit, et ils leur criaient "Si vous ne savez ni ne pouvez agir, appelez-nous, qui agirons". LE MARCHAND Il n'y a pas que les vÎtres qui aient crié; c'est un vacarme de paroles dans la ville, comme je n'en ai jamais entendu, mÃÂȘme par ouï-dire. L'ORFEVRE On demande les boules Note 6; les uns courent aprÚs les soldats, les autres aprÚs le vin qu'on distribue, et ils s'en remplissent la bouche et la cervelle, afin de perdre le peu de sens commun et de bonnes paroles qui pourraient leur rester. LE MARCHAND Il y en a qui voulaient rétablir le Conseil, et élire librement un gonfalonier, comme jadis. L'ORFEVRE Il y en a qui voulaient, comme vous dites, mais il n'y en a pas qui aient agi. Tout vieux que je suis, j'ai été au Marché Neuf, moi, et j'ai reçu dans la jambe un bon coup de hallebarde. Pas une ùme n'est venue à mon secours. Les étudiants seuls se sont montrés. LE MARCHAND Je le crois bien. Savez-vous ce qu'on dit, voisin? On dit que le provéditeur, Roberto Corsini, est allé hier soir à l'assemblée des républicains, au palais Salviati. L'ORFEVRE Rien n'est plus vrai. Il a offert de livrer la forteresse aux amis de la liberté, avec les provisions, les clefs, et tout le reste. LE MARCHAND Et il l'a fait, voisin? est-ce qu'il l'a fait? c'est une trahison de haute justice. L'ORFEVRE Ah bien oui! on a braillé, bu du vin sucré, et cassé des carreaux; mais la proposition de ce brave homme' n'a seulement pas été écoutée. Comme on n'osait pas faire ce qu'il voulait, on a dit qu'on doutait de lui, et qu'on le soupçonnait de fausseté dans ses offres. Mille millions de diables! que j'enrage! Tenez, voilà les courriers de Trebbio qui arrivent; CÎme n'est pas loin d'ici. Bonsoir, voisin, le sang me démange! il faut que j'aille au palais. Il sort. LE MARCHAND Attendez donc, voisin; je vais avec vous. Il sort. Entre un précepteur avec le petit Salviati, et un autre avec le petit Strozzi. LE PREMIER PRECEPTEUR Sapientissime doctor, comment se porte votre Seigneurie? Le trésor de votre précieuse santé est-il dans une assiette réguliÚre, et votre équilibre se maintient-il convenable, par ces tempÃÂȘtes oÃÂč nous voilà ? LE DEUXIEME PRECEPTEUR C'est chose grave, Seigneur Docteur, qu'une rencontre aussi érudite et aussi fleurie que la vÎtre, sur cette terre soucieuse et lézardée. Souffrez que je presse cette main gigantesque, d'oÃÂč sont sortis les chefs-d'oeuvre de notre langue. Avouez-le, vous avez fait depuis peu un sonnet. LE PETIT SALVIATI Canaille de Strozzi que tu es! LE PETIT STROZZI Ton pÚre a été rossé, Salviati. LE PREMIER PRECEPTEUR Ce pauvre ébat de notre muse serait-il allé jusqu'à vous, qui ÃÂȘtes homme d'art si consciencieux, si large et si austÚre? Des yeux comme les vÎtres, qui remuent des horizons si dentelés, si phosphorescents, auraient-ils consenti à s'occuper des fumées peut-ÃÂȘtre bizarres et osées d'une imagination chatoyante? LE DEUXIEME PRECEPTEUR Oh! si vous aimez l'art, et si vous nous aimez, dites-nous, de grùce, votre sonnet. La ville ne s'occupe que de votre sonnet. LE PREMIER PRECEPTEUR Vous serez peut-ÃÂȘtre étonné que moi, qui ai commencé par chanter la monarchie en quelque sorte, je semble cette fois chanter la république. LE PETIT SALVIATI Ne me donne pas de coups de pied, Strozzi. LE PETIT STROZZI Tiens, chien de Salviati, en voilà encore deux. LE PREMIER PRECEPTEUR Voici les vers Chantons la Liberté, qui refleurit plus ùpre... LE PETIT SALVIATI Faites donc finir ce gamin-là , monsieur, c'est un coupe-jarret. Tous les Strozzi sont des coupe-jarrets. LE DEUXIEME PRECEPTEUR Allons, petit, tiens-toi tranquille. LE PETIT STROZZI Tu y reviens en sournois? Tiens, canaille, porte cela à ton pÚre, et dis-lui qu'il le mette avec l'estafilade qu'il a reçue de Pierre Strozzi, empoisonneur que tu es! Vous ÃÂȘtes des empoisonneurs. LE PREMIER PRECEPTEUR Veux-tu te taire, polisson! Il le frappe. LE PETIT STROZZI Aye, aye! Il m'a frappé. LE PREMIER PRECEPTEUR Chantons la Liberté, qui refleurit plus ùpre Sous des soleils plus mûrs et des cieux plus vermeils. LE PETIT STROZZI Aye! aye! il m'a écorché l'oreille. LE DEUXIEME PRECEPTEUR Vous avez frappé trop fort, mon ami. Le petit Strozzi rosse le petit Salviati. PREMIER PRECEPTEUR Eh bien! qu'est-ce à dire? DEUXIEME PRECEPTEUR Continuez, je vous en supplie. LE PREMIER PRECEPTEUR Avec plaisir, mais ces enfants ne cessent pas de se battre. Les enfants sortent en se battant. Ils les suivent. SCENE VI Florence. Une rue. Entrent des ETUDIANTS et des SOLDATS. UN ETUDIANT Puisque les grands seigneurs n'ont que des langues, ayons des bras. Holà , les boules! les boules! Citoyens de Florence, ne laissons pas élire un duc sans voter. UN SOLDAT Vous n'aurez pas les boules; retirez-vous. L'ETUDIANT Citoyens, venez ici; on méconnaÃt vos droits, on insulte le peuple. Un grand tumulte. LES SOLDATS Gare! Retirez-vous. UN AUTRE ETUDIANT Nous voulons mourir pour nos droits. UN SOLDAT Meurs donc. Il le frappe. L'ETUDIANT Venge-moi, Roberto, et console ma mÚre. Il meurt. Les étudiants attaquent les soldats; ils sortent en se battant. SCENE VII Venise. - Le cabinet de Strozzi. PHILIPPE; LORENZO, tenant une lettre. LORENZO Voilà une lettre qui m'apprend que ma mÚre est morte. Venez donc faire un tour de promenade, Philippe. PHILIPPE Je vous en supplie, mon ami, ne tentez pas la destinée. Vous allez et venez continuellement, comme si cette proclamation de mort n'existait pas. LORENZO Au moment oÃÂč j'allais tuer Clément VII, ma tÃÂȘte a été mise à prix à Rome. Il est naturel qu'elle le soit dans toute l'Italie, aujourd'hui que j'ai tué Alexandre. Si je sortais de l'Italie, je serais bientÎt sonné à son de trompe dans toute l'Europe, et à ma mort, le bon Dieu ne manquera pas de faire placarder ma condamnation éternelle dans tous les carrefours de l'immensité. PHILIPPE Votre gaieté est triste comme la nuit; vous n'ÃÂȘtes pas changé, Lorenzo. LORENZO Non, en vérité, je porte les mÃÂȘmes habits, je marche toujours sur mes jambes, et je bùille avec ma bouche; il n'y a de changé en moi qu'une misÚre c'est que je suis plus creux et plus vide qu'une statue de fer-blanc. PHILIPPE Partons ensemble; redevenez un homme. Vous avez beaucoup fait, mais vous ÃÂȘtes jeune. LORENZO Je suis plus vieux que le bisaïeul de Saturne; je vous en prie, venez faire un tour de promenade. PHILIPPE Votre esprit se torture dans l'inaction; c'est là votre malheur. Vous avez des travers, mon ami. LORENZO J'en conviens; que les républicains n'aient rien fait à Florence, c'est là un grand travers de ma part. Qu'une centaine de jeunes étudiants, braves et déterminés, se soient fait massacrer en vain; que CÎme, un planteur de choux, ait été élu à l'unanimité, oh! je l'avoue, je l'avoue, ce sont là des travers impardonnables, et qui me font le plus grand tort. PHILIPPE Ne raisonnons point sur un événement qui n'est pas achevé. L'important est de sortir d'Italie; vous n'avez point encore fini sur la terre. LORENZO J'étais une machine à meurtre, mais à un meurtre seulement. PHILIPPE N'avez-vous pas été heureux autrement que par ce meurtre? Quand vous ne devriez faire désormais qu'un honnÃÂȘte homme, pourquoi voudriez-vous mourir? LORENZO Je ne puis que vous répéter mes propres paroles Philippe, j'ai été honnÃÂȘte. Peut-ÃÂȘtre le redeviendrais-je, sans l'ennui qui me prend. J'aime encore le vin et les femmes c'est assez, il est vrai, pour faire de moi un débauché, mais ce n'est pas assez pour me donner envie de l'ÃÂȘtre. Sortons, je vous en prie. PHILIPPE Tu te feras tuer dans toutes ces promenades. LORENZO Cela m'amuse de les voir. La récompense est si grosse qu'elle les rend presque courageux. Hier, un grand gaillard à jambes nues m'a suivi un gros quart d'heure au bord de l'eau sans pouvoir se déterminer à m'assommer. Le pauvre homme portait une espÚce de couteau long comme une broche, il le regardait d'un air si penaud qu'il me faisait pitié; c'était peut-ÃÂȘtre un pÚre de famille qui mourait de faim. PHILIPPE O Lorenzo! Lorenzo! ton coeur est trÚs malade. C'était sans doute un honnÃÂȘte homme; pourquoi attribuer à la lùcheté du peuple le respect pour les malheureux? LORENZO Attribuez cela à ce que vous voudrez. Je vais faire un tour au Rialto. Il sort. PHILIPPE, seul. Il faut que je le fasse suivre par quelqu'un de mes gens. Holà ! Jean! Pippo! holà ! Entre un domestique. Prenez une épée, vous et un autre de vos camarades, et tenez-vous à une distance convenable du seigneur Lorenzo, de maniÚre à pouvoir le secourir si on l'attaque. JEAN Oui, monseigneur. Entre Pippo. PIPPO Monseigneur, Lorenzo est mort. Un homme était caché derriÚre la porte, qui l'a frappé par derriÚre, comme il sortait. PHILIPPE Courons vite! Il n'est peut-ÃÂȘtre que blessé. PIPPO Ne voyez-vous pas tout ce monde? Le peuple s'est jeté sur lui. Dieu de miséricorde! On le pousse dans la lagune. PHILIPPE Quelle horreur! quelle horreur! Eh quoi! pas mÃÂȘme un tombeau? Il sort. SCENE VIII Florence. - La grande place. Des tribunes publiques sont remplies de monde. Des gens du peuple accourent de tous cÎtés. LE PEUPLE Vive Médicis! Il est duc, duc! il est duc. LES SOLDATS Gare, canaille! LE CARDINAL CIBO, sur une estrade, à CÎme de Médicis. Seigneur, vous ÃÂȘtes duc de Florence. Avant de recevoir de mes mains la couronne que le Pape et César m'ont chargé de vous confier, il m'est ordonné de vous faire jurer quatre choses. COME Lesquelles, Cardinal? LE CARDINAL Faire la justice sans restriction; ne jamais rien tenter contre l'autorité de Charles-Quint, venger la mort d'Alexandre, et bien traiter le seigneur Jules et la signora Julia, ses enfants naturels. COME Comment faut-il que je prononce ce serment? LE CARDINAL Sur l'Evangile. Il lui présente l'Evangile. COME Je le jure à Dieu et à vous, Cardinal. Maintenant donnez-moi la main. Ils s'avancent vers le peuple. On entend CÎme parler dans l'éloignement. "TrÚs nobles et trÚs puissants Seigneurs, Le remercÃment que je veux faire à vos trÚs illustres et trÚs gracieuses Seigneuries, pour le bienfait si haut que je leur dois, n'est pas autre que l'engagement qui m'est bien doux, à moi si jeune comme je suis, d'avoir toujours devant les yeux, en mÃÂȘme temps que la crainte de Dieu, l'honnÃÂȘteté et la justice, et le dessein de n'offenser personne, ni dans les biens ni dans l'honneur, et, quant au gouvernement des affaires, de ne jamais m'écarter du conseil du jugement des trÚs prudentes et trÚs judicieuses Seigneuries auxquelles je m'offre en tout, et recommande bien dévotement." Notes de l'auteur Note 6. On comprend qu'il s'agit ici d'élections.
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